Assurer la sécurité de François Hollande est visiblement loin d'être de tout repos, à en croire les fonctionnaires du GSPR (Groupe de Sécurité du Président de la République) interrogés par nos confrères du Monde dans le cadre d'un reportage éloquent sur la sécurité présidentielle
"Chirac n'était pas facile, mais Hollande est assez difficile à sécuriser. Il fait n'importe quoi." Le président de la République est un adepte des sorties en catimini, révélées au grand public depuis les fameux clichés de la rue du Cirque. "Dire que sa sécurité a toujours été assurée, c'est faux. C'était très facile de l'arracher, de l'enlever" expliquent deux membres du GSPR.
Les sorties secrètes étaient nombreuses pour un François Hollande pas vraiment enclin à consigner ses escapades dans son agenda. Jusqu'à trois par semaine, à l'époque où il partageait sa vie avec Valérie Trierweiler. De quoi donner lieu à des situations insolites, comme quand un homme a rencontré, avec stupeur, le président dans les toilettes de la station-service d'une aire d'autoroute.
Dans ces cas-là, François Hollande n'a qu'un seul garde du corps à ses côtés. Ce qui suscite évidemment des railleries, pas toujours aimables, à l'internationale. Un responsable de la protection présidentielle raconte ainsi au Monde sa conversation avec l'un de ses holomogues du Secret Service de Barack Obama. Et cette punchline virulente qui l'avait laissé sans voix : "Toi, ton président, il sort en scooter".
Les hommes du Président dénoncent des failles dans sa sécurité
Il y aurait des failles dans la sécurité de François Hollande : c'est ce qu'affirment au Monde trois sources au sein du GSPR, le service de gendarmerie chargé de la sécurité du président. Embauches surprenantes, manque d'entraînement et président qui n'en fait qu'à sa tête : le chef de l'Etat, "aussi menacé que le président des Etats-Unis", ne serait pas protégé à 100%.
C'est la goutte qui a fait déborder le vase : une balle perdue à l'Elysée a convaincu trois sources au sein du groupe de sécurité de la présidence de la République de briser le secret que leur impose leur profession pour témoigner. Dans Le Monde, ils racontent - anonymement - les failles de la sécurité du président.
Des embauches surprenantes
Ils dénoncent notamment des "recrutements surprenants". Il y a d'abord eu les membres de l'équipe de protection de Nicolas Sarkozy, que François Hollande a gardés, invoquant l'"usage républicain". "Des gens dont on savait qu'ils avaient encore personnellement des contacts avec Sarko", indique une source élyséenne au quotidien du soir. "Le président a fait confiance, c'était une erreur." Ceux-là ont été remplacés en janvier 2013, mais au GSPR, on pointe aussi le recrutement d'un fonctionnaire "que beaucoup disent portés sur la boisson", ou un autre "mis de côté pour des problèmes psychologiques", qui "craque et quitte le dispositif" de temps à autres.
"Nous avons amené le président sur un terrain suicidaire"
La gestion des déplacements est également mise en cause. L'un des fonctionnaires du GSPR se "rappelle avec une frayeur rétrospective" de déplacements passés, rapporte Le Monde. Sur sa visite dans les locaux de Charlie Hebdo, le 7 janvier, "nous avons amené le président sur un terrain suicidaire", diagnostique-t-il. Comme en Irak, où un attentat avait attiré les responsables sur place avant la détonation d'une seconde bombe. Et d'énumérer : "L'absence de déminage systématique, des pneus neiges installés sur une voiture 'suiveuse' du cortège, l'emploi de chauffeurs non-habilités à la conduite rapide" comme autant de brèches supplémentaires dans la sécurité du président.
"Hollande fait n'importe quoi"
Mais le dispositif n'est pas le seul mis en cause. "Hollande fait n'importe quoi", soupire un fonctionnaire du GSPR. Outre ses bains de foule imprévus en déplacement, le président est surtout connu pour ses sorties totalement secrètes escorté d'un seul garde du corps : non inscrites à l'agenda officiel, mais également inconnues de son cabinet et de son entourage proche. "Un quidam a ainsi eu la surprise, un jour, de voir le chef de l'Etat faire irruption à côté de lui dans les toilettes d'une station-service d'autoroute", souligne le journal.
Des échappées belles qui se produisaient "jusqu'à trois fois par semaine" du temps où Valérie Trierweiler était Première dame et qui permirent les fameux clichés du président casqué. Un fonctionnaire s'agace : "C'était un appareil photo. Mais si ç'avait été un fusil, c'était pareil."
Des fonctionnaires trop peu entraînés ?
"Le Monde" critique enfin la qualité de la formation des membres du GSPR. Les sources du quotidien évoquent de surprenants recrutements : un fonctionnaire alcoolique, un autre "psychologiquement très fragile". Les deux ne bénéficieraient d'aucun suivi médical.
Est également pointé un défaut de condition physique et d'entraînement, en particulier au tir. "Si demain, il y a un coup de feu dans la rue, on ne sera pas capable d'avoir la bonne réplique", critique un membre du GSPR. A en croire ce dernier, les hommes du président rechignent à aller s'entraîner sur les stands des unités d'élite "car on ne veut pas montrer qu'on est nul".
"Sécurité assurée"
"La sécurité du président, depuis le 29 mai 2012, a toujours été assurée de façon satisfaisante", rétorque la commissaire divisionnaire Sophie Hatt, patronne du GSPR.
Tous nos fonctionnaires ont passé les tests de recrutement dans leurs unités d'origine et des stages de formation à la sécurité rapprochée."
Les policiers et gendarmes du GSPR ont au minimum 3 ans d'expérience et ont validé une batterie de tests physiques, psychologiques et médicaux, mais aussi de tirs, de conduite et de maîtrise de la langue anglaise. Ils sont "très entraînés et méticuleusement sélectionnés pour faire face à toute situation dans un délais très court", expliquait à "l'Obs" une source policière en janvier 2014.