Une capture d'écran tirée d'une nouvelle vidéo diffusée par le groupe Jund al-Khilafah sur Internet, le 30 septembre.
© BFMTV
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D'anciens membres d'Aqmi
"Les premiers éléments de l'enquête ont permis d'identifier certains des membres du groupe terroriste" à l'origine de la mort d'Hervé Gourdel, a ainsi annoncé le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh, à la télévision publique algérienne, mardi, sans toutefois citer de noms. Grâce notamment à une vidéo de propagande diffusée ces dernières heures sur Internet par le groupe Jund al-Khilafah (en français, les "soldats du califat", ndlr), plusieurs anciens membres haut placés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont été reconnus.
Abou Abdallah Othman el-Assimi figure parmi les islamistes identifiés. Il s'agit de l'un des membres fondateurs du groupe terroriste algérien GSPC, Groupe salafiste pour la prédication et le combat, l'ancêtre direct d'Aqmi. Le groupe a en effet changé de nom en janvier 2007. Soupçonné d'être le cerveau de l'enlèvement d'Herbé Gourdel, Abou Abdallah Othman, responsable d'une dizaine d'attentats sur le sol algérien, est bien connu des services du pays.
Parmi les autres visages reconnus, celui d'Abou Hayane, alias Ismail Ould Djelli, un Mauritanien de 34 ans, lui aussi ancien membre d'Aqmi, dont il aurait rejoint les rangs en 2006. Selon le site Algérie1, Il s'agirait de l'un des deux hommes qui entouraient Hervé Gourdel dans la vidéo de revendication de l'enlèvement, diffusée le 22 septembre.
Enfin, Abdelmalek Gouri, alias Khaled Abou Souleimane, présenté comme le chef du groupe, fait également parti des ravisseurs connus. Cet ancien berger de 37 ans gravite dans le milieu islamiste algérien depuis plusieurs années: il a d'abord rejoint de GIA, le Groupe islamique armé, avant de rallier le GSPC, puis de prendre la tête d'une katiba (une unité de combat, ndlr) d'Aqmi, qui aurait commis plusieurs attentats-suicides en Algérie.
Une nouvelle vidéo diffusée mardi
Abdelmalek Gouri et les autres ravisseurs identifiés apparaissent notamment dans une nouvelle vidéo, diffusée mardi sur Internet par le groupe Jund al-Khilafah, dans laquelle celui-ci réitère son allégeance à l'Etat islamique. Selon RFI, la mise en scène de la vidéo, d'environ quatre minutes, se rapproche des méthodes de communication du groupe jihadiste opérant en Syrie et en Irak. Une trentaine d'hommes, debout ou accroupis, quasiment tous armés de kalachnikovs, sont visibles sur cette vidéo. Beaucoup ont le visage découvert.
Le parquet algérien a requis des mandats d'arrêt à l'encontre des ravisseurs identifiés, ainsi qu'une commission rogatoire pour "déterminer le lieu d'où a été postée la vidéo (de l'exécution) sur Internet". La justice a également ordonné une commission rogatoire afin d'identifier les autres membres du groupe. Malgré les importants moyens déployés par les autorités algériennes dans le massif montagneux du Djurdjura, en Kabylie, les soldats du califat restent, pour l'heure, introuvables.
Le 24 septembre, le groupe avait revendiqué l'exécution d'Hervé Gourdel dans une vidéo, après avoir lancé un ultimatum à la France pour l'arrêt de ses frappes aériennes en Irak, contre l'Etat islamique.
Deux hommes auraient été arrêtés en Algérie, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat d'Hervé Gourdel, selon les informations d'Europe 1.
Un tournant dans l'enquête sur l'assassinat d'Hervé Gourdel, en Algérie? Alors que les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver les ravisseurs et meurtriers du guide de montagne niçois, décapité par le groupe islamiste Jund al-Khilafah, qui se réclame de l'Etat islamique (également appelé "Daesh", ndlr), deux hommes auraient été arrêtés mardi en Kabylie par l'armée algérienne, selon Europe 1 et la presse algérienne.
Aucune confirmation des autorités algériennes
Ces deux personnes seraient susceptibles d'appartenir au groupe Jund al-Khilafah (en français, "les soldats du califat"), mais pour l'heure, leur implication précise dans la mort d'Hervé Gourdel n'est pas connue. Des combats à l'arme lourde ont eu lieu mardi entre des militaires et des jihadistes près de Tikjda, dans le massif du Djurdjura, en Kabylie, où a été enlevé Hervé Gourdel. Les deux hommes auraient été capturés à l'issue de cet accrochage.
"C'est une information assez difficile à confirmer pour le moment car aucune des autorités n'accepte de répondre sur cette question", souligne notre correspondante à Alger, Neïla Latrous. S'il est certain que les opérations militaires se poursuivent dans le massif du Djurdjura, et que 3.000 soldats sont toujours sur les traces des assassins d'Hervé Gourdel, les autorités du pays n'ont donné ni information ni démenti.
