Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 26 mai 2013

Piste terroriste des deux côtés de la Manche


L'ouverture en France d'une enquête anti-terroriste sur l'agression d'un militaire, trois jours après le meurtre d'un soldat à Londres, a relancé les craintes d'attaques de la part de militants islamistes.

«A ce stade», aucun lien n'a été établi avec le meurtre à Londres d'un soldat britannique, mais «nous devons regarder toutes les hypothèses», a affirmé le président français François Hollande. On ignorait notamment si l'homme ayant agressé samedi soir un militaire en tenue près de Paris -et qui a réussi à prendre la fuite- partageait les convictions islamistes des suspects britanniques.

De leur côté, les services secrets anglais faisaient face dimanche à de nouvelles révélations embarrassantes.
 Plusieurs journaux ont affirmé, photo à l'appui, que Michael Adebolajo, qui a revendiqué le meurtre, à coups de couteau et de hachoir, du soldat mercredi à Londres, avait été interpellé en novembre 2010 au Kenya, à une soixantaine de kilomètres de la Somalie.

La police kényane le soupçonnait de vouloir rejoindre les islamistes shebab qui opèrent en Somalie. Mais, après avoir comparu devant un tribunal, le jeune homme avait été renvoyé au Royaume-Uni, selon la presse. L'autre suspect dans le meurtre du soldat britannique, Michael Adebowale, avait lui été arrêté à Londres «il y a deux mois à la suite de plaintes de commerçants relatives à un groupe de musulmans», a affirmé le Sunday Telegraph.

Ces révélations soulèvent de nouvelles interrogations sur les informations dont disposaient les services secrets et la police sur les deux suspects, issus de familles d'origine nigériane et chrétienne mais convertis à l'islam. Le Premier ministre, David Cameron, a promis une enquête pour faire la lumière sur d'éventuelles failles du système, et un rapport préliminaire doit être rendu dès la semaine prochaine.

Un groupe de travail «sur l'extrémisme»

Le gouvernement, sous pression, a aussi annoncé la création d'un groupe de travail «sur l'extrémisme», composé de plusieurs ministres et des patrons de Scotland Yard et des services du renseignement intérieur.

La ministre de l'Intérieur, Theresa May, qui y participera, a évoqué dimanche la possibilité de renforcer la législation encadrant les groupes radicaux, estimant que des «milliers» de personnes étaient menacées de tomber dans l'extrémisme au Royaume-Uni. Selon elle, «toutes les indications» laissent penser que «le meurtre terrifiant» de mercredi était l'oeuvre de personnes isolées.

Dans le cadre de l'enquête qui mobilise 500 personnes, Scotland Yard a procédé samedi à l'arrestation de trois personnes soupçonnées de «complicité de meurtre», tandis que les deux principaux suspects, blessés lors de leur interpellation, étaient toujours hospitalisés.

Dans une vidéo tournée par un témoin sur les lieux du drame, Michael Adebowale explique, dans une rhétorique inspirée du jihadisme, avoir agi en représailles au fait que «des musulmans sont tués quotidiennement par des soldats britanniques».

Le militaire qu'il a tué à proximité d'une caserne ne portait pas d'uniforme au moment de l'attaque au mode opératoire brutal: Lee Rigby a été renversé par un véhicule avant d'être poignardé à coups de couteau et de hachoir, selon des témoins.

«On a voulu tuer un militaire parce qu'il était militaire»

A Paris en revanche, le soldat français attaqué samedi patrouillait en tenue au moment où il a été blessé à l'arme blanche dans le quartier de la Défense. Son agresseur s'est enfui.

«On a voulu tuer un militaire parce qu'il était militaire», a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. «Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et moi-même, chacun dans nos domaines, nous poursuivons une lutte implacable contre le terrorisme et contre tout acte qui remettrait en cause notre sécurité», a-t-il ajouté, alors que l'enquête était reprise par le parquet antiterroriste de Paris.

Le militaire français, dont les jours n'étaient pas en danger dimanche, a été frappé par derrière par un homme qui lui a porté un coup au niveau de la nuque, selon le procureur qui a évoqué «une arme blanche», sans en préciser la nature. Les policiers exploitent notamment témoignages et images de vidéosurveillance. Selon une source proche du dossier, «toutes les bandes vidéos ont été récupérées et elles sont nombreuses» dans la zone où s'est produite l'agression.

Les enquêteurs ont aussi procédé à plusieurs auditions, mais les témoignages semblent s'être avérés assez contradictoires, y compris sur la tenue vestimentaire de l'agresseur. Décrit comme un homme d'environ 1 mètre 90, portant une barbe, il a agi par surprise et n'a rien dit ni crié.

Le principal suspect avait été arrêté au Kenya

Le principal suspect dans le meurtre d'un militaire britannique à Londres avait été arrêté en 2010 au Kenya. La police kényane le soupçonnant de vouloir y rejoindre les islamistes shebab.

Michael Adebolajo, qui a revendiqué le meurtre, à coups de couteau et de hachoir, d'un soldat mercredi dans la capitale britannique, avait été interpellé avec six hommes en novembre 2010 sur l'île kényane de Pate, selon The Independent on Sunday.

Pate, à quelques kilomètres de l'île touristique de Lamu, est située à une soixantaine de kilomètres de la Somalie où opèrent les insurgés shebab affiliés au réseau Al-Qaïda. Après son interpellation, Michael Adebolajo, Britannique d'origine nigériane, a comparu devant un tribunal à Mombasa, la principale ville côtière kényane, au côté de plusieurs autres personnes soupçonnées d'être des islamistes, ont rapporté plusieurs journaux britanniques, photo à l'appui.

Dans un rapport du tribunal, Michael Adebolajo est présenté comme un «Nigérian possédant un passeport britannique», selon le Sunday Telegraph.

Détenu plusieurs jours

Il a été détenu plusieurs jours avant d'être renvoyé au Royaume-Uni, selon la presse britannique. Lors de sa détention au Kenya, le jeune homme a été maltraité, ont affirmé plusieurs de ses proches, dont son beau-frère cité par The Independent on Sunday, Abu Zuybyr, et un ami interviewé par la BBC, Abou Nusaybah.

Par ailleurs, l'autre suspect dans le meurtre du soldat britannique, Michael Adebowale, a été interpellé par la police à Londres «il y a deux mois à la suite de plaintes de commerçants relatives à un groupe de musulmans», a affirmé le Sunday Telegraph.

Michael Adebowale, 22 ans, et Michael Adebolajo, 28 ans, sont soupçonnés d'avoir tué un militaire, à proximité d'une caserne, mercredi en pleine rue à Londres. Michael Adebolajo a revendiqué le crime dans une vidéo amateur, tournée par un passant à quelques mètres du crime, où il apparaît avec un hachoir et un couteau les mains couvertes de sang. Il y explique, d'une voix posée, avoir agi en représailles au fait que «des musulmans sont tués quotidiennement par des soldats britanniques».

Les dernières informations de la presse accroissent la pression sur les services secrets et la police britanniques. Le Premier ministre, David Cameron, a promis dès jeudi une enquête pour déterminer d'éventuelles failles du système, et un rapport préliminaire doit être rendu la semaine prochaine.