Nasser Ben Ali al-Anassi; trop occupé à soigné son look, aura mis une semaine pour revendiqué l'attentat de Charlie Hebdo.
L'attaque survenue dans la rédaction de «Charlie Hebdo»
a été revendiquée mercredi par al-Qaïda au Yémen dans une vidéo.
«Des héros ont été recrutés et ils ont agi», y déclare l'un des dirigeants d'al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), Nasser Ben Ali al-Anassi. Il s'agit d'un acte de vengeance pour insulte au Prophète Mahomet, selon cette vidéo diffusée également sur YouTube. «En ce qui concerne la sainte Bataille de Paris, nous, l'Organisation d'al-Qaïda du Jihad dans la péninsule arabique, revendiquons la responsabilité de cette opération comme vengeance pour le messager de Dieu», déclare Nasser ben Ali al-Anassi, de la branche yéménite d'Aqpa. Il est également dit dans la vidéo que les deux tueurs avaient reçu pour instruction d'attaquer l'hebdomadaire.
Volonté posthume de Ben Laden
«Nous tenons à préciser à l'intention de la nation musulmane que c’est nous qui avons choisi la cible, financé l'opération et recruté son chef, a ajouté al-Anassi. L'opération a été menée sur ordre de notre émir général Ayman al-Zawahiri et conformément à la volonté posthume d'Oussama ben Laden.»
Ce dirigeant de la branche d'al-Qaïda installée au Yémen faisait référence aux auteurs de l'attentat contre le journal français, les frères Kouachi, dont l'un s'était réclamé d'Aqpa peu après l'attaque menée à Paris.
Contradiction totale avec la réalité
Amedy Coulibaly avait contracté un prêt de 6000 € qui aurait pu financer ses attentats auprès de Cofidis.
Selon des documents que nous nous sommes procurés en exclusivité, Amedy Coulibaly, a contracté un prêt de 6 000 €, début décembre, auprès de Cofidis. Un prêt de « moyenne gamme », selon l’entreprise de crédit, qui n’est pas tenue de demander une justification de l’objet des dépenses.
Dans une vidéo posthume publiée sur Internet dimanche, le terroriste Amedy Coulibaly indique avoir donné « quelques milliers d’euros » à un des frères Kouachi « pour qu’il finisse à boucler ce qu’il avait à acheter ». Il se pourrait bien que cette aide financière se soit faite… à crédit ! Dans des documents que nous nous sommes procurés en exclusivité, il s’avère que le 4 décembre 2014, Amedy Coulibaly a contracté un prêt personnel auprès de l’organisme de crédit Cofidis (voir la fiche en PDF), dont le siège est à Villeneuve-d’Ascq. Prêt d’un montant de 6 000 €. Selon un spécialiste, les armes retrouvées sur Coulibaly dans l’hypermarché de la porte de Vincennes avaient une valeur sur le marché noir de… 6 000 €.
Il est important de préciser que les organismes de crédit ne demandent jamais à leurs clients à quoi serviront les sommes demandées.
Par ailleurs, la grille de renseignements fourni pour contracter ce prêt atteste qu’Amedy Coulibaly a déclenché l’option pour recevoir les fonds dès le huitième jour et a ainsi réduit son droit de rétractation (prévu sur quatorze jours) afin d’avoir l’argent plus rapidement. Il a également souscrit une assurance décès pour ce prêt de 6 000 € qui au final, avec les intérêts, lui coûte 8 316 €. Ce contrat s’étale sur soixante mois. La première mensualité de remboursement de 138 € devait être prélevée le lundi 5 janvier.
Pour souscrire ce prêt, Amedy Coulibaly a joint toutes les pièces nécessaires. Ainsi, dans son dossier, on retrouve sa carte d’identité, sa dernière facture téléphonique, un relevé d’identité bancaire du Crédit Agricole de Paris et d’Ile-de-France, son avis d’imposition (où il déclare 33 714 € de revenu imposable pour l’année 2013), mais également une fiche de paie d’une entreprise de la région parisienne (qui n’est pas Coca Cola) qui indique qu’il a touché, pour le mois de novembre 2014, 2 978 €.
Dans son dossier, le terroriste mentionne qu’il y est embauché en CDI depuis mai 2007 en tant que chef de projet. En appelant la société au téléphone indiqué par Coulibaly, un message nous indique que « ce numéro n’est pas attribué ».
Cofidis : « Il n’y avait pas d’obligation à justifier les dépenses »
« Nous avons un métier couvert par le secret professionnel et bancaire, réagit dans un premier temps Gilles Sauret, directeur général de Cofidis France, joint en cours d’après-midi. Je ne peux donc faire aucun commentaire. »
Le principal responsable de Cofidis France consent néanmoins à expliquer que les sommes avancées correspondent à un « emprunt de moyenne gamme, souvent utilisé pour l’amélioration de l’habitat » et qu’il n’y a pas, dans un tel cas, « d’obligation légale à justifier de l’objet des dépenses ».
Quant aux pièces justificatives que nous avons obtenues – revenus 2013, facture de téléphone, fiche de salaire… – « elles sont assez importantes pour un prêt d’un montant assez faible. »
Pourquoi cette information est intéressante ?
Amedy Coulibaly était intégré, vivait dans un appartement à côté d’autres citoyens de notre société, gagnait un salaire non négligeable – 2 900 € net mensuels – et utilisait tous les ressorts de notre société de consommation.
Non, il n’était pas nécessairement financé par des groupuscules étrangers. Il était donc d’autant plus difficile à repérer.
La deuxième info, c’est que ce prêt a été contracté en décembre 2014. Amedy Coulibaly s’en est servi pour monter son opération, il ne peut y avoir de doute là-dessus. Ce qui veut bien dire qu’il avait prémédité son attaque.
Ces données ne sont ni futiles ni inutiles. Plus nous en saurons sur le mode de vie des trois Français qui ont semé la terreur la semaine dernière, sur la façon dont ils ont préparé leurs opérations – et il faudra continuer à enquêter sur eux ces jours prochains – plus la société française aura les moyens de se protéger à l’avenir.