Les autorités kényanes ont lancé un nouvel assaut et la plupart des otages encore retenus auraient été libérés. Jusqu'ici, cette attaque a déjà fait 69 morts et 63 personnes sont encore portées disparues. Les événements en direct.
14 h 15. Selon le ministre de l'Intérieur kényan Joseph Ole Lenku, l'assaut des forces de sécurité kényanes contre le commando islamiste retranché depuis deux jours avec des otages dans le centre commercial Westgate de Nairobi "touche à sa fin". "Je pense que l'opération touche à sa fin", a déclaré Joseph Ole Lenku au cours d'une conférence de presse. "Nous contrôlons tous les étages (du centre commercial), les terroristes ne peuvent pas s'échapper", a-t-il assuré.
14 heures. Les membres du commando islamiste qui ont pris d'assaut le centre commercial Westgate de Nairobi sont détenteurs de différentes nationalités, a affirmé lundi le chef de l'armée kényane, Julius Karangi. Le commando est "clairement multinational," a-t-il déclaré. Les assaillants "viennent de différents pays", a-t-il ajouté, parlant de "terrorisme mondial". Le ministre kényan de l'Intérieur, Joseph Ole Lenku, a par ailleurs annoncé que deux de ces assaillants avaient été tués lors d'un assaut des forces de l'ordre kényanes lundi matin.
13 heures. Nous apprenons que la quasi-totalité des otages retenus depuis samedi par le commando islamiste ont été libérés, selon le ministre kényan de l'Intérieur, Joseph Ole Lenku. Il a ajouté que deux membres du commando qui ont pris d'assaut le Westgate Mall avaient été tués par les forces kényanes de sécurité dans la journée de lundi. D'après le ministre, la colonne de fumée observée au-dessus du centre commercial est due à un incendie allumé par le commando retranché dans le supermarché Nakumatt à l'intérieur du complexe. Joseph Ole Lenku a précisé que tous les "terroristes", de diverses nationalités, étaient des hommes, certains habillés en femmes. Mais il n'a pu préciser le nombre exact d'otages toujours aux mains des djihadistes.
12 heures. Les ravisseurs affirment qu'ils détiennent toujours des Occidentaux, parmi lesquels quatre Français et deux Israéliens. À la mi-journée lundi, des préparatifs se sont accélérés dans un centre de secours installé à proximité du Westgate en vue de l'arrivée d'éventuels rescapés : matelas et fauteuils roulants ont été installés, une cellule de soutien psychologique mise en place.
Intense fusillade
Lundi matin vers 9 heures, une intense fusillade et des explosions ont été entendues à l'aube dans le centre commercial Westgate de Nairobi, où les forces de l'ordre kényanes ont lancé un nouvel assaut pour tenter de maîtriser le commando islamiste retranché dans le bâtiment avec des otages depuis plus de 40 heures. Selon les journalistes de l'Agence France-Presse présents sur place, au bruit, les tirs semblaient venir de "quelque part autour du centre commercial ou partaient d'un poste d'observation dans le centre commercial", a précisé l'un d'eux. La fusillade a été suivie de trois fortes explosions, avant que la situation ne semble de nouveau se calmer. Les forces de l'ordre ont lancé plusieurs assauts ces 24 dernières heures, affirment avoir sécurisé la majeure partie du centre commercial et espèrent maîtriser "rapidement" le commando. Très peu d'informations sont cependant disponibles : les journalistes n'ont plus accès au centre commercial depuis samedi après-midi.
En réponse à l'assaut lancé lundi matin, les shebabs ont annoncé qu'ils menaçaient d'abattre tous les otages retenus dans le centre commercial. "Nous autorisons les moudjahidine à l'intérieur du bâtiment à agir contre les prisonniers," a déclaré le porte-parole des shebabs, Sheikh Ali Mohamud Rage, dans une déclaration mise en ligne sur un site internet islamiste.
69 victimes et 63 disparus
La Croix-Rouge kényane a révisé à la hausse lundi le bilan de l'attaque, qui entrait dans son troisième jour, d'un commando islamiste contre le centre commercial Westgate de Nairobi, faisant désormais état d'au moins 69 morts et presque autant de disparus. Un précédent bilan faisait état de 68 décès. Aucune indication n'avait jusqu'ici été donnée sur le nombre de portés disparus, qui, 48 heures après le début de l'agression, pourraient soit être encore retenus en otage, soit se cacher dans le centre commercial, soit être morts. Les autorités kényanes avaient dès dimanche mis en garde contre une hausse drastique du bilan, les forces de sécurité découvrant de nouveaux cadavres lors de leurs assauts contre le commando.
