La présence de la mafia italienne en Suisse Le Journal en continu / 2 min. / Hier à 18:15
"La Suisse est accueillante pour toutes les mafias. La mafia italienne se remarque peut-être plus car elle importe la cocaïne tandis que les Russes et les Ukrainiens y déposent leur argent et investissent", estime l'auteur de "Gomorra".
Même si l'activité criminelle sur territoire suisse reste discrète - "il n'y a pas de juges, de journalistes ou des prêtres assassinés" - il existe une présence physique de la mafia, assure-t-il.
Faux calme helvétique
Roberto Saviano explique le calme régnant sur le territoire helvétique par une volonté d'éviter les remous. "La Suisse est une sorte de zone franche pour la mafia", estime le journaliste et écrivain italien, qui y voit l'existence d'un accord tacite entre clans.
"Ici vous ne tuez pas, vous ne faites pas la guerre et vos problèmes vous les réglez dans votre pays". Une situation similaire à Milan, "où l'on tire très peu".
Les conflits et règlements de comptes mafieux se retrouvent confinés dans les territoires d'origine, "parce que là-bas une balle ne vaut rien", raconte Roberto Saviano. "Si je tire à San Luca (capitale de la mafia calabraise, ndlr), ça ne fera pas les gros titres. Si je tire ici (en Suisse) c'est l'ouverture garantie de tous les journaux télévisés européens. Et ça tous les mafieux le savent".
«Soit la Suisse fait ce pas, soit elle sera dévorée»
Roberto Saviano
Un constat qu'il partage avec Michael Lauber, le procureur général de la Confédération, qui a lancé en début d'année un appel à réformer le Code pénal suisse sur les organisations criminelles.
"Un code génétique anti-mafia"
Roberto Saviano presse la Suisse d'adopter "un code génétique anti-mafia", car pour l'instant elle "est un des pays européens les plus accueillants pour les capitaux mafieux et les mafieux eux-mêmes".
Cette situation ne vient pas d'une décision, mais d'un manque de décision, relève l'auteur de Gomorra, qui prévient que "soit la Suisse fait ce pas, soit elle sera dévorée".
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L'écrivain a reconnu regretter la publication de son best-seller qui l'a placé dans le viseur de la mafia, même s'il reconnaît être fier que ses mots soient arrivés si loin.
"Je ne le referais pas, je serais plus prudent, j'essayerais de sauver ce jeune de 26 ans (lui-même, ndlr) à qui ils ont fait une vie de merde, mais je ne renie pas ce que j'ai fait. Mais si un ange me donnait la chance de revenir sur mes choix, je ne le referais pas".
Son témoignage:
Occupés par le phénomène du djihadisme, les services policiers et de renseignements se voient obligés de détourner leur attention de la mafia, regrette Roberto Saviano.
Le journaliste tire un parallèle avec les années de plombs italiennes, durant lesquelles les mafieux étaient heureux de voir tous les projecteurs braqués sur les Brigades rouges
"L'existence de l'Etat islamique, c'est la panacée des mafias", résume-t-il.
Peter Berni & Marc Renfer