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lundi 12 mai 2014

L'Arabie saoudite tente de contenir le coronavirus

Selon plusieurs études, le dromadaire serait l'hôte intermédiaire du virus entre la chauve-souris et l'homme. © EIGELAND / SIPA 


C'est mardi que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) va tenir à Genève une réunion au sujet du coronavirus. Elle a été décidée en urgence pour faire face à la multiplication du nombre de cas, notamment en Arabie saoudite. Premier foyer de cette infection mystérieuse, la monarchie recense, selon les dernières estimations, 142 victimes pour un total de 483 cas en deux ans. Outre l'Arabie saoudite, des cas d'infection ont été recensés dans d'autres pays, dont la Jordanie, l'Égypte, le Liban, les Émirats arabes unis et même les États-Unis, mais la majorité des personnes touchées avaient voyagé ou travaillé dans le royaume wahhabite.

Le nouveau coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient a provoqué une épidémie dont l'origine reste encore à confirmer. Son "réservoir naturel", en d'autres termes l'être vivant chez lequel le virus est hébergé de manière permanente, sans provoquer sa mort, semble bien être la chauve-souris. Mais sa transmission à l'homme, a fortiori de façon aussi fréquente, n'est pas encore totalement expliquée. Selon plusieurs études, le dromadaire serait l'hôte intermédiaire entre le petit mammifère volant et l'homme.

"Ne pas s'approcher des dromadaires"

La dernière mesure de prévention édictée en Arabie saoudite concerne d'ailleurs ces animaux élevés à grande échelle dans le pays. Selon le ministre de l'Agriculture, Fahd Bel Ghoneim, "il ne faut pas trop s'approcher de ces bêtes, se munir d'un masque en les approchant, porter des gants et bien se laver les mains après chaque contact". Auparavant, les habitants de ce pays avaient déjà été appelés à observer de strictes mesures d'hygiène et à ne pas consommer la viande crue ou le lait non bouilli de ces animaux.

Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV, Middle East Respiratory Syndrom Coronavirus) est considéré comme un cousin, plus mortel mais moins contagieux, du virus du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) qui avait fait près de huit cents morts dans le monde en 2003. Comme lui, il provoque une infection des poumons, et les personnes touchées souffrent de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires. À la différence du Sras, il génère aussi une défaillance rénale.

Campagne de sensibilisation

Lors d'une récente mission en Arabie saoudite, les experts de l'OMS avaient estimé que la multiplication des cas pourrait être "due au non-respect des mesures de prévention et de contrôle (du virus) recommandées par l'Organisation". Notant que "la majorité des infections entre humains ont eu lieu dans des établissements hospitaliers", ils avaient souligné la nécessité pour "le corps médical d'améliorer ses connaissances de la maladie".

Actuellement, outre les campagnes publiques, des médecins, des universitaires et des journalistes se mobilisent pour inciter le public à appliquer les mesures d'hygiène recommandées par les pouvoirs publics. "On cible les rassemblements publics, les hôpitaux et les marchés pour informer les gens", indique Alya Banaja qui dirige une campagne de sensibilisation à Jeddah, où quelques rares personnes portent un masque dans la rue, même si les animateurs de la campagne ne les recommandent que dans les hôpitaux. C'est en tout cas la preuve que le risque est désormais pris au sérieux.

Anne Jeanblanc