Israël a répliqué, samedi 3 janvier, à la demande palestinienne d'adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) pour traduire en justice les militaires israélien pour crimes de guerre, en gelant le transfert d'environ 100 millions d'euros de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne. Il s'agit de la première mesure de rétorsion israélienne au lendemain du dépôt officiel à l'ONU de la demande des Palestiniens de rejoindre le tribunal de La Haye, dans le but avoué d'y citer à comparaître des responsables israéliens.
Etat observateur à l'ONU depuis fin 2012, la Palestine peut désormais rejoindre des organisations internationales et le président Mahmoud Abbas a signé mercredi --au lendemain du rejet par le Conseil de sécurité d'un projet de résolution palestinienne sur la fin de l'occupation israélienne-- vingt nouvelles conventions, dont le Statut de Rome qui régit la CPI.
Au-delà de cette demande d'adhésion, officiellement déposée vendredi aux Nations unies et qui leur a valu les foudres d'Israël et des Etats-Unis, les Palestiniens entendent également revenir devant l'ONU avec le même projet de résolution rejeté en début de semaine à New York et qui prévoit la fin sous trois ans de l'occupation israélienne.
"C'est un nouveau crime de guerre israélien et nous ne reculerons pas face aux pressions", a aussitôt réagi le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat.
Depuis les Accords d'Oslo sur l'autonomie conclus en 1993, l'État hébreu collecte pour le compte de l'Autorité palestinienne des taxes qu'il lui reverse chaque mois. Ces fonds représentent près de la moitié du budget palestinien. Le ministère des Finances palestinien a indiqué que l'Autorité rencontrait des difficultés à payer ses fonctionnaires en raison de ce gel.
Menace de poursuites contre des dirigeants palestiniens
Israël pourrait en outre entamer des poursuites judiciaires contre des dirigeants palestiniens "pour crimes de guerre". Selon un communiqué transmis samedi à l'AFP, et attribué à "des sources proches d'un responsable gouvernemental israélien", ces poursuites devant des tribunaux aux États-Unis et ailleurs pourraient viser le président palestinien Mahmoud Abbas, l'Autorité palestinienne et "de hauts responsables palestiniens". Le texte ne donne toutefois aucun détail sur où et quand ces poursuites pourraient être lancées.
"Ces derniers jours, les responsables israéliens ont souligné que ceux qui devaient craindre des poursuites étaient les responsables de l'Autorité palestinienne qui opèrent au sein d'un gouvernement d'union avec le Hamas", affirme le communiqué israélien, évoquant une "organisation terroriste, qui comme (l'organisation jihadiste) État islamique, perpètre des crimes de guerre en tirant sur des civils depuis des zones densément peuplées".
Depuis plusieurs mois, les responsables israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahou en tête, multiplient en effet les déclarations visant à assimiler les exactions de l'EI en Irak et en Syrie aux "crimes de guerre" dont il accuse le Hamas.
Le mouvement islamiste est notamment accusé d'avoir utilisé les Gazaouis comme "bouclier humain" lors de la dernière offensive israélienne sur Gaza l'été dernier. En 50 jours, cette guerre, la troisième en six ans, a tué près de 2 200 Palestiniens, en grande majorité des civils, et fait plus de 70 morts côté israélien, quasiment tous des soldats.
Vendredi 2 janvier, trois jours après le rejet de leur résolution sur la fin, sous trois ans, de l'occupation israélienne, les Palestiniens ont demandé officiellement d'adhérer à la CPI. Outre la colère d'Israël, cette décision a provoqué le courroux des États-Unis qui jugent qu'elle ne fera qu'envenimer le conflit au Proche-Orient.
Netanyahou défend son armée d'occupation
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a prévenu, dimanche 4 janvier, qu'Israël s'opposerait à toute poursuite de ses soldats par la CPI. "Nous ne permettrons pas que les soldats et les officiers de Tsahal soient traînés devant le tribunal de La Haye", a déclaré M. Netanyahou à l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire. "Les soldats de Tsahal continueront de défendre l'État d'Israël avec courage et détermination, et de la même façon qu'ils nous protègent, nous les protègerons avec courage et détermination", a-t-il ajouté.
AFP