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samedi 8 mars 2014

L'Arabie Saoudite s'apprêterait à déclarer la guerre au Qatar




L’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et Bahreïn ont décidé mercredi de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar. Ces trois pays reprochent à Doha ses ingérences dans les affaires de ses voisins. Ce geste est sans précédent dans les relations entre pays arabes du Golfe. La décision des trois pays a été annoncée au lendemain d’une réunion houleuse.

Le mouton noir c’est la monarchie intégriste du Qatar

« Les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) ont tout fait auprès du Qatar pour s’entendre sur une politique unifiée, garantissant la non-ingérence de façon directe ou indirecte dans les affaires internes de chacun des pays membres », selon le texte d’un communiqué des trois pays. « Il a été demandé au Qatar de ne soutenir aucune action de nature à menacer la sécurité et la stabilité des Etats membres », ajoute le communiqué en citant notamment les campagnes dans les médias.

Le communiqué souligne encore qu’en dépit de l’engagement de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, lors d’un mini-sommet avec l’émir du Koweït et le roi d’Arabie à Ryad en novembre, à respecter ces principes, son pays ne l’a pas fait. Ce mini-sommet, à l’initiative de l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, était destiné à surmonter le profond désaccord entre Doha d’une part et Ryad, Abou Dhabi et Manama de l’autre sur la conduite à suivre face au nouveau pouvoir installé par l’armée en Egypte en juillet 2013 après l’éviction du président intégriste Mohamed Morsi.

Le Qatar s’est rangé ouvertement du côté des fanatiques Frères musulmans qui ont perdu le pouvoir en Egypte tandis que les trois autres pays ont apporté un soutien massif, tant politique que financier, au nouveau pouvoir laïc égyptien (source en bas de page).

Le Conseil de Coopération du Golfe

Ainsi, le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), est donc secoué par cette crise interne en raison de l’appui du Qatar aux islamistes arabes. Rappelons que le CCG regroupe les monarchies pétrolières sunnites qui contrôlent 40% des réserves mondiales de brut.

Réunissant l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Koweït, le CCG a vu le jour en mai 1981 en pleine guerre entre l’Irak et l’Iran et deux ans après le triomphe de la révolution islamique à Téhéran et son réseau terroriste qui menaçait de s’exporter dans les monarchies sunnites du Golfe.

Les pays du CCG comptent 47 millions d’habitants, dont 22,8 millions d’étrangers représentant 48,5% de la population totale, selon des statistiques du secrétariat général de ce groupe. Sur le plan politique, seuls deux pays disposent de Parlements élus : le Koweït et Bahreïn. Les autres ont des conseils en partie élus, sauf en Arabie saoudite et au Qatar, mais qui n’ont qu’un rôle consultatif. Les partis politiques sont bannis dans les six monarchies mais des mouvements existent à Bahreïn sous forme d’associations comme le puissant Wefaq chiite.

Le CCG dispose d’une force militaire commune, le Bouclier de la péninsule. Après la libération du Koweït en 1991 par une coalition internationale, les Etats du CCG ont signé individuellement des accords de défense avec les Etats-Unis qui comptent actuellement une présence militaire de 35.000 militaires dans la région du Golfe (le retrait d’Irak ne signifie pas pour autant la totale absence de troupes américaines dans la région). Des troupes du Bouclier de la Péninsule se sont déployées en mars 2011 à Bahreïn pour protéger les installations vitales de ce pays en proie à un mouvement intégriste chiite. Les économies des pays membres sont dépendantes du pétrole, dont les Etats tirent environ 90% de leurs revenus.

Les six pays pompent 17,5 millions de barils par jour, soit 20% de la production mondiale. Grâce au renchérissement des prix du brut, le PIB combiné de ces pays n’a cessé de croître, atteignant 1.600 milliards de dollars annuels et devrait augmenter encore, selon le Fonds Monétaire International et l’Institut International de Finance. Les revenus pétroliers du CCG devraient atteindre un record de 740 milliards de dollars pour l’année consolidée 2013, contre 680 milliards de dollars pour l’année consolidée 2012, selon les calculs de cet Institut. Le revenu par habitant est estimé à 33.300 dollars. Les avoirs placés à l’étranger par les six pays devraient atteindre 2.400 milliards de dollars en 2014, selon l’Institut (source en bas de page).

Michel Garroté 
réd en chef