Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 1 juin 2014

Sondage: les Suisses sont attachés à leur armée



Même s'ils ont dit non au Gripen, les Suisses tiennent à l'armée et ont de plus en plus confiance en elle. C'est un sondage de l'EPFZ réalisé auprès de 1'200 personnes qui le dit.

Les Suisses tiennent à l'armée et ils ont de plus en plus confiance en elle. Ce résultat du sondage annuel de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich sur la sécurité redore le blason de l'institution malmenée le 18 mai.

L'enquête a été menée en janvier, soit quatre mois avant le veto du peuple à l'achat de nouveaux avions de combat. Les réponses des 1200 personnes témoignent d'une attitude par rapport à l'armée nettement plus positive qu'en 2013.

Les personnes en faveur d'une autonomie militaire ou d'une autonomie absolue sont de plus en plus nombreuses. Mais elles ne constituent pas une majorité. 

Une majorité de Suisses privilégient l'armée de milice. Seule une minorité se dit favorable à l'abolition de l'obligation de servir. Pour la majorité, des missions comme l'aide en cas de catastrophe sur le territoire national et le soutien au Corps des garde-frontières lors d'importants flux de réfugiés sont appelés à jouer un rôle plus important pour l'armée.

Pour la milice

L'armée professionnelle n'a les faveurs que de 33% des Suisses (-4%), une proportion jamais aussi faible depuis 20 ans. Le système de milice est au contraire soutenu par 61% de la population, soit 5% de plus qu'en 2013.

Les jeunes sont nettement plus critiques: seuls 43% des 20 à 29 ans soutiennent le service militaire, un chiffre en baisse de 13% en un an. Près d'un jeune et d'un Romand sur deux voudrait même abolir l'obligation de servir alors que cette idée ne séduit que 37% des Suisses.

Budget militaire correct

Le budget de la défense a également été analysé. Pour une proportion record de 49% des sondés, les dépenses de l'armée sont correctes. La part de ceux qui les estiment exagérées tombe pour la première fois sous la barre des 40% (37%). Celle de ceux qui voudraient gonfler les dépenses militaires reste stable à 9%.

L'armée devrait assumer davantage de tâches civiles. L'aide en cas de catastrophe en Suisse et le soutien au Corps des garde-frontières lors d'importants flux de réfugiés devraient gagner en importance, estime une large majorité de la population. L'envoi de troupes armées à l'étranger dans le cadre de missions d'organisations internationales devrait en revanche perdre du terrain.

Environ la moitié des sondés se prononce en faveur d'une autonomie militaire. L'autonomie absolue recueille 39% de suffrages. Un Suisse sur trois reste favorable à l'adhésion à l'OTAN, mais une entrée dans l'UE ne convainc plus que 16% de la population.

Neutralité sacrée

Le soutien à la neutralité n'a d'ailleurs jamais été aussi fort: 96% de la population et même 99% des jeunes de 18 à 29 ans plébiscitent ce principe.

Les Helvètes sont de toute façon confiants. Quatre sur cinq sont optimistes sur l'avenir immédiat du pays et neuf sur dix se sentent en sécurité. Ils ne craignent pas d'attaques physiques et s'inquiètent plutôt de protection des données et d'éventuelles cyberattaques, ainsi que du respect de l'environnement.

L'enquête a été réalisée par l'institut Isopublic auprès de 1200 personnes dans toutes les régions linguistiques du pays. Sa marge d'erreur est de plus ou moins 3%.



Ueli Maurer paie très cher sa défaite

La Suisse n’aura pas de nouvel avion de combat dans l’immédiat. Elle y survivra. Plus gênant, sa politique de sécurité se cherche depuis des années un pilote. 

La bagarre autour des millions du Gripen en apporte une nouvelle preuve. Sur le fond, la décision du Conseil fédéral se justifie: pas d’avion, pas d’argent. Elle n’en contredit pas moins une décision démocratique du parlement pour une planification financière à hauteur de 5 milliards de francs par an pour l’armée. Le gouvernement passe outre, laissant même entendre que pour après 2016, les militaires sont tout sauf assurés d’obtenir les moyens financiers promis.

Tout dépendra du projet de développement de l’armée que présentera Ueli Maurer cet automne. Ce document ne réussira toutefois pas à mettre un terme au débat sur notre politique de sécurité. La Suisse ne sait en effet plus quelle armée elle veut. Il n’existe de consensus ni sur ses missions, ni sur son budget. Pour sortir de l’ornière, il incomberait au Conseil fédéral de montrer la voie. Las, il est lui aussi divisé. Minoritaire, Ueli Maurer s’obstine à défendre une armée du passé. Ses collègues sont donc tentés de lui retirer le manche à balai. Mais cette double commande est nuisible. Elle conduit tout droit au surplace. Ou pire, au crash.

Serge Gumy