Des assaillants ont pris 170 personnes en otages vendredi matin dans un grand hôtel de Bamako. L'assaut a été donné par les forces de l'ordre à la mi-journée permettant de libérer une dizaine de personnes. Au moins trois otages ont été tués, a indiqué le ministère malien de la Sécurité. Environ 80 otages ont été libérés, selon la télévision publique malienne ORTM.
Une dizaine d'hommes armés sont entrés en début de matinée dans le bâtiment en tirant des coups de feu et en criant «Allahu Akbar» (Dieu est grand). Ils ont agi à l'intérieur de l'hôtel Radisson Blu, un établissement prisé par la clientèle internationale situé dans un quartier proche du centre de la capitale malienne.
Plusieurs ressortissants étrangers, dont des Français et des Chinois, y résidaient. Leur nombre et nationalités n'étaient pas connus dans l'immédiat (voir encadré). Durant la matinée, des otages ont été libérés, notamment ceux capables de réciter des versets du Coran.
Une semaine après Paris
Le nombre des assaillants est encore incertain. «Selon nos informations, deux personnes retiennent 140 clients et 30 employés», indique un communiqué du groupe Rezidor, qui gère ce grand hôtel. Selon le propriétaire de l'établissement, cité par l'hebdomadaire Jeune Afrique, l'attaque a été menée par «trois individus lourdement armés».
L'assaut dans ce pays du Sahel survient une semaine après les attaques meurtrières revendiquées par le groupe Etat Islamique (EI) à Paris et dans sa banlieue. Elles ont fait 129 morts et plus de 350 blessés.
«Au 7e étage»
Des tirs d'armes automatiques pouvaient être entendus de l'extérieur de l'hôtel qui compte 190 chambres. «Ça se passe au septième étage, des djihadistes sont en train de tirer dans le couloir», a déclaré à l'AFP une source de sécurité.
Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie sont arrivées sur les lieux. Des membres de la force de l'ONU au Mali (Minusma) étaient visibles, ainsi que des forces françaises Barkhane.
Le personnel civil de la Minusma a reçu un ordre de confinement. L'ambassade américaine à Bamako a appelé dans un tweet «ses ressortissants à rester à l'abri et à respecter les instructions des autorités locales».
Groupes djihadistes
En août, une attaque contre un hôtel à Sévaré, près de Mopti (centre), avait fait treize morts, dont quatre parmi le personnel d'une société sous-traitante de la Minusma. Le 7 mars, un attentat contre un bar-restaurant à Bamako avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupements radicaux qui l'ont ensuite évincée.
Les djihadistes ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés après une intervention militaire internationale, à l'initiative de la France. Cette opération lancée en janvier 2013 se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques djihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis à partir de juin au sud du pays.
Dans un enregistrement datant d'octobre et récemment authentifié, le chef du groupe djihadiste Ansar Dine, allié d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, avait appelé à poursuivre la lutte contre la France.
Au moins sept Chinois et six employés de Turkish Airlines parmi les otages
Au moins sept touristes chinois se trouvent parmi les personnes retenues en otages vendredi à l'hôtel Radisson de Bamako, a rapporté l'agence étatique Chine nouvelle. En outre, six membres de la compagnie aérienne turque Turkish Airlines (THY) se trouvent dans l'hôtel, a indiqué une source gouvernementale turque à l'AFP.
AFP