Le leader d’un des groupes insurgés les plus connus d’Irak serait un irakien mystérieux du nom d’Abdullah Rashid al-Baghdadi.
En tant que leader de l’Etat Islamique en Irak, une organisation chapeautée par Al-Qaïda, Baghdadi a publié un flux régulier de déclarations incendiaires. Bien que les représentants du gouvernement irakien aient annoncé sa mort en mai, Baghdadi semble toujours en vie.
Mercredi, un porte parole des forces américaines à fourni une nouvelle explication concernant les facultés de Baghdadi à échapper aux attaques dont il est la cible : il n’a jamais existé.
Le général de bridage Kevin Bergner, le porte-parole de l’armée américaine, a affirmé que Baghdadi était un personnage de fiction dont les déclarations audio étaient enregistrées par un acteur du nom de Abu Adullah al-Naima.
Le stratagème, a dit Bergner, a été conçu par Abu Ayub al-Masri, le leader egyptien d’Al-Qaïda en Mésopotamie, qui essaie ainsi de masquer le rôle dominant joué par les étrangers dans l’organisation.
Le plan était d’inventer Baghdadi, un personnage dont le nom en lui-même établi les origines irakiennes, de l’installer à la tête de l’organisation appelée Etat Islamique en Irak, et d’organiser l’allégeance de Masri. Ayman al-Zawahiri, le bras droit de Ben Laden, a contribué à renforcer l’existence de Baghdadi en se référant à lui dans ses vidéos et ses déclarations sur Internet.
Les preuves des affirmations américaines, que Bergner a présentées à une conférence de presse, ont été fournies par un insurgé irakien : Khalid Abdul Fatah Daud Mahmud al-Mashadani, qui aurait été capturé par les forces américaines à Mossoul le 4 Juillet.
Selon Bergner, Mashadani est le plus haut cadre opérationnel d’Al-Qaïda en Mésopotamie. Il a d’abord été membre du groupe Ansar al-Sunna avant de rejoindre Al-Qaïda en Mésopotamie il y a plus de deux ans dont il est devenu le « responsable media » pour tout l’Irak. Bergner a affirmé que Mashadani était également un intermédiaire entre Masri en Irak, et Ben Laden et Zawahiri, que les américains soupçonnent de soutenir et piloter leur affilié irakien.
Mashadani a confirmé que al-Masri et les leaders étrangers dont il s’est entouré, prennent les décisions opérationnelles, a continué Bergner.
La lutte entre l’armée américaine et les groupes insurgés affiliés à Al-Qaïda en Irak est politique aussi bien que militaire. L’un des buts de la conférence de presse de Mercredi semblait être de perturber les membres de ces groupes insurgés dont on pense qu’ils sont à 90% des irakiens, en leur suggérant qu’ils sont manipulés par des étrangers.
Un des éléments importants de la stratégie américaine en Irak est de couper Al-Qaïda des autres groupes insurgés et de la population sunnite.
Al-Qaïda en Mésopotamie a pour sa part engagé sa propre stratégie de propagande. L’Etat Islamique en Irak a récemment diffusé deux vidéos montrant une attaque dans la province de Diyala contre un véhicule américain Bradley au moyen d’une bombe placée au bord de la route, ainsi qu’un assaut contre un checkpoint de l’armée irakienne.
Bruce Riedel, un ancien officier de la CIA et expert du moyen-orient, a affirmé que les experts s’étaient longtemps demandé si Baghdadi existait. « Il y avait un gros point d’interrogation à ce sujet » a t-il affirmé.
Cependant, Riedel a suggéré que la conférence de presse de mercredi ne constituerai certainement pas le point final à propos de Baghdadi et des leaders d’Al-Qaïda en Mésopotamie. Même les déclarations de Mashadani pourraient être une couverture pour protéger l’existence de son leader.
« D’abord ils ont affirmé que nous l’avions tué », a dit Riedel, se référant à des déclarations d’officiels irakiens. « Ensuite, on l’a entendu à nouveau après sa mort, et maintenant ils disent qu’il n’a jamais existé. Cela suggère que nos renseignements en Irak ne sont pas fiables. »
Les porte-parole de l’armée américaine ont insisté sur le fait qu’ils avaient découvert la vérité sur Baghdadi. Mashadani, ont-ils dit, a collaboré parce qu’il en voulait aux leaders étrangers d’Al-Qaïda en Mésopotamie. Il n’a pas répudié l’organisation.
Michael R. Gordon