Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 9 octobre 2015

Opération fulgurante des avions russes en Syrie, le bilan de la première semaine


Dure semaine pour les terroristes en Syrie  : en quelque sept jours, la Russie a effectué plus d’une centaine de frappes aériennes contre leurs positions.

La Russie a lancé sa campagne aérienne en Syrie le 30 septembre et a réalisé, depuis, 120 sorties qui ont frappé 110 cibles en une semaine, selon le ministère russe de la Défense. Parmi les objectifs détruits figurent :

70 véhicules blindés,
30 autres véhicules,
19 installations de commandement,
2 centres de communication,
23 dépôts de munitions
6 usines de fabrication d’engins explosifs improvisés, notamment des voitures piégées,
plusieurs pièces d’artillerie,
plusieurs camps d’entraînement.

«Des terroristes en fuite » 

L’objectif évident de cette phase de l’opération est de miner la capacité des combattants à maintenir leur pression sur les forces gouvernementales, au moyen de raids constants et d’attaques permettant à l’armée syrienne de trouver le temps nécessaire pour se regrouper et lancer une offensive.

Les objectifs des frappes aériennes russes étaient dispersés à travers toute la Syrie, depuis le bastion de Daesh à Raqqa, dans le nord-est, à proximité de la cité antique de Palmyre, jusqu’aux banlieues du sud de Damas.

Selon les militaires russes, la campagne de bombardement a sapé le moral des troupes de combattants de Daseh en poussant des milliers d’entre eux à s’enfuir.

Des avions de pointe 

La flotte des appareils est très variée. Son noyau dur est constitué des «bourreaux de travail» que sont le bombardier SU-24 et le chasseur de soutien au sol SU-25. Ces deux avions ont été conçus il y a des décennies, mais les forces aériennes russes en utilisent des versions plus récentes. Des appareils de conception plus contemporaine sont également utilisés, tel le SU-34 qui n’est entré en service en Russie que l’année dernière. Le théâtre de combats en Syrie offre aux ingénieurs russes un champ d’essai pour tester cet avion qui peut frapper des cibles depuis l’altitude de 5000 mètres, loin de la portée des armes anti-aériennes dont disposent les combattants de l’Etat islamique.

Les forces aériennes emportent un grand nombre de bombes dans leurs opérations, telles que les Kh-25L de pointe et guidées par laser, les KAB-250 orientables, les BETAB-500 qui détruisent des bunkers et les bombes plus simples et moins coûteuses FAB-500. Cette variété permet aux forces russes de frapper avec une très grande précision, où nécessaire, et de bombarder avec une puissance dévastrice sans aucun dommage collatéral.

Le contrôle de mission 

Les missions russes partent de la base aérienne de Lattaquié. Il y a seulement deux mois, c’était un aérodrome abandonné, mais c’est aujourd’hui le point de départ de dizaines de sorties quotidiennes. Cette base aérienne accueille non seulement les avions les plus sophistiqués de la planète, mais également les pilotes de combat russes, ainsi que des techniciens et des troupes de soutien. Des militaires syriens se trouvent également dans la base pour aider à coordonner les opérations.

De plus, la base aérienne est à même de se défendre. Des hélicoptères Mil Mi-24 patrouillent à proximité et sont prêts à frapper tous combattants qui tenteraient de l’attaquer. Des chars et d’autres véhicules blindés sont également prêts à repousser une attaque de grande envergure.

Des complexes mobiles de défense aérienne Pantsir-S1 et des systèmes de guerre électronique avancés couvrent l’espace aérien.


Des bévues et des faux 

La campagne aérienne russe a déjà connu quelques incidents bizarres. Ankara a ainsi déclaré que la Russie avait violé son espace aérien à deux reprises en une semaine. Moscou a promis de corriger ses missions de combat pour éviter de tels incidents à l’avenir. Des responsables de l’OTAN ont accusé la Russie de «violations inacceptables», notamment le sectrétaire général Jens Stoltenberg, mais la Turquie a semblé s’accommoder d’erreurs de ce genre.