Assauts coordonnés
Plusieurs assauts ont été lancés pour tenter de venir à bout des islamistes, qui seraient encore une douzaine dans le bâtiment. Lundi matin à l'aube, des journalistes de l'Agence France-Presse présents sur place ont encore entendu une intense fusillade et de fortes explosions, suivies de tirs sporadiques. Les forces de l'ordre kényanes disent avoir sécurisé la majeure partie du bâtiment et réussi à isoler les attaquants en un seul endroit du centre commercial, un établissement de luxe réputé en partie détenu par des Israéliens qui était bondé de Kényans et d'expatriés samedi au moment de l'attaque. Mais il restait très difficile d'obtenir des informations précises sur la situation à l'intérieur du bâtiment rectangulaire de quatre étages, dont sont tenus à distance les journalistes depuis samedi après-midi.
Islamistes shebabs
Le carnage a été revendiqué par les insurgés islamistes somaliens shebabs, qui disent agir en représailles de l'intervention militaire kényane en Somalie, lancée fin 2011. Dans une déclaration audio mise en ligne sur Internet, leur porte-parole, Sheikh Ali Mohamud Rage, a menacé d'ordonner d'abattre les derniers otages, face à la "pression" exercée par les forces kényanes et leurs alliés "chrétiens" sur les assaillants cernés dans Westgate.
Selon une source sécuritaire, des agents israéliens interviennent aux côtés des forces kényanes pour tenter de secourir les personnes encore prises au piège. Dimanche en fin de journée, le président kényan, Uhuru Kenyatta, avait de son côté indiqué qu'il avait reçu des offres d'aide de plusieurs "pays amis". Il avait tenu à préciser que l'opération restait une "opération kényane". Plusieurs étrangers, dont deux Françaises, quatre Britanniques, un Sud-africain, une Sud-Coréenne, une Néerlandaise, un Péruvien et deux Indiens ont été tués dans l'attaque, ainsi qu'un célèbre poète et homme d'État ghanéen, Kofi Awoonor. Cinq Américains et de nombreux autres Occidentaux - cibles privilégiées des assaillants - figurent parmi les blessés.
Attentat le plus meurtrier depuis 1998
Le commando islamiste a pénétré samedi à la mi-journée dans le centre commercial, ouvrant le feu à l'arme automatique et lançant des grenades sur les clients et employés du centre. Des heures durant, ces derniers, piégés dans le centre, ont émergé au compte-gouttes du bâtiment, au fur et à mesure de la lente progression des forces de l'ordre. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier à Nairobi depuis une attaque-suicide d'al-Qaida en août 1998 contre l'ambassade des États-Unis, qui avait fait plus de 200 morts. Des intérêts israéliens au Kenya ont déjà été la cible d'attaques revendiquées par al-Qaida : en 2002, un attentat suicide contre un hôtel fréquenté par des touristes israéliens avait tué 12 Kényans et trois Israéliens près de la ville côtière de Mombasa. Presque simultanément, un avion de la compagnie israélienne El Al avec 261 passagers à bord avait échappé de peu aux tirs de deux missiles à son décollage, également à Mombasa.
Intention de tuer
Selon des témoins, les agresseurs ont "tiré dans le tas" samedi à Westgate. D'après un employé du centre commercial, Titus Alede, "ils ne voulaient pas d'argent", "ils ont dit vous avez tué notre peuple en Somalie, c'est à votre tour de payer". Lundi, Kelly Amit, un Kényan resté toute la nuit à proximité du lieu de l'attaque a dit encore espérer pour son frère retenu à l'intérieur. "La dernière fois que mon frère a appelé, c'était pour dire qu'il était dans le centre commercial", a-t-il raconté. "Son téléphone est coupé depuis," a-t-il ajouté, espérant qu'il était simplement à court de batterie. "J'espère encore qu'il va bien et qu'il se cache quelque part."
Dans une capitale connue comme le "hub" de l'Afrique de l'Est, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, le Westgate était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à al-Qaida, comme les shebabs. Ouvert en 2007, le bâtiment compte des restaurants, des cafés, des banques, un grand supermarché et un cinéma multiplex qui attirent des milliers de personnes chaque jour.
Assaillants étrangers ?
