Âgé de 28 ans, Andreas Lubitz travaillait pour la compagnie aérienne Germanwings, une filiale de Lufthansa, depuis septembre 2013, a déclaré une porte-parole de la compagnie allemande. Ce dernier totalisait 630 heures de vol et avait commencé à piloter des avions Germanwings après avoir suivi une formation du centre d’entraînement de Lufthansa dans la ville de Brême.
Andreas Lubitz était originaire de la ville de Montabaur, dans l’ouest de l’Allemagne en Rhénanie-Palatinat, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Francfort, où il vivait avec ses parents, selon les propos tenus à l’agence de presse allemande DPA par Gabriele Wieland, la maire de cette commune. Il possédait également un appartement à Düsseldorf, l’un des hubs de Germanwings, où le vol parti mardi 23 mars au matin de Barcelone était censé atterrir.
Andreas Lubitz était passionné par son métier. A l'adolescence, il a rejoint un club de vol à voile.
Andreas Lubitz était par ailleurs membre de l’aéro-club LSC Westerwald et était un grand amateur de course à pied, ayant notamment pris part à un semi-marathon et à de nombreuses courses locales. Dans sa ville d'origine de Montabaur, les personnes qui le connaissaient sont abasourdies.
"C'était un type tout à fait normal", a affirmé Klaus Radke, le président du LSC Westerwald, où Andreas Lubitz avait obtenu sa première licence de pilote. "Je suis sans voix. Je n'ai aucune explication. Connaissant Andreas, c'est tout simplement inconcevable pour moi. Il avait beaucoup d'amis, ce n'était pas un solitaire", a dit un autre membre de cet aéro-club, Peter Ruecker, qui le connaissait bien.
En 2013, le jeune homme, a été admis dans la banque de données de la Federal Aviation Administration (FAA). Un coup d'oeil sur son compte Facebook permet de découvrir qu'il était tout particulièrement intéressé par les avions du type A320. Il suivait ainsi plusieurs pages sur lesquelles des pilotes expérimentés font part de leurs expériences et discutent d'informations techniques liées à cet avion.
"En septembre 2013, il est devenu premier officier (co-pilote) d’un A320, a confirmé Carsten Spohr, en détaillant le parcours du jeune homme au sein de la compagnie Germanwings. Il était 100% apte à piloter un avion. Ses capacités techniques étaient excellentes, sans exception.
Un mystère demeure toutefois dans son parcours
Alors qu'il avait entamé sa formation en 2008 avant toutefois une interruption "de plusieurs mois" il y a six ans dont il n'a pas donné les raisons. Interrogé à ce sujet jeudi, le patron de la Lufthansa a été incapable d'expliquer les raisons de ce "trou" dans le parcours d'Andreas Lubitz, assurant toutefois qu'Andreas Lubitz était "apte à piloter à 100%", car ayant passé tous les tests -techniques et mentaux- de la Lufthansa, "un compagnie qui a la sécurité pour priorité", a encore martelé Carsten Spohr.
Les causes de la dépression d'Andreas Lubitz
Andreas Lubitz avait dit qu'il ferait un jour «quelque chose qui allait changer tout le système», a déclaré son ancienne petite amie au «Bild». «Tout le monde connaîtrait (son) nom», aurait-il ajouté. La phrase est «revenue en mémoire» de cette hôtesse de l'air de 26 ans, lorsqu'elle a entendu parler du crash, explique-t-elle au quotidien allemand.
Selon le journal, la jeune femme, qui se dit «très choquée», a volé cinq mois l'an passé avec le copilote sur des vols européens, mais leur relation, qui semble avoir duré le temps de leur travail en commun, n'a jamais été officielle.
Si le copilote «a fait cela», «c'est parce qu'il a compris qu'à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d'un emploi à la Lufthansa, comme capitaine et comme pilote de long-courrier était pratiquement impossible», affirme-t-elle.
La jeune femme explique s'être séparée «parce qu'il devenait de plus en plus clair qu'il avait un problème. Pendant les discussions, il craquait et me criait dessus (...) La nuit, il se réveillait et criait: 'Nous tombons'», en proie à des cauchemars.
«Nous avons toujours beaucoup parlé du travail, et là, il devenait quelqu'un d'autre; il s'énervait à propos des conditions de travail. Pas assez d'argent, peur pour le contrat (de travail), trop de pression», affirme-t-elle.
Il «ne parlait pas beaucoup de sa maladie, seulement qu'il suivait un traitement psychiatrique à cause de cela». Elle évoque un jeune homme «gentil et ouvert» pendant les vols, «très doux» en privé, «quelqu'un qui avait besoin d'amour».
