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jeudi 7 mai 2015

Selon le renseignement militaire, les jihadistes de Daesh peuvent communiquer sur Internet sans être détectés


Alors qu’il est question, via la loi sur le renseignement, qui vient d’être adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, de mettre en place plusieurs outils visant à surveiller des activités terroristes (ou autres) sur Internet, le général Christophe Gomart, le Directeur du renseignement militaire (DRM), a évoqué la menace de l’État islamique (EI ou Daesh) lors d’une audition au Sénat en avril [ndlr, le compte-rendu vient d'être publié].

Tout d’abord, le général Gomart a réfuté l’idée selon laquelle Daesh serait une « surprise stratégique ». « C’est faux! », a-t-il lancé, en réponse aux questions des sénateurs. « Quand on lit les notes de la DRM, on s’aperçoit que c’était écrit, mais on ne s’y est pas forcément intéressé parce que ce n’était pas le sujet du moment », a-t-il fait valoir.

Surprise stratégique ou pas, il n’en reste pas moins que les forces aériennes françaises sont désormais aux prises avec l’EI. « En Irak, a d’ailleurs expliqué le DRM, nous avons déployé un large dispositif de recueil de renseignement en appui des frappes de nos aéronefs de l’opération Chammal et de ceux de la coalition » afin de « mieux appréhender Daesh ».

Ce dispositif a en outre « facilité l’intégration de la France au sein des instances de commandement américaines, en renforçant notre crédibilité grâce à du renseignement précis, fort apprécié de nos alliés ».

Quant à l’EI, le général Gomart le décrit comme étant un « proto-étatique d’un genre nouveau », actuellement « temporairement à l’arrêt au nord de l’Irak, mais toujours offensif dans la province d’Al-Anbar et en Syrie ». On soulignera l’usage de l’adverbe « temporairement »…

Comme d’autres organisations (le DRM a cité Boko Haram et les séparatistes ukrainiens), l’EI dispose « d’armées plus ou moins organisées pour atteindre des objectifs politico-stratégiques, des buts de guerre, très clairs », comme « l’imposition d’un califat ». Les jihadistes « combattent donc en mêlant modes d’action conventionnels, embuscades, offensives ou manoeuvres défensives rétrogrades, et modes d’action asymétriques comme les attaques suicides ou les engins explosifs improvisés », a expliqué le général Gomart.

En outre, a-t-il continué, l’EI « se fond dans la population, se déguise grâce aux uniformes volés des forces irakiennes et stocke armes et munitions dans les hôpitaux ou les mosquées ». Et pour le DRM, la réversibilité » des jihadistes est « saisissante », dans la mesure où « ils apprennent très vite des erreurs du passé ».

« L’emploi qu’ils font des moyens de communication est soumis à des règles strictes de sécurité pour éviter d’être interceptés. Cet adversaire s’est aussi approprié la révolution de l’information et est résolument moderne. Ils peuvent ainsi communiquer sur Internet sans être détectés », a ainsi avancé le général Gomart.

Qui plus est, ce dernier n’a pas manqué de souligner les « opérations d’influence » que l’EI « manie avec un réel professionnalisme », avec des vidéos qui sont « un modèle de communication maîtrisée pour exploiter les failles de nos sociétés connectées, influencer nos opinions publiques et rallier de nouveaux combattants ». Aussi, selon lui, « Daesh recrute plus qu’il ne perd de soldats ».