Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 14 décembre 2013

Proxénétisme international : Kadhafi, DSK, Cameron et les autres...


350 000 euros avaient été dépensés pour louer pendant le festival le Savarona , 
l'ancien yacht d'Atatürk, ci-dessus à Monaco


Cinq ans d'enquête et d'instruction auront été nécessaires pour démêler l'écheveau de ce gigantesque réseau de proxénétisme international démantelé à Cannes en août 2007, par la Police judiciaire. Une affaire de call-girls sur laquelle plane l'ombre d'un client pas comme les autres : Moatassem Kadhafi, l'un des fils de l'ancien dictateur libyen.

Tué à Misrata avec son père en octobre 2011 par les rebelles libyens, ce garçon pas avare de frasques en tout genre, était surnommé Hannibal ou le « Docteur », car il exigeait de ses compagnes occasionnelles, un bilan sanguin avant d'avoir des relations tarifées avec elles… Il n'aurait pas hésité à dépenser 33 000 euros pour passer un moment avec une play mate vue sur la une d'un magazine sexy !

Le juge d'instruction marseillais de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirse) vient, en effet, de renvoyer, ces jours derniers, 8 personnes devant le tribunal correctionnel de Marseille pour « proxénétisme aggravé ». Les soupçons de blanchiment ont été écartés.

Ces suspects sont le « patron » présumé du réseau, Élie Nahas, un Libanais propriétaire d'une agence internationale de mannequins dont le siège est à Beyrouth, Antoine E., un chauffeur de maître cannois travaillant dans les palaces ou pour de riches clients, un Vénézuélien extradé au printemps dernier d'Allemagne et écroué à Marseille et des intermédiaires saoudiens, italiens et américains. Une escort-girl niçoise, Sarah, est également renvoyée pour avoir, elle aussi, joué le rôle d'intermédiaire. Ce qu'elle conteste.

L'ancien yacht d'Ataturk loué 350 000 e !

« C'est une simple , elle n'a pas sa place au sein d'un réseau structuré, je vais plaider la relaxe »,annonce son avocat, Me Franck de Vita. Une autre escort-girl de la Côte d'Azur devait comparaître, mais elle s'est tuée dernièrement dans un accident de la route. Les investigations conduites par l'Office central de répression du trafic des êtres humains (OCRTEH) et le groupe « proxénétisme » de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la PJ de Nice ont mis en évidence que les filles étaient, notamment, recrutées pour être présentées à des concours de miss avant de se voir promettre une carrière de mannequin.

Mais, elles finissaient dans les chambres ou sur les yachts de milliardaires du Moyen-Orient ou d'Afrique du Nord.

Parmi les jeunes femmes interpellées dans le cadre de cette affaire, on pouvait relever la présence, de Diana, une « Miss tourisme Venezuela 2 004 » ! Deux bateaux, fréquemment utilisés par des proches d'une famille régnante du Golfe Persique pour l'un et par les enfants d'un homme d'État nord africain pour l'autre, sont susceptibles d'avoir accueilli à leur bord des filles, alors qu'ils avaient jeté l'ancre en baie de Cannes lors du dernier Festival du film.

Le dossier fourmille d'anecdotes révélatrices des sommes faramineuses qui ont circulé pour organiser de gigantesques fiestas sur des yachts transformés en lupanars : ainsi 350 000 euros avaient été dépensés pour louer pendant le festival le Savarona, l'ancien yacht d'Atatürk !


Kristin Davis


Kristin Davis, surnommée la "Madame de Manhattan", elle affirme que Dominique Strauss Khan l'appelait souvent sur son portable pour lui demander d'envoyer une call girl dans sa chambre d'hôtel : "il voulait les filles américaines", précise Kristin.

Pourtant, selon Kristin Davis, l'une des filles s'est plainte en 2006 du comportement de DSK, en affirmant que celui-ci était très agressif. La jeune femme a déclaré qu'elle ne voulait plus jamais le revoir en raison de son comportement.

Kristin Davis affirme : "J'ai de nombreuses stars parmi mes clients, mais quand l'un d'entre eux abuse d'une femme, je ne protège plus son identité."

Cameron, amateur d'escort-girls de luxe ?



David Cameron, n'en finit pas d'accumuler les bourdes sur le réseau social Twitter. Si l'homme n'est pas personnellement à blâmer, son service de communication, lui, semble bien peu débrouillard en matière de réseaux sociaux. Dernière gaffe en date, révélée par la BBC : la présence d'une agence d'escort-girls haut de gamme dans les abonnements du compte Twitter du Premier ministre. L'heureuse élue : Carltons of London. Une agence londonienne qui propose rien de moins que les "meilleures escort-girls de Londres pour des gentlemen distingués".