Selon des informations du dossier judicaire allemand, transmises aux enquêteurs français, Andreas Lubitz souffrait d'une déficience visuelle très forte, suceptible de s'aggraver. Une dégradation de la vue qui risquait fort d'obérer son avenir professionnel. La question désormais est de savoir si ce problème visuel était la cause de sa dépression, ou une conséquence psychosomatique.
Les problèmes de vue du copilote remontent à un accident de la circulation à la fin 2014, poursuit le journal allemand sur la base de documents. Andreas Lubitz aurait été blessé par l'ouverture d'un airbag. Depuis cette date, il se plaignait que sa vue s'obscurcissait souvent.
De source française de haut rang, sa vue était déjà en baisse d'environ 30%. Les enquêteurs n'excluent pas que cette déficience soit l'une des causes de la dépression dans laquelle il était depuis plusieurs années. Lubitz, qui ambitionnait de passer de la Germanwings à la Lufthansa, la compagnie mère de la low-cost, n'aurait jamais pu réaliser ce transfert avec un tel handicap.
Bild note que le médecin qui a signé l'arrêt maladie n'avait averti personne, notamment pas l'employeur d'Andreas Lubitz, Germanwings, en raison du secret médical, passible de sanction s'il est rompu. "Le cas Andreas Lubitz a déjà déclenché un débat sur la nécessité que le secret médical doit être limité pour des professions comme celle de pilote", relève la Süddeutsche Zeitung. L'accompagnement médical des pilotes de la Lufthansa est lui aussi remis en cause: samedi soir, Welt am Sonntag affirme qu'il serait insuffisant pour les 5.400 pilotes.
Les dernières minutes du vol
10h
L'avion décolle.
10h10
Le commandant de bord, à Lubitz : "je n’ai pas eu le temps d'aller aux toilettes avant le décollage. »
Lubitz : "Vas-y quand tu veux".
10h27
L'avion a atteint son altitude de croisière : 38000 pieds (11 500 mètres).
Le commandant demande à Lubitz de vérifier que l’avion peut passer en mode descente. Lubitz obtempère. Il répète au commandant une deuxième fois : « Tu peux y aller. Tu peux y aller maintenant ».
10h28
On distingue des bruits provenant d’un siège : le commandant ôte sa ceinture de sécurité. On entend la porte s’ouvrir. Le commandant dit à Lubitz : "tu contrôles maintenant".
Lubitz répond sur un ton qui se veut léger : « J'espère ».
10h30
Lubitz est seul dans la cabine. Il verrouille la porte blindée du cockpit grâce au bouton « Lock » : il est désormais impossible de l’ouvrir de l’extérieur.Puis on l’entend reprogrammer le pilotage automatique pour accélérer la vitesse de descente et passer de 38000 pieds (11 000 mètres) à 100 pieds (30 mètres) en quelques minutes.
10h33
La descente commence : l'avion perd 3000 pieds (900 mètres) d'altitude par minute.Le contrôle aérien s’en aperçoit. Il essaye à plusieurs reprises de contacter l’avion par radio. Lubitz ne répond pas.
On entend le commandant qui tente d’ouvrir la porte de la cabine et frappe à la porte : "c'est moi !".Il est face à une caméra reliée au cockpit : Lubitz le voit sur l’écran mais ne réagit pas.Le commandant s’empare d’une bouteille à oxygène ou d’un extincteur dans le but de défoncer la porte.Pas de réponse. Le commandant crie : "Pour l'amour de Dieu, ouvre cette porte!".
10h34
Une première alarme retentit, sonore et visuelle : « SINK RATE, PULL UP » (chute importante, redressez !).
Pas de réaction de Lubitz.
A travers la porte du cockpit, on entend les premiers passagers s’affoler dans les travées.
10h35
Le commandant demande qu’on aille chercher un-pied-de-biche caché à l’arrière de l’appareil.Des coups plus forts retentissent contre la porte, suivis de bruits métalliques.Le commandant essaye de tordre la porte avec le pied-de-biche.
10h37 et quelques secondes
Une seconde alarme se déclenche, sonore et visuelle : "TERRAIN, PULL UP" (Sol, redressez!). Toujours pas de réaction de Lubitz.
Le commandant : "Ouvre cette foutue porte !"
10h38
Malgré le vacarme ambiant,on identifie clairement le souffle de Lubitz parce qu’il a mis un masque à oxygène. Il respire normalement.L'avion est à 13 000 pieds (4000 mètres).
10h40
On entend un bruit violent qui vient de l’extérieur. Au même moment, à l'intérieur, des hurlements.L’Airbus vient de heurter une montagne avec son aile droite.
Plus aucun autre son que celui des alarmes et les cris des passagers.
