Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri, dit Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi, Dr. Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Samarrai ou Abou Du'a, est un islamiste irakien, chef de l'État islamique en Irak et au Levant.
Il est le successeur présumé de Hamid Daoud Muhammad Khalil al-Zawi à la tête de l'État islamique d'Irak.
À partir d'octobre 2011, il figure parmi les trois terroristes les plus recherchés par le gouvernement américain qui offre une prime de 10 millions de dollars pour sa capture.
Abou Bakr al-Baghdadi, de son véritable nom Ibrahim Ali al-Badri, est le leader des djihadistes en Irak. © HO - / HO / AFP
Ce n'est pas seulement parce que l'avancée des militants islamistes de l'EIIL l'oblige à prendre quelques mesures de précaution que Barack Obama a envoyé en urgence 275 marines protéger l'ambassade des États-Unis à Bagdad. C'est aussi parce qu'il peut craindre, si par malheur les djihadistes poursuivent leur avantage et s'emparent de la capitale irakienne, que la sauvagerie déjà manifestée dans les villes qu'ils ont prises, comme en témoignent les photos d'exécution de masse diffusées par eux-mêmes, ne s'exerce sur les diplomates américains présents. À défaut de pouvoir frapper l'Amérique.
Pour le moment, l'offensive des fanatiques de la charia semble avoir été enrayée par l'appel à la mobilisation du cheikh al-Sistani, le leader religieux charismatique des chiites d'Irak. Plus que par les discours du Premier ministre al-Maliki demandant à l'armée de se ressaisir. Mais les Américains ont été tellement estomaqués par la débandade presque sans résistance d'une armée largement supérieure en nombre et en matériel, qu'ils croyaient avoir formée pour qu'elle résiste à ce genre d'assaut, qu'ils ne veulent prendre aucun risque pour leurs ressortissants.
C'est que les services américains connaissent plutôt bien le nouveau leader des djihadistes qui se fait appeler Abou Bakr al-Baghdadi. Son véritable nom est Ibrahim Ali al-Badri et il a été prisonnier des Américains entre 2004 et 2009 au camp Bucca, en Irak, après avoir été pris lors de combats contre les militants d'al-Qaida. Lorsqu'il a été relâché, dans le cadre des mesures d'apaisement décidées par Obama, un de ceux qui étaient chargés de sa détention, le colonel Kenneth King, se souvient parfaitement qu'il a dit à ceux qui le gardaient : "Vous verrez, on se reverra bientôt à New York."
Menace terroriste
Simple forfanterie d'un homme délivré de ses geôliers, diront les optimistes. Peut-être. Mais les Américains ont parfois raison de prendre ce genre de promesse au pied de la lettre. D'autant qu'al-Bagdadi savait en disant cela, pas tout à fait par hasard, qu'il s'adressait à des hommes qui, dans le civil, étaient pour la plupart des policiers ou des gardiens de prison de New York. Et depuis le 11 Septembre et l'attaque des avions détournés par les hommes de Ben Laden sur les tours du World Trade Center, symbole de la puissance américaine, au coeur de la ville emblématique de leur influence, les présidents américains ne prennent aucun risque.
Même si la menace militaire directe que font peser les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant était rapidement enrayée, avec la mobilisation de la communauté chiite irakienne et du Hezbollah, allié de l'Iran voisin, la menace terroriste, elle, demeurera. Au moins tant que les djihadistes disposeront d'un territoire sanctuarisé et donc de possibles camps d'entraînement pour des apprentis kamikazes venus d'Europe ou d'ailleurs brûlant de frapper les "croisés", comme ils disent.
Le mystérieux leader de l’Etat islamique en Irak et au Levant s’est peu à peu érigé en porte-drapeau de la guerre sainte livrée par les extrémistes sunnites, allant jusqu’à éclipser la nébuleuse Al-Qaeda, avec laquelle la rupture est consommée.
