Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 25 septembre 2014

Un nouveau chef pour les services de renseignement pakistanais




Chaque changement à la tête des services de renseignement pakistanais est à suivre de près, quand on connaît les liens de ces derniers avec le mouvement taleb afghan et les doutes dont ils ont fait l’objet depuis le raid des forces spéciales américaines contre Oussama Ben Laden, le chef d’al-Qaïda, en mai 2011, à Abbottabad.

Et cela d’autant plus que le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, va prendre se terminer à la fin de cette année. Certes, le déblocage de la situation politique afghane, avec l’élection d’Ashraf Ghani à la présidence – reconnue par l’autre candidat, Abdullah Abdullah, qui l’avait contestée – permettra de lancer une nouvelle mission de l’Otan afin de soutenir les forces de sécurité. Mais sera-ce suffisant?

Or, la politique d’Islamabad – ou de ses services secrets – est de soutenir les groupes insurgés afghans avec l’idée de briser les liens entre Kaboul et New Delhi et se ménager une profondeur stratégique dans le cas d’une nouvelle guerre avec l’Inde. En 2011, l’amiral Mullen, alors chef d’état-major interarmées américain, avait accusé l’ISI de mener une « guerre par procuration » en Afghanistan en soutenant des groupes insurgés afghans, dont le réseau Haqqani et les taliban.

Seulement, le Pakistan doit aussi faire face aux attaques terroristes menées par ses propres taliban, c’est dire ceux du TTP (Tehrik-e-Taliban). Mais pour l’ISI, il y a les bons et les mauvais jihadistes. Les premiers sont ceux qui peuvent servir leurs desseins. Les seconds sont ceux qui s’attaquent aux autorités pakistanaises.

Depuis 2012, le général Zaheer ul-Islam avait été nommé à la tête de l’ISI, qui étaient alors au centre de plusieurs polémiques. Mais ce dernier sera remplacé, en novembre prochain, par le lieutenant général Rizwan Akhtar, le commandant des Rangers, un corps de paramilitaires, jusqu’alors affecté dans la province de Sind, dans la capitale est Karachi, régulièrement visée par des attentats (dont un récemment revendiqué par al-Qaïda pour le sous-continent indien, dont la création a récemment été annoncée).

Auparavant, lieutenant général Rizwan Akhtar avait été en poste, de 2007 à 2010, dans la zone tribale du Sud-Waziristan, où l’armée pakistanaise mena une opération contre des éléments jihadistes. Le prochain chef de l’ISI est diplômé du Collège militaire de Quetta et de l’Université de la Défense nationale d’Islamabad. Il a également reçu une formation aux États-Unis.

Le choix de Rizwan Akhtar a été proposé (imposé?) par le général Raheel Sharif, le chef de l’armée pakistanaise depuis 2013. Ce dernier a d’ailleurs profité d’une vague de nominations pour placer des hommes de confiance aux postes clés. Les militaires ont toujours un rôle important au Pakistan (ils l’ont gouverné pendant 30 ans depuis l’indépendance de 1947).

En outre, le pouvoir civil est fragilisé par des mouvements de contestation. Il a été dit que des généraux avaient eu l’intention, pendant un temps, de renverser l’actuel Premier ministre, Nawaz Sharif, lequel avait déjà connu pareille mésaventure en 1999 lors du coup d’État fomenté par le général Musharraf.