10h41
L'avion heurte de plein fouet le massif de l’Estrop à 5000 pieds (1500 mètres d’altitude) et 800km/h.
Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement.
Le commandant de bord de l'Airbus A320 de la Germanwings se nommait Patrick Sondheimer.
Un Mirage 2000 avait décollé de la base aérienne d'Orange
À la perte de contact radio avec l’Airbus A320, le centre national des opérations aériennes de Lyon a déclenché un Mirage 2000, en permanence opérationnelle sur la base aérienne d’Orange. L’avion de chasse, en alerte, a immédiatement décollé pour se porter en une poignée de minutes jusqu’à la dernière position connue de l’Airbus. Mais à son arrivée, l’avion de ligne et ses 150 passagers avaient déjà percuté de plein fouet la montagne. « Le Mirage 2000 est arrivé après le crash. Les deux avions ne se sont pas croisés » précise-t-on au Sirpa air. Mais le chasseur ne pouvant voler à basse altitude et en stationnaire, des moyens aériens plus adaptés comme les hélicoptères de l’armée de l’air, de la gendarmerie et de la sécurité civile ont été dépêchés au-dessus de la zone de crash, dont un Fennec de la BA 115.
À la base aérienne d’Orange, deux Mirages 2000 et un hélicoptère Fennec sont 24 heures sur 24 et sept jours sur sept en alerte. Des aéronefs dont la mission est d’aller au contact d’avions en difficulté pour leur porter assistance et les intercepter au besoin.
Les causes de la dépression d'Andreas Lubitz
Andreas Lubitz avait dit qu'il ferait un jour «quelque chose qui allait changer tout le système», a déclaré son ancienne petite amie au «Bild». «Tout le monde connaîtrait (son) nom», aurait-il ajouté. La phrase est «revenue en mémoire» de cette hôtesse de l'air de 26 ans, lorsqu'elle a entendu parler du crash, explique-t-elle au quotidien allemand.
Selon le journal, la jeune femme, qui se dit «très choquée», a volé cinq mois l'an passé avec le copilote sur des vols européens, mais leur relation, qui semble avoir duré le temps de leur travail en commun, n'a jamais été officielle.
Si le copilote «a fait cela», «c'est parce qu'il a compris qu'à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d'un emploi à la Lufthansa, comme capitaine et comme pilote de long-courrier était pratiquement impossible», affirme-t-elle.
La jeune femme explique s'être séparée «parce qu'il devenait de plus en plus clair qu'il avait un problème. Pendant les discussions, il craquait et me criait dessus (...) La nuit, il se réveillait et criait: 'Nous tombons'», en proie à des cauchemars.
«Nous avons toujours beaucoup parlé du travail, et là, il devenait quelqu'un d'autre; il s'énervait à propos des conditions de travail. Pas assez d'argent, peur pour le contrat (de travail), trop de pression», affirme-t-elle.
Il «ne parlait pas beaucoup de sa maladie, seulement qu'il suivait un traitement psychiatrique à cause de cela». Elle évoque un jeune homme «gentil et ouvert» pendant les vols, «très doux» en privé, «quelqu'un qui avait besoin d'amour».
Selon des informations du dossier judicaire allemand, transmises aux enquêteurs français, Andreas Lubitz souffrait d'une déficience visuelle très forte, suceptible de s'aggraver. Une dégradation de la vue qui risquait fort d'obérer son avenir professionnel. La question désormais est de savoir si ce problème visuel était la cause de sa dépression, ou une conséquence psychosomatique.
Les problèmes de vue du copilote remontent à un accident de la circulation à la fin 2014, poursuit le journal allemand sur la base de documents. Andreas Lubitz aurait été blessé par l'ouverture d'un airbag. Depuis cette date, il se plaignait que sa vue s'obscurcissait souvent.
De source française de haut rang, sa vue était déjà en baisse d'environ 30%. Les enquêteurs n'excluent pas que cette déficience soit l'une des causes de la dépression dans laquelle il était depuis plusieurs années. Lubitz, qui ambitionnait de passer de la Germanwings à la Lufthansa, la compagnie mère de la low-cost, n'aurait jamais pu réaliser ce transfert avec un tel handicap.
Bild note que le médecin qui a signé l'arrêt maladie n'avait averti personne, notamment pas l'employeur d'Andreas Lubitz, Germanwings, en raison du secret médical, passible de sanction s'il est rompu. "Le cas Andreas Lubitz a déjà déclenché un débat sur la nécessité que le secret médical doit être limité pour des professions comme celle de pilote", relève la Süddeutsche Zeitung. L'accompagnement médical des pilotes de la Lufthansa est lui aussi remis en cause: samedi soir, Welt am Sonntag affirme qu'il serait insuffisant pour les 5.400 pilotes.
