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mardi 17 février 2015

Les pays d’Afrique centrale se penchent sur Boko Haram


Le groupe jihadiste nigérian Boko Haram n’est plus seulement une menace pour le seul Nigéria. Depuis plusieurs mois, il multiplie les incursions meurtrières dans l’extrême-nord du Cameroun et, plus récemment, au Niger et au Tchad.

Une force multinationale, avec 8.700 hommes va se mettre en place pour combattre Boko Haram. Mais avant d’être opérationnelle, elle doit recevoir un mandat des Nations unies. Parmi les pays contributeurs, l’on trouve le Nigéria, bien sûr, mais aussi le Niger, le Bénin, le Tchad et le Cameroun.

Les deux derniers pays font partie de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEAAC), dont le dernier sommet, qui vient de se terminer à Yaoundé, a largement évoqué la menace que représente Boko Haram. Aussi suprenant que cela puisse paraître, et même s’il ne fait pas partie de cette organisation internationale, le Nigéria, pourtant le premier concerné, n’y a envoyé aucune délégation.

Cela n’a d’ailleurs pas manqué d’étonner quelques journalistes, comme ceux du quotidien burkinabé « L’Observateur Paalga », qui se demande, dans son édition du jour, si « on peut discuter de Boko Haram sans Goodluck [le président nigérian, ndlr]« . Et le même journal de se rappeler qu’il en avait été de même le 20 janvier dernier, lors d’une réunion, à Niamey, des représentants des pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). « Décidément Goodluck n’est pas homme à se rincer le visage lorsqu’on lui lave le dos », écrit-il.

Quoi qu’il en soit, les présidents tchadien et camerounais ont obtenu ce qu’ils souhaitaient, c’est à dire l’activation, pour la première fois, du pacte d’assistance mutuelle et de solidarité qui lie les pays de la CEEAC. En clair : un appui militaire, logistique et financier à leurs opérations contre Boko Haram.

Pour rappel, le Tchad a envoyé au moins 2.000 soldats dans le nord du Cameroun afin d’y contrer les incursions des jihadistes nigérians. Mieux même : les forces tchadiennes ont lancé leur première offensive contre Boko Haram à Gamboru, au Nigéria, près de la frontière camerounaise.

Pour le président camerounais, Paul Biya, l’objectif est clair : « Il nous faut éradiquer Boko Haram », a-t-il dit. Les islamistes de Boko Haram sont les « partisans d’une société obscurantiste et tyrannique », a-t-il ajouté, avant de mettre en avant une « une totale impossibilité de compromis » avec « ces ennemis », tout en prenant soin de souligner que la lutte contre le terrorisme n’est « pas une croisade contre l’islam ».

Le président tchadien, Idriss Déby a assuré que « Boko Haram n’aura pas droit de cité en Afrique centrale » avant d’en appeler à une « plus grande mutualisation des efforts » contre le groupe jihadiste. Et il a exhorté les États d’Afrique centrale à « manifester leur solidarité agissante » et la communauté internationale à « apporter tout son soutien, matériel, diplomatique, financier, logistique et humanitaire aux efforts de la CEEAC ».

Au final, les deux chefs d’État ont donc obtenu ce qu’ils étaient venus chercher, à savoir une « aide d’urgence » de 76,2 millions d’euros que les pays membres de la CEEAC se sont engagés à apporter, ainsi que des soutiens en « troupes », en « équipements militaires » et des « appuis aériens ».

Reste à voir, parmi les pays qui ont pris ces engagements, ceux qui seront en mesure de les tenir… La Centrafrique a ainsi déjà ses problèmes à résoudre et ses capacités militaires sont proches du zéro absolu. L’effort devrait donc reposer sur le Congo, la Guinée équatoriale et plus encore sur le Gabon.

Par ailleurs, le communiqué final publié à l’issue du sommet encourage « particulièrement » le Nigéria « à accroître les synergies avec les autres pays du bassin du Lac Tchad », tout en soulignant « coopération exemplaire » du Tchad et du Cameroun. En clair, et sans langage diplomatique, Abuja doit faire mieux en la matière.

Justement, l’armée nigériane a affirmé, le 16 février au soir, avoir repris le contrôle de d’une ville de l’État de Borno tombée aux mains des jihadistes trois semaines plus tôt.

« Lors d’une opération militaire menée avec des frappes aériennes très bien coordonnées, nos troupes ont accompli ce (lundi) matin la mission de déloger les terroristes de Monguno et de ses environs », a ainsi déclaré le général Chris Olukolade, le porte-parole du ministère nigérian de la Défense. Le problème est que l’armée nigériane a souvent annoncé des victoires sur Boko Haram qui, pour beaucoup, ont été ensuite démenties sur le terrain…