Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 17 janvier 2014

Nouveau scandale au sein des forces stratégiques américaines




Quand on parle de missiles nucléaires, l’on pourrait penser, à juste titre, que ceux à qui ils sont confiés affichent certaines qualités morales et humaines, comme la rigueur, le sérieux ou encore le sang-froid. Sauf que plusieurs scandales ont affecté les forces stratégiques américaines au cours de ces dernières années, en particulier celles relevant de l’aviation américaine

En 2008, Michael Wyne et le général Michael Moseley, respectivement responsable civil et chef d’état-major de l’US Air Force, avaient été poussés à la démission par Robert Gates, alors chef du Pentagone, à l’issue d’une enquête portant sur deux importants incidents.

Un an plus tôt, 6 missiles nucléaires furent chargés par erreur à bord d’un bombardier stratégique B-52, et cela à l’insu de l’équipage. L’appareil avait survolé ensuite les Etats-Unis. Quelques mois plus tard, l’on apprenant que des composants nucléaires avaient été livrés à Taïwan en lieu et place de batteries destinées à des hélicoptères.

Une enquête avait alors conclu à “un déclin de la performance” de l’US Air Force, en particulier au niveau de sa mission nucléaire. Le document regrettait également l’absence d’autocritique au sein de l’aviation américaine, ce qui, en clair, signifiait qu’aucune disposition n’avait été prise pour éviter ce genre de dysfonctionnement à l’avenir.

Suite à cela, d’autres incidents se produisirent, affectant cette fois les unités chargées de mettre en oeuvre, le cas échéant, les missiles balistiques sol-sol Minuteman III. En juillet 2008, des officiers de tirs affectés à la base de Minot s’étaient endormis à leur poste. C’est un “problème de procédure”, avait commenté un porte-parole de l’US Air Force, à l’époque. “Mais quand vous manipulez des armes nucléaires, toutes ces procédures sont des étapes dans le processus de sécurisation, et elles sont importantes”, avait-il ajouté, en cherchant à relativiser cette affaire.

Seulement, en octobre dernier, et alors que le numéro 2 de l’US Strategic Command, le vice-amiral Tim Giardina et le commandant de la 20th Air Force et de la Task Force 214, le général Michael Carey, venaient d’être suspendu pour avoir triché dans un casion pour le premier et avoir trop forcé sur la bouteille pour le deuxième, 4 autres officiers de tirs, dont deux affectés à la base de Malmstrom, ont été sanctionnés pour leur implication dans deux incidents distincts : ils avaient simplement oublié de fermer la porte menant au poste de lancement des missiles…

D’ailleurs, que ce soit sur les bases de Minot et de Malmstrom, des inspections menées l’an passé ont révélé des failles inquiétantes, notamment concernant le niveau requis des personnels des unités chargés des missiles Minuteman III.

A Minot, 17 officiers ont ainsi été suspendus de leurs fonctions à l’issue d’un contrôle surprise. Un fait sans précédent. Ce n’est pas leur “compétence” qui est remise en cause mais leur “attitude”, avait alors commenté le général Welsh, le chef d’état-major de l’US Air Force. En août de la même année, le niveau du 341st Missile Wing, basé à Malmstrom, a été jugé insuffisant lors d’une inspection, avec des “de niveau tactique au cours d’un exercice”. Problème : cette unité avait déjà été épinglée en 2008!

La dernière affaire en date est de la même eau. Ainsi, le Pentagone a annoncé, le 15 janvier, la suspension de 34 officiers de tirs de la base de Malmstrom pour avoir triché à un examen de routine censé contrôler leurs compétences.

“Il y a eu tricherie au cours de cet examen. Un certain nombre d’officiers ont triché, d’autres apparemment étaient au courant et n’ont rien dit pour empêcher cela ou y mettre fin”, a expliqué Deborah Lee James, récemment nommé au poste de secrétaire à l’US Air Force. C’est un “comportement totalement inacceptable”, a-t-elle insisté.

De son côté, le chef d’état-major de l’aviation américaine, le général Mark Welsh, a expliqué que les officiers pris en faute avait échangé des réponses en s’envoyant des messages électroniques lors de l’examen. “Il n’y a absolument aucune excuse à ce manque d’intégrité”, a-t-il lancé. Cerise sur le gâteau, cette tricherie a été découverte dans le cadre d’une autre affaire concernant trois officiers, inquiétés pour “possession de drogues illégales”.

Un nouvel examen a par ailleurs été réalisé. Au 15 janvier, 100 officiers y ont été soumis (soit 20% de l’ensemble affecté aux missiles stratégiques sol-sol) et 97 l’ont réussi. “Il est très important de rappeler qu’il s’agit d’un manquement de certains de nos aviateurs. Ce n’est pas la faillite de notre mission nucléaire”, veut croire Deborah Lee James. Mais tout de même, cela fait désordre…