Washington, qui a dénoncé un acte "ignoble", a dit enquêter sur des informations non confirmées faisant état de la présence d'au moins trois ressortissants américains parmi les assaillants. La police kényane a affirmé étudier les informations selon lesquelles la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d'un des kamikazes qui s'étaient fait exploser lors des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, serait "impliquée" dans l'attaque. Un responsable shebab présenté par la BBC sous le nom d'"Abou Omar" a cependant parlé de rumeurs "infondées", affirmant que les islamistes ne "demandaient pas à leurs soeurs de mener des attaques militaires de ce type". Il a aussi affirmé qu'aucun étranger ne figurait parmi les assaillants.
Le retour de Ruto autorisé. Au Kenya, l'ensemble de classe politique a, elle, appelé à l'unité face à cette crise. Le vice-président William Ruto a été exceptionnellement autorisé par la Cour pénale internationale (CPI) à s'absenter de son procès pour revenir gérer la situation. M. Ruto est jugé à La Haye pour son rôle présumé dans les violences postélectorales kényanes de fin 2007-début 2008, qui avaient fait plus de 1 000 morts.
Sky News: «Les terroristes se sont fait exploser»
Les affrontements se poursuivent à Nairobi après les fortes explosions entendues lundi matin. D’après la chaîne britannique, elles seraient l’oeuvre des terroristes.
«Nous venons juste de réussir à secourir quelques otages», a déclaré sur Twitter le chef de la police kényane, David Kimaiyo, sans toutefois en préciser le nombre. «Nous gagnons de plus en plus de terrain sur les assaillants», a-t-il affirmé.
«C'était une partie de cache-cache», a déclaré un membre des forces spéciales «et à la fin nous avons dû utiliser une force maximale pour en finir avec ces gars».
Des islamistes shebab ont pris d'assaut samedi midi le luxueux centre commercial Westgate. Celui-ci était bondé de Kényans et d'expatriés venus faire leurs courses le week-end.
Terroristes de différentes nationalités
Les membres du commando islamiste sont détenteurs de différentes nationalités, a affirmé lundi le chef de l'armée kényane, Julius Karangi, parlant de «terrorisme mondial». Le ministre kényan de l'Intérieur, Joseph Ole Lenku, a par ailleurs annoncé que deux de ces assaillants avaient été tués lors d'un assaut des forces de l'ordre kényanes lundi matin.
Une «veuve blanche» à la tête des terroristes?
Une anglaise convertie à l'islam, veuve d'un homme qui s'était fait exploser à Londres en 2005, est soupçonnée d'être le cerveau du commando qui a attaqué le Westgate dans la capitale kenyane.
L'information est à prendre avec des pincettes car elle n'a pas été confirmée de sources officielles. L'attaque du Westgate mall a bien été revendiquée par le groupe islamiste somalien shebab et a fait au moins 69 morts, selon un bilan communiqué au troisième jour du siège par les autorités kenyanes. Mais une femme pourrait être la commanditaire de l'assaut.
Samantha Lewthwaite est veuve depuis 2005. En juillet de cette année-là, son mari, Jermaine Lindsay, s'était fait exploser lors des attentats de Londres. Il était l'un des quatre terroristes islamistes à l’origine des explosions dans la capitale britannique. Sa femme aurait quitté l'Angleterre juste après les attaques et aurait rejoint les shebab en Somalie. Elle fait partie des «terroristes les plus recherchés d'Afrique de l'Est», précise le quotidien kenyan «Daily Post».
Groupe de kamikazes féminins
Le «Daily Mail», affirme qu'une source au sein de la police anti-terroriste kenyane indique que la jeune femme, connue sous le surnom de «veuve blanche», pourrait être le cerveau des attentats du centre commercial de Nairobi.
Un tweet fait état de sa présence sur le terrain, dans le centre commercial de Nairobi. «Meneur de Westgate Attack est une dame avec un accent britannique. Pourrait être la veuve insaisissable», a déclaré Robert Alai, un blogueur kényan qui a tweeté les évènements en direct pendant plus de 36 heures.
La «veuve blanche» aurait même été impliquée dans la formation d'un groupe de kamikazes exclusivement féminins dans des camps en Somalie, selon la presse britannique. En 2012, elle était déjà suspectée d'avoir participé à une attaque à la grenade au Kenya, tuant trois personnes qui regardaient un match de foot de l’Euro.
Démenti des shebab
Lundi matin un homme présenté par la BBC comme un «commandant» des islamistes somaliens shebab a démenti que des étrangers figuraient parmi les responsables de l'attaque meurtrière de Nairobi.
Sheikh Ali Mohamud Rage
Pour étayer ses propos, il a ajouté que son organisation n'inclut pas de femme dans le commando: «Nous ne demandons pas à nos sœurs de mener des attaques militaires de ce type. Ce sont simplement des rumeurs infondées» a-t-il ainsi déclaré.