Scott Fitzsimmons, auteur de Mercenaries in Asymmetric Conflicts (Cambridge University Press, 2012) et professeur de sciences politiques à l'université de Limerick, vient de publier un article sur les mérites comparés des employés de Blackwater (photo ci-dessus avec Paul Bremer) et DynCorp. Il s'intitule: "Wheeld Warriors: Explaining Blackwater’s Unparalleled Record of Violence in Iraq". Il s'agit du texte d'une conférence faite l'an dernier lors de la Canadian Political Science Association Annual Conference.
L'article, en anglais, (que l'on peut lire en cliquant ici) mérite bien un résumé, en français (ce que l'on ne me reprochera pas de faire). Voici quelques-unes des données chiffrées qu'il utilise pour sa démonstration qui couvre une période trois ans (janvier 2005 à décembre 2007):
Victimes irakiennes des tirs...
de Blackwater: 62 tués et 86 blessés graves
de DynCorp: 11 tués et 1 blessé grave
Les principales réponses à une menace: sommations seulement/ repli/ tirs en %
Blackwater: 67%/ 1,8%/ 29,5%
DynCorp: 83,3%/ 0%/ 14,8%
Distances moyennes d'ouverture du feu
Blackwater: 68m (jusqu'à 127m)
DynCorp: 24m
Attitude à l'issue d'un incident armé:
Blackwater: dans 10% des cas reste sur place, dans 90% quitte les lieux
DynCorp: 27,8% reste, 72,2 quitte les lieux
Munitions utilisées
Nbre de cartouches 0 1 2-5 6-20 21-50 +50
Blackwater 14,3% 21,7 39,5 12,5 4 6,6
DynCorp 11,5% 45,9 32,8 5 1,6 1,6
Soit plus de 5 cartouches dans 23,1% des cas pour Blackwater et 8,2% pour DynCorp.
L'analyse de l'auteur:
Cet évident recours à la force armée par Blackwater relève de la culture militaire mise en avant par les dirigeants de l'entreprise. Cette culture favoriserait l'initiative personnelle et le recours préemptif à la force (dans 88% des incidents, Blackwater a tiré le premier). Ce que n'a pas fait l'auteur, c'est de voir le profil des employés impliqués dans ces incidents (davantage d'ex-militaires chez Blackwater? Connaissant les types et viviers de recrutement, je pense que non). Mais ce facteur aurait été intéressant pour démontrer la culture d'entreprise spécifique à Blackwater.
Surprise. Dans sa conclusion, et malgré cette démonstration à charge, Scott Fitzsimmons préconise néanmoins de recourir à Blackwater (désormais Academi)... Il rappelle que l'entreprise n'a perdu aucun des VIP qu'elle devait protéger dans le cadre de son contrat avec le State Department.
Il écrit : "Taking this into account, potential clients that intend to prioritize their own security above all other considerations, including the safety of other actors in their operating environment, would be well-served by a firm that shared Blackwater’s bellicose military culture."
"Compte tenu de cela, les clients potentiels qui ont l'intention de donner la priorité à leur propre sécurité au-dessus de toute autre considération, y compris la sécurité des autres acteurs dans leur environnement d'exploitation, seraient bien servis par une entreprise qui partage la culture militaire belliqueuse de Blackwater."
Tout ça pour ça?