Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 10 juin 2015

Égypte : un attentat-suicide déjoué à Louxor


La police égyptienne a déjoué mercredi un attentat-suicide près du célèbre temple de Karnak, à Louxor, la seconde attaque visant des touristes dans le pays depuis la destitution par l'armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi. L'attaque, qui a fait quatre blessés légers, tous des Égyptiens, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Dans la matinée, au moins trois hommes ont pénétré dans le vaste parking qui fait face au temple de Karnak, l'un des plus célèbres sites de l'Égypte pharaonique. Stoppés à un poste de contrôle policier, à une quarantaine de mètres de l'entrée du temple, ils ont refusé d'être fouillés. Deux d'entre eux ont alors sorti une arme et les forces de sécurité ont ouvert le feu sur eux. Le troisième a déclenché sa veste bourrée d'explosifs, ont raconté à l'AFP des officiers de police contactés sur place.

"Les services de sécurité de Louxor ont déjoué un attentat terroriste. Deux terroristes ont été tués et un troisième blessé à la tête", a confirmé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué qui comptabilise le kamikaze parmi les hommes tués. Entre-temps, les services de sécurité, très présents sur les sites touristiques en Égypte depuis une série d'attentats dans les années 1990, ont consigné tous les touristes et visiteurs dans le temple, assurant leur sécurité. Deux policiers et deux civils égyptiens ont été très légèrement blessés dans l'explosion ou les échanges de tirs, a déclaré à l'AFP Nahed Mohamed, haut responsable du ministère de la Santé à Louxor. Elle a aussi confirmé qu'un assaillant avait été hospitalisé dans un état grave avec une blessure par balle à la tête. Début juin, deux policiers chargés de la sécurité des célèbres pyramides de Guizeh au Caire avaient été tués par balle par des assaillants à moto.

Vague d'attentats

Depuis l'éviction en juillet 2013 du premier chef de l'état élu démocratiquement dans ce pays, l'Égypte est le théâtre de nombreux attentats revendiqués par des groupes djihadistes qui disent agir en représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans de M. Morsi. Dans les semaines qui ont suivi son éviction en juillet 2013, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont ainsi été tués par les forces de sécurité. Et depuis, plus de 40 000 personnes, selon Human Rights Watch (HRW), ont été arrêtées. Des centaines de pro-Morsi ont ensuite été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.

Jusqu'alors, les cibles des attentats djihadistes étaient exclusivement les forces de sécurité, en dehors d'un attentat-suicide ayant tué trois touristes sud-coréens et le chauffeur de leur bus en février 2014 au poste-frontière de Taba, dans le Sinaï, alors qu'ils passaient d'Égypte en Israël. L'immense majorité des attentats spectaculaires et particulièrement meurtriers des derniers mois ont eu lieu dans le nord de cette péninsule, bastion de la branche égyptienne du groupe djihadiste État islamique (EI). Ce groupe, Ansar Beït al-Maqdess, s'est d'ailleurs rebaptisé "Province du Sinaï" pour bien marquer son allégeance au "califat" autoproclamé par l'EI sur une partie de l'Irak et de la Syrie. Mais des bombes de faible puissance explosent aussi régulièrement au Caire ainsi que dans le Delta du Nil, visant quasi exclusivement les forces de sécurité.

Ces dernières années, les attentats visant des lieux touristiques étaient devenus extrêmement rares. Avant celui visant les Sud-Coréens en 2014, le dernier remontait à février 2009, quand une Française avait été tuée par l'explosion d'une grenade dans le coeur historique du Caire. Mais les années 1990 avaient été marquées par une série d'attentats meurtriers visant les touristes et qui avaient porté un coup dur à l'économie égyptienne, dont le secteur touristique est l'un des principaux piliers. En novembre 1997, dans le temple d'Hatchepsout, sur la rive ouest de Louxor, six djihadistes avaient ainsi massacré trente-cinq Suisses, six Britanniques, quatre Allemands, deux Colombiens, onze Japonais et quatre Égyptiens. Tous les membres du commando avaient ensuite été tués.