Les dernières minutes du vol
10h
L'avion décolle.
10h10
Le commandant de bord, à Lubitz : "je n’ai pas eu le temps d'aller aux toilettes avant le décollage. »
Lubitz : "Vas-y quand tu veux".
10h27
L'avion a atteint son altitude de croisière : 38000 pieds (11 500 mètres).
Le commandant demande à Lubitz de vérifier que l’avion peut passer en mode descente. Lubitz obtempère. Il répète au commandant une deuxième fois : « Tu peux y aller. Tu peux y aller maintenant ».
10h28
On distingue des bruits provenant d’un siège : le commandant ôte sa ceinture de sécurité. On entend la porte s’ouvrir. Le commandant dit à Lubitz : "tu contrôles maintenant".
Lubitz répond sur un ton qui se veut léger : « J'espère ».
10h30
Lubitz est seul dans la cabine. Il verrouille la porte blindée du cockpit grâce au bouton « Lock » : il est désormais impossible de l’ouvrir de l’extérieur.Puis on l’entend reprogrammer le pilotage automatique pour accélérer la vitesse de descente et passer de 38000 pieds (11 000 mètres) à 100 pieds (30 mètres) en quelques minutes.
10h33
La descente commence : l'avion perd 3000 pieds (900 mètres) d'altitude par minute.Le contrôle aérien s’en aperçoit. Il essaye à plusieurs reprises de contacter l’avion par radio. Lubitz ne répond pas.
On entend le commandant qui tente d’ouvrir la porte de la cabine et frappe à la porte : "c'est moi !".Il est face à une caméra reliée au cockpit : Lubitz le voit sur l’écran mais ne réagit pas.Le commandant s’empare d’une bouteille à oxygène ou d’un extincteur dans le but de défoncer la porte.Pas de réponse. Le commandant crie : "Pour l'amour de Dieu, ouvre cette porte!".
10h34
Une première alarme retentit, sonore et visuelle : « SINK RATE, PULL UP » (chute importante, redressez !).
Pas de réaction de Lubitz.
A travers la porte du cockpit, on entend les premiers passagers s’affoler dans les travées.
10h35
Le commandant demande qu’on aille chercher un-pied-de-biche caché à l’arrière de l’appareil.Des coups plus forts retentissent contre la porte, suivis de bruits métalliques.Le commandant essaye de tordre la porte avec le pied-de-biche.
10h37 et quelques secondes
Une seconde alarme se déclenche, sonore et visuelle : "TERRAIN, PULL UP" (Sol, redressez!). Toujours pas de réaction de Lubitz.
Le commandant : "Ouvre cette foutue porte !"
10h38
Malgré le vacarme ambiant,on identifie clairement le souffle de Lubitz parce qu’il a mis un masque à oxygène. Il respire normalement.L'avion est à 13 000 pieds (4000 mètres).
10h40
On entend un bruit violent qui vient de l’extérieur. Au même moment, à l'intérieur, des hurlements.L’Airbus vient de heurter une montagne avec son aile droite.
Plus aucun autre son que celui des alarmes et les cris des passagers.
10h41
L'avion heurte de plein fouet le massif de l’Estrop à 5000 pieds (1500 mètres d’altitude) et 800km/h.
Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement.
Le commandant de bord de l'Airbus A320 de la Germanwings se nommait Patrick Sondheimer.
Un Mirage 2000 avait décollé de la base aérienne d'Orange
À la base aérienne d’Orange, deux Mirages 2000 et un hélicoptère Fennec sont 24 heures sur 24 et sept jours sur sept en alerte.
À la perte de contact radio avec l’Airbus A320, le centre national des opérations aériennes de Lyon a déclenché un Mirage 2000, en permanence opérationnelle sur la base aérienne d’Orange. L’avion de chasse, en alerte, a immédiatement décollé pour se porter en une poignée de minutes jusqu’à la dernière position connue de l’Airbus. Mais à son arrivée, l’avion de ligne et ses 150 passagers avaient déjà percuté de plein fouet la montagne. « Le Mirage 2000 est arrivé après le crash. Les deux avions ne se sont pas croisés » précise-t-on au Sirpa air. Mais le chasseur ne pouvant voler à basse altitude et en stationnaire, des moyens aériens plus adaptés comme les hélicoptères de l’armée de l’air, de la gendarmerie et de la sécurité civile ont été dépêchés au-dessus de la zone de crash, dont un Fennec de la BA 115.
À la base aérienne d’Orange, deux Mirages 2000 et un hélicoptère Fennec sont 24 heures sur 24 et sept jours sur sept en alerte. Des aéronefs dont la mission est d’aller au contact d’avions en difficulté pour leur porter assistance et les intercepter au besoin.
TF121