Le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, a mis en garde mardi 13 janvier contre le risque de nouveaux attentats et les dangers de la radicalisation dans les prisons, dans un entretien à l'AFP.
"On n'empêchera pas un nouvel attentat (...) Mais on peut essayer d'empêcher le plus possible que cela se produise, sans entrer dans une société totalitaire", a-t-il déclaré, affirmant également que "les prisons sont un incubateur de radicalisation massive". «Il faut harmoniser les dispositifs pénaux, mais de grâce, n'envoyons pas tous ceux qui reviennent de Syrie en prison. Il vont encore être plus radicaux et il vont inspirer d'autres», a souligné le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme. «Parce qu'on sait combien la figure du vétéran inspire, même si le type faisait la vaisselle en Syrie et n'était pas en première ligne. Il va inventer qu'il était un grand héros, qu'il a décapité dix personnes», a-t-il ajouté.
Gilles de Kerchove a indiqué que les Français Mohammed Merah, auteur d'une série d'assassinats en mars 2012 à Toulouse (France), Mehdi Nemmouche, inculpé pour l'assassinat de quatre personnes au musée juif de Bruxelles en mai 2014, et Amedy Coulibaly, un des trois auteurs des attentats de Paris, «se sont radicalisés en prison».
«La menace de nouveaux attentats reste sérieuse», a-t-il dit. «Daesh (l'organisation de l'État islamique) veut agir et l'a annoncé. Al-Qaïda est fort dégradé mais veut rester dans la course et se rappeler à notre bon souvenir. Et il y a le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui recherche des Européens avec des passeports valides qui pourraient entrer facilement chez nous ou prendre l'avion», a-t-il expliqué.
«Il n'y a pas une solution miracle. C'est en jouant sur la palette de la prévention, de la détection, de la répression et la dimension internationale qu'on va essayer d'éviter le plus possible que cela se répète. Mais l'empêcher, non. On ne l'empêchera pas à 100%».
«Il y a malheureusement des armes qui viennent des Balkans, de Libye, qui sont en vente libre et il y a des fous. Quand vous avez un accès facile à la kalachnikov et des fous radicalisés, c'est extrêmement difficile de l'empêcher, mais on peut essayer le plus possible, sans entrer dans une société totalitaire», a-t-il affirmé.
Près de 3000 Européens sont considérés comme des combattants étrangers enrôlés pour rejoindre les groupes jihadistes en Syrie ou en Irak, et 30% sont rentrés dans les pays de l'UE, selon les données en sa possession. «Il faut rester très très vigilants», a insisté M. de Kerchove.
AFP