Il est le portrait inversé d’Oussama ben Laden : sur les vidéos, le Saoudien apparaissait soigné, bien mis et, même traqué, au fin fond des âpres vallées de l’Hindu Kush, entre Afghanistan et Pakistan, il n’était jamais sans élégance. Face à la caméra, volontiers complaisant avec elle, il cultivait une image d’aristocrate du jihad international.
Celui qui prétend le remplacer, Abou Bakr al-Baghdadi ne joue pas, lui, sur le registre de la séduction. Au contraire, il fuit les regards, ne se montre jamais, ne dévoile même pas le bout d’une oreille. Il n’existe d’ailleurs que deux photos de lui - mais est-ce bien lui ? - l’une du FBI, l’autre du ministère irakien de l’Intérieur (ci-dessus). La première nous montre un homme au visage un peu bouffi, mal rasé, le cheveu court, avec des yeux inexpressifs, où ne flambe aucune lueur, aucune passion, pas même la haine, et qui évoque davantage un camionneur turc au bout d’un long périple qu’un religieux et chef islamiste de haut vol. La seconde n’est pas moins mystérieuse : il porte veste et cravate, d’où cette impression de notable aisé, renforcée par une barbe bien taillée.
Extrême cruauté. En fait, Abou Bakr al-Baghdadi est un homme invisible, qui existe sans exister et dont on ne sait quasiment rien. Mais c’est lui que veulent désormais suivre les jihadistes du monde entier, y compris des centaines de jeunes musulmans des banlieues françaises.
Cette énigme contribue d’ailleurs à faire la force d’Abou Bakr al-Baghdadi, tout autant que son extrême cruauté. A Bagdad, tout le monde a entendu parler de lui, mais personne ne sait vraiment comment il a brutalement émergé sur la scène du jihad mondial, comment, en quelques mois, il est devenu l’homme par qui la terreur arrive, comment il a relégué l’actuel chef d’Al-Qaeda, Ayman al-Zawahiri, dans les greniers du jihad.
L’armée d’Abou Bakr al-Baghdadi, c’est l’Etat islamique en Irak et au Levant, une organisation que l’on désigne surtout par ses acronymes français (EIIL), anglais (Isis) ou arabe (Daech). Ses forces combattantes sont autrement plus importantes que celles dont disposait Oussama ben Laden lorsqu’il était au sommet de sa gloire, en 2001. Sur le front irakien, où elles sont le fer de lance de la coalition sunnite contre le gouvernement de Nouri al-Maliki, elles sont estimées à entre 5 000 et 6 000 combattants. Sur le front syrien, où elles se battent à la fois contre le régime de Bachar al-Assad et les autres composantes de la rébellion, elles atteindraient 12 000 hommes - Charles Lister, un expert du Brookings Center à Doha (Qatar), donne une évaluation moindre : de 6 000 à 7 000 combattants.
En Irak, Daech, après s’être emparé jeudi de la province pétrolière de Ninive et de son chef-lieu, Mossoul, une ville de 2 millions d’habitants, règne désormais sur le tiers du pays (lire page 4). En janvier, il s’était déjà emparé de la grande ville de Fallouja (320 000 habitants), située à 60 km de Bagdad, et de certains quartiers de Ramadi, le chef-lieu de la province d’Al-Anbar, berceau de l’insurrection. Depuis quelques mois, il a aussi atteint les faubourgs sunnites du nord de la capitale, obligeant le gouvernement à évacuer les centaines de détenus de la sinistre prison d’Abou Ghraib. «Rampez vers Bagdad», a ordonné Abou Bakr al-Baghdadi à ses hommes depuis son QG secret. Avant l’attaque, ses commandos ont fait sauter un pont sur le Tigre, tout près de la capitale, pour empêcher l’armée irakienne de gagner le Nord.
