Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 18 décembre 2015

86 postes supplémentaire pour le SRC


La Suisse renforce sa lutte contre le terrorisme. Le Conseil fédéral a décidé vendredi de créer 86 postes supplémentaires pour le Service de renseignement de la Confédération, fedpol, le Secrétariat d'Etat aux migrations, le DFAE et les gardes-frontière.

Le gouvernement réagit ainsi aux développements des derniers mois. Depuis les attentats de Paris le 13 novembre, la situation s'est aggravée, a indiqué devant la presse le chef du Département de la défense Ueli Maurer. «Et la menace va rester élevée en Europe ces prochains mois».

Population inquiète

Plusieurs rapports des organes de sécurité ont poussé à renforcer les effectifs. La Confédération doit faire face à une augmentation des tâches, que ce soit en matière de communications de renseignements, de recherche, d'analyse, de coordination internationale, de planification de la prévention des crises et de contrôles.

L'autre défi à relever concerne les investigations. Il y a actuellement en Suisse 70 enquêtes contre des personnes suspectées de soutenir des organisations terroristes, dont 33 cas ayant conduit à l'ouverture d'une procédure pénale par le Ministère public de la Confédération (MPC).

Le gouvernement invoque la sécurité du pays: «La population est inquiète», selon Ueli Maurer. Sans ces 86 postes supplémentaires, les enquêtes ne pourraient pas être menées à bien et il ne serait pas possible de réagir de manière adéquate selon la situation. De plus, les effectifs actuels sont à la limite de leurs capacités.

Ciblé sur la sécurité

Les organes de sécurité reçoivent logiquement la plus grosse part des nouveaux postes: 23 pour le Service de renseignement de la Confédération (SRC), 24 à l'Office fédéral de la police (fedpol), 28 au Corps des gardes-frontière, 3 au Département fédéral des affaires étrangères, et 8 au Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM).

Pour les gardes-frontières, il s'agit de postes de durée indéterminée dont la création avait déjà été décidée. La première volée sera formée en juillet prochain et pourra être engagée sur le terrain à partir de juillet 2017. Pour les autres services, les postes sont limités à trois ans. les mises au concours seront publiées dès janvier. A fedpol, une partie pourra être pourvue par le recrutement interne, a indiqué Nicoletta della Valle.

Compte tenu de l'urgence de la situation, le financement sera assuré par un crédit urgent. Une demande portant sur 6,3 millions de francs a été soumise à la Délégation des finances. Le crédit ne couvrira cependant pas l'ensemble des frais de salaires, le Conseil fédéral partant de l'idée que les postes ne seront pas encore tous occupés en 2016.

La hauteur du crédit n'est cependant pas un problème, selon le chef du DDPS. C'est plutôt la dotation en personnel qui risque d'être discutée, le Parlement ayant exigé un plafonnement. «Mais cela ne devrait pas empêcher le Conseil fédéral de fixer des priorités», ajoute-t-il.

Intérêts menacés

L'évaluation du SRC montre que la menace s'est encore accrue début novembre. Selon plusieurs indices, l'EI a envoyé en Europe des personnes chargées de planifier ou d'exécuter des attaques. Les attentats de Paris ont confirmé ces soupçons. Pour l'heure, l'enquête n'a pas permis de faire un lien entre les auteurs ou leur entourage et la Suisse, indique le Conseil fédéral.

Une vidéo de propagande de l'EI diffusée en novembre 2015 inclut la Suisse dans une coalition liguée contre lui. Mais la Confédération ne semble pas faire partie des objectifs prioritaires du groupe. En revanche, les intérêts en Suisse d'Etats membres de la coalition militaire anti-EI menée par les Etats-Unis, comme notamment la France, sont de plus en plus menacés. De même que les intérêts russes et arabes ainsi que la communauté juive.

Le gouvernement craint des attaques d'islamistes radicaux en Suisse. Une enquête est actuellement en cours dans la région de Genève, une place sous surveillance depuis plusieurs années. Deux Syriens, soupçonnés «de fabriquer, dissimuler et transporter des explosifs ou des gaz toxiques», ont été arrêtés vendredi dernier à Genève.

ATS