dimanche 31 mai 2015
FedPol ; bilan de l’année 2014
Libération et rapatriement
Un Thurgovien part en Syrie faire le djihad. Il séquestre sa femme enceinte, une Allemande. Elle accouche d’une petite fille. La police fédérale entre en contact, coordonne son action avec ses homologues allemande et turque. Mère et enfant sont libérés, rapatriés.
C’est l’une des interventions menées par l’Office fédéral de la police, FedPol, qui tirait vendredi à Berne son bilan de l’année 2014. Sans surprise, le terrorisme est devenu sa préoccupation centrale. FedPol dirige le groupe spécial mis sur pied pour lutter contre le phénomène des voyageurs du djihad. «La Suisse n’est pas une cible prioritaire du terrorisme», rappelle toutefois la directrice de l’Office, Nicoletta della Valle. Mais c’est une constante: que ce soit en matière de terrorisme ou dans ses dix autres domaines d’activité, FedPol se frotte au crime globalisé. Des rançonneurs sur Internet aux truands russes, bouquet d’exemples concrets.
La Suisse interdit davantage son entrée à cause du djihadisme
La Suisse craint la propagande islamiste. Selon Nicoletta della Valle, directrice de l'Office fédéral de la police (fedpol), Berne a ainsi multiplié le nombre d'interdictions d'entrée au pays délivrées à des non-citoyens.
"Depuis début décembre 2014, nous avons produit, sur mandat du Service de renseignement de la Confédération (SRC), 14 interdictions d'entrée en Suisse concernant des voyageurs soupçonnés d'avoir des motivations liées au djihadisme", indique Mme della Valle, interrogée par la "NZZ am Sonntag". Cela représente davantage pour les derniers six mois qu'au cours des onze mois précédents, dit-elle.
La directrice de fedpol rappelle que le problème des "voyageurs djihadistes" représente "un grand défi" pour la justice helvétique. La réponse fédérale doit trouver "ses limites adéquates entre atteinte à la liberté de pensée et menace réelle".
Danger des réseaux sociaux
Nicoletta della Valle met par ailleurs en garde contre le rôle des réseaux sociaux, qui contribuent à faciliter et accélérer la radicalisation: "un jeune de 15 ans peut évoluer en ce sens chez lui devant son écran, sans que personne ne le remarque au début dans son entourage".
Les possibilités d'intervention dépassent de loin la marge de manoeuvre de la police, selon Mme della Valle. "La Suisse n'est pas un pays qui peut simplement prohiber un accès à Facebook ou Twitter", poursuit-elle. La police peut, en revanche, chercher la coopération avec les fournisseurs d'accès internationaux: "en cas d'appel à la violence ou de propagande, ils doivent réagir".
Parties de poker à Hollywood
Pour la première fois en 2014, une cellule de la mafia italienne Ndrangheta a pu être localisée et démantelée en Suisse orientale, suite aux enquêtes de FedPol et de la justice suisse. La mafia russophone est, quant à elle, soupçonnée de se servir de la Suisse pour blanchir son argent. FedPol enquête par exemple sur un groupe criminel de l’ex-URSS qui aurait blanchi environ 100 millions de dollars, dont une partie en Suisse. Piquant: ces sommes venaient de parties de poker clandestines destinées à des joueurs pros et des stars de Hollywood, relève le rapport.
Rançons sur Internet
Stars de la cybercriminalité, les rançongiciels, des rançons sur Internet, préoccupent beaucoup FedPol. Les sommes exigées par les rançonneurs pour débloquer l’ordinateur ont augmenté, allant désormais jusqu’à 500 francs. Les vols de données sont aussi en hausse. Sur ce terrain, les cybercriminels gardent une longueur d’avance face aux autorités, qui affrontent des obstacles techniques, juridiques… et des citoyens encore trop peu prudents, au goût des superflics.
Gangs de motards survoltés
«Le milieu des gangs de motards et groupes assimilés a été très actif en Suisse en 2014», affirme FedPol. Les gangs recrutent à tour de bras, il y a de «fortes tensions au sein et entre les divers gangs», et un «potentiel de violence». Des verdicts rendus l’an dernier l’attestent: un membre suisse du groupe de soutien des Hells Angels a été pincé pour trafic de drogue. Un ex-cadre des Black Jackets a été condamné en Allemagne à 9 ans et demi de prison. Il avait obligé des victimes à se prostituer en Suisse.
Pots-de-vin à un fils Kadhafi
En matière de blanchiment d’argent, les enquêtes menées suite au Printemps arabe commencent à porter leurs fruits, se réjouit FedPol. L’an dernier, un Canado-Tunisien qui, de 2001 à 2011, a versé pour plus de 35 millions de francs de pots-de-vin à l’un des fils de feu Muammar Kadhafi, par le biais de comptes en Suisse, a été condamné par un tribunal helvétique. Une première dans un tel cas de figure.
Fausses pièces de 5 francs
Autre phénomène nouveau et uniquement romand en 2014: la hausse du nombre de fausses pièces de 5 francs. Des enquêtes sont en cours. Le nombre de faux billets et de pièces a triplé à 16 654 à cause de ce cas l’an dernier.