Des ravisseurs encerclés?
Le journal Le Soir d'Algérie affirme par ailleurs qu'une partie des ravisseurs auraient été localisés et encerclés par les militaires. Mardi, le ministre de la Justice algérien a annoncé que certains des ravisseurs d'Hervé Gourdel avaient été identifiés, une semaine après la diffusion de la vidéo de la décapitation du Français de 55 ans.
Sur une nouvelle vidéo de propagande diffusée mardi sur Internet par Jund al-Khilafah, plusieurs ancien membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), bien connus des autorités algériennes, ont été reconnus.
Pourquoi les autorités algériennes communiquent-elle autant?
Communiquer sur "l'identification" de ravisseurs toujours cachés dans les montagnes où Hervé Gourdel prévoyait d'exercer son métier de guide est une démarche inhabituelle. Mais elle fait sens en prenant le recul historique nécessaire. Ainsi, Louis Caprioli, conseiller du groupe Geos et ancien responsable de la lutte antiterroriste à la DST, revient à 1996 et au dramatique épisode de l'enlèvement suivi de l'exécution des moines de Tibehirine. "A l'époque, l'Algérie a été mise en accusation par beaucoup car elle n'avait pas mis en place de procédure judiciaire", explique le spécialiste.
Il faut toutefois se souvenir de l'ampleur du phénomène terroriste en Algérie dans les années 90: "Il y avait 20.000 maquisards et des villages entiers détenus par eux". Aujourd'hui, les choses sont très différentes et une commission rogatoire a été mise en place par l'Algérie, qui fait donc les choses dans les formes "Les autorités algériennes veulent bien montrer que l'Algérie est un Etat de droit", analyse Louis Caprioli. Pour cet expert, ce n'est justement pas un hasard si ces déclarations émanent du "ministre de la Justice" algérien.
Des terroristes depuis longtemps dans le circuit
Les vidéos mises en ligne par le groupe Jund al-Khilafah, qui a revendiqué le rapt du guide français, ont fourni aux enquêteurs algériens de précieux renseignements et peut-être un coup de pouce inattendu dans leur enquête. Mais que l'on évoque Abdelmalek Gouri, présenté comme le chef du groupe, ou Abou Hayane, un Mauritanien de 34 ans, ou encore Abou Abdallah Othman el-Assimi, tous ont un long passé de terroriste derrière eux. Les voir mêlés au meurtre d'Hervé Gourdel ne serait pas une surprise. Mais comment être sûr que ces "auteurs", tels que désignés par le ministre algérien, ont participé à l'enlèvement d'Hervé Gourdel?
"Un seul ravisseur" formellement identifié?
Pour Jean-Paul Rouiller, du Centre genevois d'analyse du terrorisme (GCTAT), "dès l'instant où les membres de Jund-al-Khilafah se sont présentés (vidéo de propagande diffusée mardi soir), les autorités algériennes n'ont eu qu'à recoller les pièces d'un puzzle en phase de constitution depuis le depuis le mois de mai de cette année".
Ce mois de mai, explique le spécialiste, correspond à la date de diffusion par al-Andalus, la branche média d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique), d'une déclaration audio d'Abou Abdallah Othman al Asimi. Or cette déclaration est accompagnée d'une photo qui correspond à l'un des visages identifiés sur les vidéos diffusées par les ravisseurs d'Hervé Gourdel.
La seconde pièce du puzzle est donnée par la vidéo d'allégeance à l'Etat islamique, diffusée mardi, où Abdelmalek Gouri peut être reconnu. "A partir du moment où vous avez les deux personnages principaux", il suffit en quelque sorte de remonter la filière.
Mais pour Jean-Paul Rouiller, Abou Hayane, qui apparaît "à gauche de l'otage" français sur la première vidéo (revendication du rapt) et ensuite "en arrière-plan sur la vidéo de l'exécution", est "le seul ravisseur - si encore une fois c'est bien lui - qui soit formellement identifié". "Rien ne permet d'affirmer que Gouri ou al Asimi étaient avec le groupe qui a enlevé Gourdel", conclut-il.
Des terroristes actifs depuis les années 90, pour la plupart
Parmi eux figure Abdelmalek Gouri, dit Khaled Abou Souleïmane, 37 ans, le chef de Jund al khalifa ("Les soldats du califat"), le groupe qui a revendiqué l'assassinat de Hervé Gourdel. L'autre principal suspect est son bras droit Abdallah Abou Meriem.
La plupart des 13 autres membres de ce groupe avaient rejoint les rangs des islamistes armés durant les années 1990 en pleine guerre civile en Algérie.
Les autorités algériennes avaient annoncé mardi avoir identifié des auteurs du rapt. L'enquête a été confiée à une juridiction d'Alger spécialisée dans les affaires de terrorisme et le crime organisé. A Paris, une information judiciaire a été parallèlement ouverte sur cette affaire.
Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans, avait été enlevé le 21 septembre à une centaine de kilomètres à l'est d'Alger par Jund al-Khilafa. Ce dernier l'a ensuite décapité en représailles, selon lui, à l'engagement de la France aux côtés des Etats-Unis dans les frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak.
Pourquoi les autorités algériennes communiquent-elle autant?
Communiquer sur "l'identification" de ravisseurs toujours cachés dans les montagnes où Hervé Gourdel prévoyait d'exercer son métier de guide est une démarche inhabituelle. Mais elle fait sens en prenant le recul historique nécessaire. Ainsi, Louis Caprioli, conseiller du groupe Geos et ancien responsable de la lutte antiterroriste à la DST, revient à 1996 et au dramatique épisode de l'enlèvement suivi de l'exécution des moines de Tibehirine. "A l'époque, l'Algérie a été mise en accusation par beaucoup car elle n'avait pas mis en place de procédure judiciaire", explique le spécialiste.
Il faut toutefois se souvenir de l'ampleur du phénomène terroriste en Algérie dans les années 90: "Il y avait 20.000 maquisards et des villages entiers détenus par eux". Aujourd'hui, les choses sont très différentes et une commission rogatoire a été mise en place par l'Algérie, qui fait donc les choses dans les formes "Les autorités algériennes veulent bien montrer que l'Algérie est un Etat de droit", analyse Louis Caprioli. Pour cet expert, ce n'est justement pas un hasard si ces déclarations émanent du "ministre de la Justice" algérien.
Des terroristes depuis longtemps dans le circuit
Les vidéos mises en ligne par le groupe Jund al-Khilafah, qui a revendiqué le rapt du guide français, ont fourni aux enquêteurs algériens de précieux renseignements et peut-être un coup de pouce inattendu dans leur enquête. Mais que l'on évoque Abdelmalek Gouri, présenté comme le chef du groupe, ou Abou Hayane, un Mauritanien de 34 ans, ou encore Abou Abdallah Othman el-Assimi, tous ont un long passé de terroriste derrière eux. Les voir mêlés au meurtre d'Hervé Gourdel ne serait pas une surprise. Mais comment être sûr que ces "auteurs", tels que désignés par le ministre algérien, ont participé à l'enlèvement d'Hervé Gourdel?
"Un seul ravisseur" formellement identifié?
Pour Jean-Paul Rouiller, du Centre genevois d'analyse du terrorisme (GCTAT), "dès l'instant où les membres de Jund-al-Khilafah se sont présentés (vidéo de propagande diffusée mardi soir), les autorités algériennes n'ont eu qu'à recoller les pièces d'un puzzle en phase de constitution depuis le depuis le mois de mai de cette année".
Ce mois de mai, explique le spécialiste, correspond à la date de diffusion par al-Andalus, la branche média d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique), d'une déclaration audio d'Abou Abdallah Othman al Asimi. Or cette déclaration est accompagnée d'une photo qui correspond à l'un des visages identifiés sur les vidéos diffusées par les ravisseurs d'Hervé Gourdel.
La seconde pièce du puzzle est donnée par la vidéo d'allégeance à l'Etat islamique, diffusée mardi, où Abdelmalek Gouri peut être reconnu. "A partir du moment où vous avez les deux personnages principaux", il suffit en quelque sorte de remonter la filière.
Mais pour Jean-Paul Rouiller, Abou Hayane, qui apparaît "à gauche de l'otage" français sur la première vidéo (revendication du rapt) et ensuite "en arrière-plan sur la vidéo de l'exécution", est "le seul ravisseur - si encore une fois c'est bien lui - qui soit formellement identifié". "Rien ne permet d'affirmer que Gouri ou al Asimi étaient avec le groupe qui a enlevé Gourdel", conclut-il.
Des terroristes actifs depuis les années 90, pour la plupart
Parmi eux figure Abdelmalek Gouri, dit Khaled Abou Souleïmane, 37 ans, le chef de Jund al khalifa ("Les soldats du califat"), le groupe qui a revendiqué l'assassinat de Hervé Gourdel. L'autre principal suspect est son bras droit Abdallah Abou Meriem.
La plupart des 13 autres membres de ce groupe avaient rejoint les rangs des islamistes armés durant les années 1990 en pleine guerre civile en Algérie.
Les autorités algériennes avaient annoncé mardi avoir identifié des auteurs du rapt. L'enquête a été confiée à une juridiction d'Alger spécialisée dans les affaires de terrorisme et le crime organisé. A Paris, une information judiciaire a été parallèlement ouverte sur cette affaire.
Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans, avait été enlevé le 21 septembre à une centaine de kilomètres à l'est d'Alger par Jund al-Khilafa. Ce dernier l'a ensuite décapité en représailles, selon lui, à l'engagement de la France aux côtés des Etats-Unis dans les frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak.
Adrienne Sigel
Antoine Heulard