Noble famille. Pour autant, Abou Bakr al-Baghdadi demeure l’homme qui n’existe pas. Son nom est un nom de guerre qui fait référence à Abou Bakr, le premier calife successeur de Mahomet, personnage mythique pour les sunnites, dont l’empire comprenait la péninsule Arabique, l’actuelle Jordanie, une partie de l’Irak et de la Syrie. Son nom, Al-Baghdadi témoigne simplement du fait qu’il est irakien. «Je connais son véritable nom : Ibrahim al-Badri al-Samaraï. Donc, lui ou sa famille sont originaires de Samarra. Mais c’est à peu près tout», confesse Ihsan al-Shemari, professeur de relations internationales à l’université de Bagdad et président du Centre de réflexion politique.
Effectivement, Al-Baghdadi est bien né à Samarra, célèbre ville sainte chiite mais majoritairement habitée par des sunnites, où les deux communautés se sont violemment affrontées. Il a étudié à l’Université islamique de Bagdad, où il a obtenu masters et PHD en sciences islamiques, en droit et jurisprudence islamiques. Sur les sites jihadistes, on apprend qu’il appartient à des tribus liées à l’histoire sainte musulmane, les Hosseinieh et les Qureishi, et descend d’une noble et pieuse famille, avec des frères et des oncles prêcheurs ou professeurs d’arabe classique.
Pour comprendre qui est le jihadiste invisible, il faut revenir à l’invasion américaine de 2003. A cette époque s’est créé l’Etat islamique d’Irak, un groupe qui multiplie les attentats à la fois contre l’US Army et contre les quartiers chiites de Bagdad, faisant des milliers de victimes. Son chef militaire est un Jordanien, Abou Moussab al-Zarqaoui. Il laissera l’image d’un homme extrêmement cruel : sur une vidéo, on le verra encagoulé en train d’égorger un jeune juif américain, Nicholas Berg. Ce double jihad, antiaméricain et antichiite, vaut à Al-Zarqaoui d’être adoubé par Oussama ben Laden. Sa campagne sera à proprement parler terrifiante : les Etats-Unis lui imputent 700 actes de terrorisme et offrent 25 millions de dollars pour sa capture - la même somme que pour Ben Laden. Le 8 juin 2006, il est finalement tué par un missile américain. Sa mort va affaiblir l’organisation, de même que la technique de contre-insurrection élaborée par le général américain David Petraeus.
Pieux shebab. Dès octobre de la même année, il est remplacé par un nouvel émir : Abou Omar al-Baghdadi, qui prend le titre de «prince de la foi». En 2007, Ben Laden invitera tous les musulmans irakiens à se rallier à lui. Le 19 avril 2010, Abou Omar al-Baghdadi est à son tour éliminé lors d’une opération menée par les forces américano-irakiennes. Entre-temps, il avait fait la connaissance de ce jeune homme très croyant qu’était Abou Bakr al-Baghdadi. Avant la chute de Saddam Hussein, celui-ci était un pieux shebab, que l’on voyait souvent à la mosquée, à peine connu comme salafiste (de salaf, les «pieux devanciers», les premiers califes qui succèdent à Mahomet). Au terme de ses études, il a enseigné la théologie et il est devenu le mufti de Fallouja, la ville qui a résisté à deux sièges des marines, qui y ont subi leurs plus fortes pertes depuis le Vietnam. Il a été arrêté, le 6 juin 2004, par l’armée américaine et détenu un temps. C’est semble-t-il après cette détention qu’il s’est radicalisé et qu’il a formé un groupe armé qui a intégré l’Etat islamique d’Irak. A la surprise générale, il en devient le chef à la mort d’Abou Omar al-Baghdadi.
La clé du mystère de cette ascension phénoménale dans la galaxie islamiste, c’est Isham Hachemi, un jeune chercheur irakien qui travaille exclusivement sur les groupes islamistes, qui la détient : «C’est un ancien colonel de l’armée de Saddam Hussein, du nom de Hadji Samir, alias Hadji Bakr, qui a fait se rencontrer les deux Baghdadi. C’est lui encore qui va permettre au nouveau venu de prendre la tête de Daech.» Sur des photos, on peut effectivement voir cet Hadji Samir, visage émacié et allure de derviche, en uniforme d’officier. Il a depuis été tué.
