Les combattants kurdes qui défendent la ville de Kobané (Aïn al-Arab), assiégée depuis plus de deux semaines par l’Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, ont lancé hier un appel à l’aide. Les djihadistes resserrent leur étau sur la ville, appuyés par des chars et de l’artillerie.
Esmat al-Cheikh, le commandant des forces kurdes défendant Kobané, a indiqué que les djihadistes se trouvent désormais à moins d’un kilomètre de la ville. La Turquie a annoncé qu’elle ferait tout son possible pour empêcher la chute de la ville mais une intervention militaire directe semble toujours exclue.
«Nous nous retrouvons assiégés dans une zone de plus en plus réduite. Nous ne recevons plus de renforts et la frontière est fermée», a-t-il déclaré par téléphone à Reuters. En cas de victoire de l’Etat islamique, a-t-il ajouté, «il faut s’attendre à un massacre général».
La coalition internationale conduite par les Etats-Unis a mené cette semaine des raids aériens contre les djihadistes près de Kobané sans parvenir à enrayer leur avance.
Hier, deux grands panaches de fumée s’élevaient à l’est de la ville et l’Etat islamique poursuivait son pilonnage de la localité, abandonnée par la plupart de ses habitants qui se sont réfugiés en Turquie.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une ONG proche de l’opposition syrienne, une soixantaine d’obus seraient tombés sur Kobané. De violents combats sont en cours à l’est et au sud-est de la ville.
Les combattants kurdes de l’YPG (équivalent syrien du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan en Turquie), tentent de repousser les assauts des islamistes, tandis que la population poursuit son exode vers la Turquie. Environ 180 000 personnes ont fui la région en deux semaines.
Jeudi soir, le Parlement turc a autorisé l’armée à intervenir si nécessaire contre les «groupes terroristes», en Syrie et en Irak. Mais Ankara entend toujours obtenir le départ du président syrien Bachar al-Assad.
Le gouvernement de Damas est renforcé par les frappes de la coalition internationale contre l’EI dans l’est car il peut ainsi intensifier ses opérations contre les insurgés dans l’ouest, le centre et le nord de la Syrie.
La Turquie réclame l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne dans le nord de la Syrie afin de ne pas trop renforcer le Gouvernement syrien. «S’il n’y a pas de zone d’exclusion, les bases de l’EI seront bombardées et le régime d’Assad, qui a commis tant de massacres, va prendre son temps et bombarder Alep», a dit le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.
L’armée syrienne s’est emparée hier, au nord d’Alep, de trois villages proches de la dernière grande voie d’approvisionnement des rebelles dans cette ville.