Le plus inquiétant sont les plaintes de responsables occidentaux qui reprochent à la Russie de cibler des rebelles soutenus par l’Occident en Syrie au risque de tuer des agents de la CIA sur le terrain. La Russie répète qu’elle vise uniquement les troupes terroristes et a montré comment ces derniers utilisaient des mosquées et d’autres installations civiles pour protéger leurs armes des attaques russes. Les forces modérées « ne sauraient recourir à pareilles pratiques », a fait remarquer le ministère russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Les informations nombreuses sur des pertes civiles provoquées par les frappes russes n’ont pas été confirmées par des sources fiables. Ces allégations ont été réfutées à plusieurs reprises, car il a été démontré que les photos ou vidéos sur lesquelles elles se fondaient avaient été prises avant la campagne de frappes aériennes.

Le ministère russe de la Défense a, de son côté, fourni des vidéos des frappes aériennes. Les militaires essaient de rendre l’opération la plus transparente possible.

Quelle est la suite ?

Une semaine après la lutte contre Daesh en Syrie, la Russie intensifie ses efforts. La marine russe s’est jointe à la campagne, mercredi en lançant des dizaines de missiles de croisière depuis la mer Caspienne contre des positions des terroristes en Syrie.

L’Irak pourrait bientôt demander à la Russie de lancer des frappes contre les troupes de Daesh qui se trouvent sur son territoire, en élevant ainsi le niveau de coopération de Bagdad avec Moscou, Damas et Téhéran.

Daesh se cache dans les mosquées car les troupes russes n’attaquent pas les lieux de culte

D’après le vice-ministre russe de la Défense, Anatoliï Antonov, les terroristes de Daesh ont trouvé une solution pratique qui a pu être filmée pour éviter les frappes de l’aviation russe en Syrie.

Anatoliï Antonov, vice-ministre de la Défense russe, a annoncé lors de la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec les attachés militaires étrangers à Moscou que les combattants de Daesh utilisaient les lieux de culte pour se réfugier et mettre leurs armes à l’abri car ils connaissent le respect avec lequel les soldats russes les traitent et sont persuadés qu’ils ne les attaqueront «jamais».

«Nous avons aujourd’hui des informations selon lesquelles les terroristes se cachent dans les mosquées. De plus, nous savons que les terroristes cachent leurs unités techniques autour des mosquées. Prenant en considération notre attitude attentionnée et notre respect pour les mosquées, ils comprennent très bien que nous ne frapperons jamais des objets non-militaires», a-t-il précisé.

Pour prouver les dires du ministre, le ministère de la Défense a diffusé une vidéo où l’on voit les terroristes s’approcher d’une mosquée et positionner leurs véhicules armés autour de ce lieu de culte.

 

Lors de la rencontre avec les journalistes, Anatoliï Antonov a mis en évidence que les observateurs russes disposaient d’images prises par satellite et par avion. «Nous avons vérifié nos données une centaine de fois. Nos décisions sont bien équilibrées, discutées et calculées. Nous entamons nos frappes seulement si nous sommes sûr à 100% que nous toucherons la bonne cible», a-t-il expliqué.

Le vice-ministre russe de la Défense russe a aussi déploré la réaction des médias étrangers aux frappes russes contre Daesh en Syrie. «C’est une vraie guerre de l’information», a-t-il souligné.

En ce qui concerne les relations entre la Russie et les Etats-Unis, le ministère russe de la Défense a annoncé que la coopération entre les pays en Syrie était possible mais que pour le moment, le document régissant une telle collaboration était toujours en préparation. «Malheureusement, les Etats-Unis réduisent notre coopération aux questions techniques de communications de nos pilots lors des missions. Les Américains nous ont donné un document, nous y travaillons», a-t-il fait savoir.

Pourtant, le ministre russe de la Défense espère que cette coopération potentielle en Syrie puisse s’élargir mais la Russie ne voudrait pas s’imposer comme un partenaire à qui que ce soit.

Dans ce cadre, les hauts responsables militaires russes et américains tiendront une deuxième vidéo conférence dans quelques semaines. Mais «il vaudrait mieux que nos collègues viennent chez nous pour discuter de tous ces problèmes entre quatre-z-yeux», a-t-il précisé.