Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 16 juin 2015

La Suisse aura-t-elle des drones armés un jour?


Les drones inclus dans le programme d'armement 2015 de la Confédération ne seront pas armés. Mais rien n'empêche à ce qu'ils le soient un jour.

 Le drone de reconnaissance Hermes 900, construit par la société israélienne Elbit Systems Ltd, a été testé en automne 2012 à Emmen (LU). Le système complet comprend six drones, les capteurs, les composants au sol, le paquet logistique, les moyens didactiques de même que l'instruction. Image: Reuters 


 La génération précédente de drones, des ADS 95 Rangers, également israéliens, sera remisée si le programme actuel est voté. Ces appareils sont en service depuis une vingtaine d'années et s'appuient sur un niveau technologique qui date des années 1980. Image: Reuters 


 Le simulateur de tir au Fass 90 (sim tir Fass 90 NT) remplacera le modèle acquis avec le programme d'armement 1993, dont les coûts d'entretien étaient devenus «excessivement élevés», selon le DDPS. Et il n'est plus possible d'acquérir
les pièces de rechange. 


 La principale composante du système est un émetteur laser qui simule le tir au moyen d'un rayon. Des capteurs permettent de déterminer si le tireur a atteint sa cible. 



 La flotte de Steyr-Daimler-Puch 230 GE va également partir à la retraite... Image: Keystone 


... pour être remplacée par des Mercedes-Benz G 300 CDI 4x4, capables de recevoir des systèmes techniques. 



Le Conseil national a donné mardi 16 juin son aval à l'achat de drones israéliens dans le cadre du programme d'armement 2015. Très vite, le Département fédéral de la défense de la protection de la population et des sports (DDPS) s'est appliqué à déminer le terrain. Les drones israéliens du programme d'armement 2015 de la Confédération ne seront pas armés car ce sont des appareils de reconnaissance.

Mais tout peut évoluer avec la situation géopolitique, précise à 24 heures Roger Golay (GE/MCR-UDC), le rapporteur de la Commission de la politique de sécurité (CPS). «Il est vrai que ce n'est pas nécessaire aujourd'hui mais on pourrait les transformer avec des installations de brouillage, d'écoute ou les armer. Cependant ce n'est pas la volonté actuelle», a souligné l'élu genevois.

Taches civiles dans l'immédiat

Les opposants souhaitaient surtout que ce projet s'inscrive dans une réflexion plus profonde concernant les forces aériennes. Car il faudra bien remplacer un jour les FA/18, et ils pourraient l'être par d'autres avions mais aussi par des drones qui seront alors armés, a affirmé à 24 heures Christian Van Singer (VD/Verts), également membre de la CPS.

Si leur appui aux forces terrestres est leur raison d'être, les six drones à acquérir serviront à des taches civiles, comme l'a rappelé le Conseiller fédéral Ueli Maurer, puisqu'ils devraient normalement être engagés chaque semaine en appui des garde-frontières, comme les modèles actuels.

Les drones 95 «obsolètes et coûteux»

Un argument qui ne convainc par Christian Van Singer pour qui les besoins actuels ne nécessitent pas l'achat de ce type de drones «qui sont des Rolls», ajoute le conseiller national vaudois. «On ne remplit pas d'une façon optimale ces missions en achetant ces grands drones pour l'armée.»

«Le système actuel date de 1995, il est totalement obsolète, on ne trouve plus les pièces de rechange et la maintenance est très onéreuse», a rétorqué Roger Golay.

Israël faute de mieux

La nouvelle génération de drones aura une autonomie de 24 heures et n'aura plus besoin d'être escortée pour empêcher des collisions car le programme comprend un système d'évitement. Ces nouveaux appareils devraient entrer en service en 2020 pour une durée d'utilisation estimée à 20 ans.

Seuls les États-Unis et Israël proposent à l'heure actuel des drones compétitifs, mais comme Washington refuse de partager certaines de ses technologies, les nations intéressées sont souvent obligées de se tourner vers l'état hébreu. Quant aux pays européens, ils développent des modèles mais ceux-ci ne sont pas actuellement commercialisés, a ajouté pour conclure Roger Golay.