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mercredi 24 septembre 2014

Syrie: 2ème jour de frappes


Un avion de l'armée américaine venant de conduire des missions contre des positions de l'Etat islamique, 
le 23 septembre 2014. - © Brian Stephens - US Navy - AFP 


Ces frappes interviennent près de 24 heures après les premières frappes menées par Washington et ses alliés arabes.

La coalition dirigée par les Etats-Unis a frappé dans la nuit des positions de l'organisation Daesh (l'acronyme arabe de l'Etat islamique) dans les environs de la ville d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), encerclée par le groupe extrémiste, selon une ONG.

"Avant et après minuit, des avions venus de Turquie ont lancé plusieurs frappes sur des positions et des routes d'approvisionnement de l'EI à près de 35 km à l'ouest et au sud de Kobané", située à la frontière avec la Turquie, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ces raids interviennent près de 24 heures après les premières frappes menées par Washington et ses alliés arabes contre l'organisation jihadiste sur le sol syrien depuis le début de la lutte contre l'EI.

Il semble que le véritable objectif soit une autre entité nommée par le Renseignement US le « Groupe Khorasan ». Khorasan est le nom médiéval de l’Afghanistan et d’une partie de l’Iran. Il y a cinq jours, le directeur national du Renseignement US, James Clapper, avait pour la première fois cité ce groupe, assurant qu’il était composé d’anciens d’Afghanistan et qu’il recrutait des jihadistes en Syrie pour combattre sur le sol occidental.

WANTED
Muhsin al-Fadhli et Adel Radi Saqr al-Wahabi al-Harbi

Selon le New York Times, citant le département d’État, son leader Muhsin Al-Fadli (photo) aurait été un intime d’Oussama Ben Laden et aurait été impliqué dans les attentats du 11-Septembre. Le nom de Muhsin Al-Fadli avait été cité en 2005 par le président George W. Bush qui l’avait désigné comme responsable de l’attentat contre le pétrolier français Limburg au Yémen.

Selon Washington, il aurait aidé Abou Moussab al-Zarkaoui (le fondateur de ce qui allait devenir plus tard l’EI) contre les troupes américaines en Irak.

On trouve ensuite sa trace en Iran, où il a été dit qu’il avait remplacé Abdel Aziz Khalil Ezedin (alias Yasin al-Suri) en tant que chef d’Al-Qaïda dans ce pays. Et, en 2012, sa tête avait été mise à prix par Washington à 7 millions de dollars.

Les relations entre les autorités iraniennes et l’organisation fondée par Ben Laden ont toujours été complexes et ambigues.

« Les deux sont historiquement alliés dans leur lutte contre l’Occident depuis 2001. L’Iran est devenu un territoire de transit pour nombre de combattants jihadistes en route ou de retour d’Afghanistan. (…) Les autorités iraniennes ont toujours soufflé le chaud et le froid, jouant des laisser-passer et des expulsions de combattants liés à Al-Qaida selon ses intérêts. Leur objectif était de montrer qu’elles étaient capables d’arrêter ces transits de jihadistes, mais qu’elle pouvait aussi, quand elle le désirait, fermer les yeux. (…) Lorsque des divergences d’intérêts apparaissaient entre l’Iran et Al-Qaida, les combattants de la nébuleuse jihadiste se trouvaient inquiétés, voire expulsés », expliquait, dans les colonnes du Monde, Dominique Thomas, un spécialiste des réseaux terroristes.

À la mi-2013, al-Fadhli s’est installé en Syrie. On l’a su grâce à une enquête de l’Arab Times, publiée en mars dernier, et selon laquelle il aurait agi sur ordre d’Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaïda, pour trancher le différent entre le Front al-Nosra et l’EI (qui s’appelait encore à l’époque « État islamique en Irak et au Levant, EIIL).

Tout cela était resté relativement confidentiel jusqu’à ce une récente intervention de James Clapper, le directeur du renseignement américain (DNI). Ainsi, selon ce dernier, « en termes de menace pour la patrie, Khorasan pose une menace au moins aussi grande menace que celle de l’État islamique », a-t-il affirmé. Et pour les responsables de services d’outre-Atlantique, le fait de se focaliser sur l’EI a permis à Muhsin al-Fadhli de se faire très discret.

Or, le plus grand danger immédiat, selon eux, ne vient pas forcément de l’EI, qui est, pour le moment, dans une logique de conquête territoriale, mais plutôt de Khorasan. Pourquoi? Parce que ce groupe, composés de vétérans du jihad, s’attacherait à recruter en priorité des jihadistes occidentaux et qu’il s’est spécialisé dans les attaques commises avec des explosifs dissimulés, à l’instar d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), avec qui il aurait des liens.

La décision prise en juillet dernier par les autorités américaines d’interdire à bord des avions les téléphones et les ordinateurs portables aux batteries déchargées aurait un lien avec les activités de Khorasan.

« Les efforts répétés du groupe pour dissimuler des explosifs dans les avions montrent à quel point ils persévèrent à réaliser des attaques de grande envergure contre l’Occident, mais aussi leurs connaissances des systèmes de sécurité occidentaux et leurs efforts pour s’y adapter », a expliqué Nicolas Rasmussen, le directeur adjoint du Centre national de lutte contre le terrorisme, lors d’une audition récente devant une commission du Sénat américain.

Visiblement, le danger était important de voir le groupe Khorasan de passer à l’action dans un avenir proche. D’où le bombardement de ses installations par les forces américaines. Au total, les 8 frappes effectuées ont visé des camps d’entraînement, une installation de production d’explosifs et de munitions, un bâtiment de communication et des installations de commandement

« Les Etats-Unis espèrent ainsi avoir empêché la préparation d’attaques imminentes contre les intérêts américains et occidentaux, menée par un réseau composé de vétérans aguerris d’Al-Qaïda – un réseau parfois appelé groupe Khorassan – qui a trouvé refuge en Syrie où il peut tranquillement préparer des attaques ou attentats, construire et tester des engins explosifs, et recruter des Occidentaux pour mener ces attaques », a expliqué l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, dans un communiqué.

TF121