Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 25 juillet 2014

La véritable histoire du soldat inconnu


La tradition de la tombe du Soldat inconnu est née de la Première Guerre mondiale et se retrouve dans de nombreux pays. Une telle tombe contient les restes d'un soldat tué au combat et dont on ignore le nom et quelquefois même la nationalité.

Les deux premiers soldats inconnus installés furent un Français et un Anglais, le 11 novembre 1920, en l'honneur des combattants tués pendant la Première Guerre mondiale. La tombe du Soldat inconnu anglais se trouve à Londres à l'abbaye de Westminster et la tombe du Soldat inconnu français se trouve à Paris, sous l'Arc de triomphe de l'Étoile.

Dans le monde

Algérie : sous le Monument des Martyrs, à Alger.
Belgique : voir Colonne du Congrès à Bruxelles.
Bulgarie : la Flamme du soldat inconnu à Sofia.
Canada : la tombe du Soldat inconnu, devant le Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa.
Espagne : le Monumento a los Caídos por España, à Madrid, contient les restes de combattants inconnus tombés lors du soulèvement du Dos de Mayo et le Fossar de les Moreres, contient les restes de combattants inconnus tombés lors de la défense de la ville de Barcelone, durant la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714).
États-Unis : la Tombe des Inconnus, au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
France : la tombe du Soldat inconnu, sous l'Arc de Triomphe de l'Etoile à Paris.
Grèce : la tombe du Soldat inconnu sur la place Syntagma, à Athènes.
Irak : la tombe du Soldat inconnu, à Bagdad.
Inde : La tombe du Soldat inconnu situé sous l'India Gate à New Delhi.
Italie : la tombe du Soldat inconnu située au monument à Victor-Emmanuel II à Rome.
Maroc : la tombe du Soldat inconnu est située au pied de la Tour Hassan à Rabat.
Pologne: une tombe du soldat inconnu (pl) est située à Varsovie, une (pl) à Cracovie, une autre (pl) à Łódź, et un Monument à l'insurgé inconnu (pl) de l'insurrection de Grande-Pologne à Bydgoszcz.
Portugal : la tombe du Soldat inconnu, au monastère de Batalha.
Roumanie : la tombe du Soldat inconnu, à Bucarest.
Royaume-Uni : la tombe du Soldat inconnu, à Londres.
Russie : la tombe du Soldat inconnu, à Moscou.
Serbie : la Monument au Soldat inconnu du mont Avala, au sommet du mont Avala, au sud-est de Belgrade.
Syrie  : la tombe du soldat inconnu tombé pendant la Guerre du Kippour se trouve dans la région de Najha.


En France :

La tombe du Soldat inconnu a été installée sous l'arc de Triomphe de la place de l'Étoile le 11 novembre 1920. Il s'agit d'un soldat non identifié (reconnu français), qui représente tous les soldats tués au cours de la Première Guerre mondiale. En 1923, une flamme éternelle est allumée ; elle est ravivée tous les soirs à 18 h 30.

La tombe est faite en granite de Vire.


Commémorer un Soldat inconnu : de l'idée à la réalisation  

Le président du Souvenir français (association fondée en 1887 pour entretenir le souvenir des morts de la guerre franco-prussienne de 1870) évoque le premier l'idée « d'ouvrir les portes du Panthéon à l'un des combattants ignorés morts bravement » le 20 novembre 1916. L'idée ne se concrétise véritablement qu'après la fin de la guerre mais elle prend d'abord la forme d'un livre d'or rappelant tous les morts de la guerre : ce livre serait placé au sein du Panthéon. L'idée chemine et la Chambre des députés adopte finalement le 12 septembre 1919 la proposition d'inhumer « un déshérité de la mort ».

Le gouvernement a lui d'autres projets : profiter du 2e anniversaire de l'Armistice pour célébrer le cinquantenaire de la Troisième République et porter le cœur de Gambetta au Panthéon : il s'agissait de donner un sens de continuité aux deux conflits, celui de 1870 perdu et celui de 1914-18 gagné, pour asseoir la victoire de la France sur l'Allemagne. Les deux projets, celui porté par l'exécutif et celui porté par la Chambre, alimentent un clivage politique, et finalement le 8 novembre 1920, la Chambre transige en proposant comme sépulture l'arc de Triomphe et non plus le Panthéon. C'est André Maginot, ministre des Pensions et lui-même mutilé de guerre, qui préside la cérémonie de choix du soldat à inhumer : elle se déroule dans le lieu mythique de la Grande guerre : la citadelle de Verdun.

Choix du Soldat inconnu 

Auguste Thin, soldat de deuxième classe du 132e régiment d'infanterie, alors âgé de vingt et un ans, avait été chargé de désigner, le 8 novembre 1920, le soldat inconnu qui reposera sous l'arc de Triomphe.

Huit corps de soldats ayant servi sous l'uniforme français mais qui n'avaient pu être identifiés ont été exhumés dans les huit régions où s'étaient déroulés les combats les plus meurtriers : en Flandres, en Artois, dans la Somme, en Île-de-France, au Chemin des Dames, en Champagne, à Verdun et en Lorraine.