L’ex-colonel a-t-il flairé le potentiel du jeune homme ? Très vite, ce dernier va se révéler un stratège redoutable. Prenant en compte que la rébellion en Irak est moribonde alors que celle en Syrie contre Bachar al-Assad se développe, il y envoie des proches fonder le Front al-Nusra. En janvier 2013, c’est chose faite. En avril, Al-Baghdadi annonce que l’Etat islamique d’Irak et Al-Nusra vont fusionner pour devenir l’Etat islamique en Irak et au Levant. Mais, entre-temps, Al-Nusra s’est syrianisé. Et va refuser d’adhérer à cette nouvelle entité. Les deux groupes commencent alors à opérer de façon séparée jusqu’à ce qu’une guerre généralisée les oppose à partir de janvier 2014. Elle va faire des milliers de morts et se poursuit actuellement.
Volonté hégémonique. Au départ, Daech a été bien accueilli par la plupart des rebelles syriens, qui se réjouissaient d’avoir le soutien d’un groupe bien formé et équipé face à la machine de guerre du régime syrien. C’est sa volonté hégémonique et les atrocités qu’il commet, dont l’enlèvement et l’exécution de civils et de combattants de mouvements rivaux, qui ont poussé l’ensemble de ces derniers à retourner leurs armes contre lui. D’emblée, il avait montré sa vraie nature en faisant fouetter devant ses parents puis exécuter un petit vendeur de 15 ans qui avait mentionné le nom de Mahomet d’une manière jugée inconvenante. En avril, le groupe a revendiqué la crucifixion de deux opposants. Il est aussi accusé de détenir des centaines de personnes simplement pour avoir fumé une cigarette ou ouvert une page Facebook.
Daech et Al-Nusra veulent tous deux la création d’un émirat islamique qui abolirait les frontières issues de la colonisation. Et le premier vient de marquer un point, fût-il symbolique. Dès la prise de Mossoul, les insurgés ont envoyé un bulldozer pour détruire la frontière issue des accords Sykes-Picot (1). En revanche, Daech apparaît beaucoup plus comme une organisation paranoïaque. «Il a tiré les leçons de son échec en Irak et cherche à écraser toutes les autres composantes de la rébellion, convaincu que celles-ci auront tôt ou tard la même intention à son égard», souligne un expert occidental travaillant sur la Syrie. C’est en effet la création de milices sunnites, à l’initiative du général américain Petraeus, qui ont permis en 2008 de mater la rébellion sunnite.
Autre différence : si le Front al-Nusra bénéficie du soutien du Qatar et de la Turquie, Daech ne semble pas bénéficier de l’aide ouverte d’un Etat et dépend de donateurs individuels, la plupart dans le Golfe, notamment au Koweït. En Irak, le groupe est soutenu par de riches personnalités tribales. Ce mouvement a de plus un agenda beaucoup plus internationaliste que le Front al-Nusra. C’est pourquoi il attire la grande majorité des jeunes Européens venus faire le jihad et un certain nombre de volontaires qui jusqu’alors allaient se battre en Afghanistan ou au Pakistan, aux côtés des talibans.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre : l’EIIL va entrer en concurrence avec Al-Qaeda central, dont il rejette bientôt le leadership de son chef, le successeur d’Oussama ben Laden, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, vieille barbe chevrotante, sans doute caché dans un recoin obscur, qui marmonne des diatribes interminables et ne fait pas rêver les jeunes jihadistes.
Il défie Al-Zawahiri, il lui demande de prêter allégeance
Abou Bakr al-Baghdadi va même aller plus loin : défiant Al-Zawahiri, il lui demande de prêter allégeance. C’est donc le monde islamique à l’envers. De son côté, l’idéologue d’Al-Qaeda, qui a trouvé encore plus radical que lui, exige de son rival qu’il quitte la Syrie, au prétexte qu’il affaiblit la rébellion par son extrémisme. Il lui demande de concentrer ses forces dans la guerre en Irak. Et, pour bien enfoncer le clou, il désigne Al-Nusra comme la branche officielle d’Al-Qaeda en Syrie. Pour la première fois, les successeurs de Ben Laden se font vraiment la guerre.