Autre déconvenue sur le réseau social, à épingler au palmarès du 10 Downing Street, le tweet de soutien de David Cameron en juillet 2013 à son secrétaire d'État au Travail et aux Retraites, Iain Duncan Smith, qui livrait alors une âpre bataille politique en faveur d'une réforme des allocations. Initiative louable, sauf qu'en réalité, sous le compte "@IDS_MP" - des initiales du secrétaire d'État -, se cache un utilisateur sarcastique et très critique à l'encontre du gouvernement britannique.En 2010 déjà, David Cameron avait goûté à l'humiliation numérique lorsque, après avoir rendu public son amour pour le groupe de rock The Smiths - pourtant très virulent contre le pouvoir dans leurs textes -, le guitariste de ladite formation mancunienne, Johnny Marr, avait intimé l'ordre, sur Twitter, au leader de la 6e puissance économique mondiale d'arrêter...


le réseau Margaret employait plus de 500 filles dans le monde entier

Autant appeler un chat un chat. Puisqu'elle poursuit pour «proxénétisme aggravé», la procureure demande au tribunal de regarder un classeur. «Vous y verrez les fiches trouvées dans l'ordinateur de madame Mac Donald. Pour chaque fille, il y a deux photos : une habillée et une... disons plus suggestive.» De l'autre côte de la barre, fuse une voix claire : «C'est exactement comme pour Miss France : une photo en robe de soirée, une autre en maillot de bain !» Alors qu'elle encourt dix ans de prison ­ elle a déjà purgé seize mois ­, voilà de quoi est capable Margaret Mac Donald, 44 ans, businesswoman du sexe jugé à Paris depuis mercredi.

La femme a de l'estomac, arbore la couleur de la pureté ­ tee-shirt et pantalon blancs ­, dégage l'assurance de ceux qui ont joué avec la loi, ont longtemps gagné, perdent un jour, repartiront peut-être sur le fil du rasoir. Dans l'intervalle, elle ne perd pas son temps. Elle parle six langues et, depuis sa cellule, elle approfondit l'arabe classique, le japonais et le russe. Trop intelligente pour ne pas se douter que l'enquête des policiers tient la route, elle se défend pourtant pied à pied. Comme elle a pu l'écrire à une amie dans son journal intime, «je vais me battre comme un beau diable pour faire avancer des idées hypocrites». Elle est renvoyée devant le tribunal pour avoir dirigé pendant une dizaine d'années un réseau de call-girls présent dans toute l'Europe.

Arguments

D'après des fichiers saisis dans son ordinateur, Margaret Mac Donald aurait employé 538 femmes et 56 hommes. Les hôtesses étaient les plus nombreuses en France, Allemagne et Italie, mais on trouve aussi deux hommes aux Emirats Arabes Unis, une femme à Tokyo et Singapour. Le bloc-notes posé devant elle, le stylo entre des doigts étrangement bronzés, «Caroline», selon une de ses identités, tente de réfuter l'accusation de proxénétisme : «Je mettais des gens en relation, c'est tout. Bien sûr, je suis consciente de ce qui peut se passer entre deux adultes dans une chambre d'hôtel après un dîner, mais cela ne me regardait pas.» Des filles l'ont décrite comme «réglo», «très organisée», «ne forçant personne à travailler». Devant les psychiatres, elle a évoqué sa désillusion face aux relations avec les hommes : «J'étais naïve, je cherchais l'amour et eux voulaient me baiser», et son souci de «dissocier le sexe de l'affection». A la barre, elle réitère cette fibre féministe : «Il vaut mieux des affaires gérées par des femmes pour des femmes, afin que les hommes ne nous mettent pas le grappin dessus.»

D'étranges accents nostalgiques se dégagent au souvenir «de la troupe de copines qui, au départ, faisaient ça comme ça, c'était un peu le bordel. J'ai voulu que cela s'organise mais je suis restée très honnête». Et Margaret a effectivement mis beaucoup d'ordre. Lorsqu'elle se fait pincer par la brigade de répression du proxénétisme, le 6 mai 2002, les enquêteurs découvrent dans sa chambre de l'hôtel Tivoli, près de l'Etoile, la panoplie d'une femme d'affaires : quatre téléphones portables et seize puces, six cartes de crédit, un appareil photo, un ordinateur portable. Margaret gagne alors jusqu'à 20 000 euros mensuels, en percevant environ 40 % des rencontres entre «ses» filles et les clients, tarifées 450 ou 750 euros l'heure, 3 000 euros le week-end. Margaret dispose de deux appartements, à Milan et en Grèce, recrute ses hôtesses partout en Europe grâce à une annonce discrète publiée tous les jours dans l'International Herald Tribune.

Roberto Cristofoli