Le 9 novembre 1920, les huit cercueils de chêne ont été transférés à la citadelle de Verdun, dans une casemate où ils ont été plusieurs fois changés de place pour préserver l'anonymat de la provenance de chacun d'entre eux.



Le 10 novembre, les cercueils ont été placés sur deux colonnes de quatre dans une chapelle ardente dont la garde d'honneur fut confiée à une compagnie du 132e régiment d'infanterie. André Maginot, ministre des Pensions, s'est avancé vers un des jeunes soldats qui assurait la garde d'honneur, Auguste Thin, engagé volontaire de la classe 1919, fils d'un combattant disparu pendant la guerre, pupille de la nation.

Il lui tendit un bouquet d'œillets blancs et rouges, et lui exposa le principe de la désignation : le cercueil sur lequel ce jeune soldat allait déposer ce bouquet serait transféré à Paris et inhumé sous l'arc de Triomphe.


« Il me vint une pensée simple. J'appartiens au 6e corps. En additionnant les chiffres de mon régiment, le 132, c'est également le chiffre 6 que je retiens. Ma décision est prise : ce sera le 6e cercueil que je rencontrerai. »
Auguste Thin

Partant par la droite, Auguste Thin a fait un tour, puis il a longé les quatre cercueils de droite, a tourné à gauche, est passé devant le 5e et s'est arrêté devant le 6e cercueil sur lequel il a déposé son bouquet et s'est figé au garde-à-vous.

L'inhumation

Après que le deuxième classe Auguste Thin fit son choix le 10 novembre 1920, le cercueil du soldat inconnu quitta Verdun dans la foulée sous escorte militaire. Il fut transporté à Paris par train et veillé toute la nuit place Denfert-Rochereau. Le cercueil fit une entrée solennelle sous l'arc de Triomphe le 11 novembre 1920, mais ne fut mis en terre que le 28 janvier 1921.





La flamme 


La flamme jaillit d’une gueule de canon placée au centre d’un bouclier de bronze, d’où rayonne une frise de glaives ciselés.


Le 81e régiment d'infanterie de ligne (surnommé « régiment de la flamme ») ranimait chaque année, en déléguant un piquet d'honneur, la flamme du Soldat inconnu. Ce régiment, transféré à Montpellier en 1983 et devenu régiment de manœuvre de l'École d'application de l'infanterie, a été dissous en 1995.

Suite à l’idée de faire brûler une flamme en permanence, idée émise début 1921 par le sculpteur ariégeois Grégoire Calvet, puis en octobre 1923 par l’écrivain-journaliste Gabriel Boissy, Jacques Péricard proposa de faire ranimer celle-ci chaque jour par des anciens combattants et l’opinion publique soutint ce projet. L’architecte Henri Favier dessina la bouche à feu (gueule d’un canon braqué vers le ciel, encastré au centre d’une sorte de rosace représentant un bouclier renversé dont la surface ciselée est constituée par des glaives formant étoile) qui fut réalisée par le ferronnier d’art Edgar Brandt. La flamme sacrée sous l’arc de Triomphe fut ainsi allumée pour la première fois le 11 novembre 1923 à 18 heures par André Maginot, ministre de la Guerre, tandis que les troupes du 5e régiment d’infanterie présentaient les armes et que la musique jouait la Marche funèbre de Chopin. Le 81e régiment d’infanterie de ligne (surnommé « régiment de la flamme ») ranimait chaque année, en déléguant un piquet d’honneur, la flamme du Soldat inconnu. Ce régiment, transféré à Montpellier en 1983 et devenu régiment de manœuvre de l’École d’application de l’infanterie, a été dissous en 1995

Le « ravivage de la flamme » sur la tombe du Soldat Inconnu a lieu depuis chaque soir à 18h30. Il est assuré par le Comité de la flamme (représentant 760 associations d’anciens combattants) ou des associations dont le civisme est reconnu, selon un cérémonial précis : défilé jusque sous l’Arc de Triomphe, porteurs de gerbes en tête, suivis des porte-drapeaux et des membres de l’association ; disposition ordonnancée autour de la Dalle Sacrée, mise en place du drapeau de « La Flamme », du clairon et du tambour de la Garde Républicaine ; montée du Commissaire de la Flamme et des présidents d’Associations accompagnée par la sonnerie « La Flamme » pour la dépose de gerbes ; ravivage par un glaive qui ouvre un peu plus la trappe de la flamme pendant que la sonnerie « Aux Morts » retentit, que les drapeaux s’inclinent et qu’une minute de silence est observée ; signature du Livre d’Or, salutations des membres alignés le long de la Dalle, écoute au « pied » de la Tombe de l’hymne « Honneur au Soldat Inconnu » ; raccompagnement aux chaînes par le Commissaire de service alors que la musique sonne « La Flamme »



La véritable histoire du soldat inconnu 



Egger Ph.