Prise d’otages. La principale menace d’Al-Qaeda central n’est donc plus les attaques de drones ou les raids américains mais la fitna («discorde») au sein de la communauté jihadiste, ce qui était déjà considéré comme l’un des pires maux du temps de Mahomet.
Cette guerre, c’est d’abord celle des baya’a, les serments d’allégeance que les différents groupes vont désormais devoir faire soit à Al-Zawahiri, soit à Al-Baghdadi. Aujourd’hui, c’est vers le second que convergent la plupart des jihadistes du monde entier.
Dès le début, en Irak comme en Syrie, l’Etat islamique s’est lancé dans la prise d’otages occidentaux - il en a compté jusqu’à 27 ensemble, journalistes, humanitaires et un père jésuite italien - qui lui permettent de se faire connaître, témoignent de sa puissance (il a négocié avec la France, soit un pays membre du Conseil de sécurité) et de négocier de très juteuses rançons. A l’évidence, ces prises d’otages sont gérées minutieusement par les responsables de Daech, selon des méthodes qui doivent beaucoup aux pratiques des services secrets de la région. C’est par elles que l’on peut mesurer la dimension transnationale du groupe jihadiste. Ainsi, c’est le groupe du Koweïtien Abou Lokman al-Kuweiti, alias Abou Youssef, qui a capturé près d’Alep les deux premiers journalistes français (Didier François et Edouard Elias), et celui d’un Palestinien vivant en Irak, Abou Aziz al-Qatari, qui a kidnappé les deux autres (Nicolas Hénin et Pierre Torres), à Raqqa. Al-Qatari, ceinture noire de kung-fu, n’est autre que l’ancien garde du corps de… Abdullah Azzam, l’un des fondateurs d’Al-Qaeda et l’inspirateur d’Oussama ben Laden. On le voit : même des proches de la direction centrale d’Al-Qaeda ont commencé à se rallier à Abou Bakr al-Baghdadi. A Raqqa, le lieu de détention des otages, le responsable était un religieux irakien, ses trois adjoints étaient probablement des Britanniques originaires d’Irak ou du golfe Persique et les gardes-chiourmes des Français avec des accents du Maghreb.
Milieux baasistes. L’intelligence politique d’Al-Baghdadi a aussi été de se servir de la Syrie comme base pour reconstituer ses forces et repartir à la conquête de l’Irak, désormais gouvernée par Nouri al-Maliki, un chiite peu à même de vouloir partager le pouvoir avec les sunnites. Pour Daech, la marginalisation des sunnites tombe à pic. Elle va lui permettre de recruter plus largement en Irak, notamment dans les milieux baasistes et chez les anciens partisans de Saddam Hussein. D’où le ralliement, aux côtés d’islamistes convaincus, d’anciens officiers du défunt raïs, qui en forment aujourd’hui l’ossature.
Ainsi, Abou Abdou Rahman al-Bidawi, l’homme qui dirige les opérations militaires de l’EIIL, était un officier de Saddam Hussein, tout comme son assistant, Abou Ali al-Anbari. Abou Ahmed al-Alwani, le wali (gouverneur) nommé par les insurgés pour la province d’Al-Anbar, est un ancien colonel. Abou Muslim al-Turkmani, autre commandant des insurgés, fut aussi un baasiste notoire. Même en Syrie, d’anciens baasistes irakiens sont au cœur du système, comme Saddam al-Jamal, le wali de la province de Deir el-Zor. «En fait, souligne un expert de la scène proche-orientale, le succès de Daech est le point de rencontre de deux folies. Celle des jihadistes et celle d’un service secret.»
(1) Accords secrets signés le 16 mai 1916, entre la France et la Grande-Bretagne (avec l’aval des Russes), prévoyant le partage du Moyen-Orient à la fin de la guerre en zones d’influence entre ces puissances, dans le but de contrer des revendications ottomanes. Ils ont donné à la région ses frontières actuelles.
Jean-Pierre PERRIN