Les islamistes se disent prêts à négocier la libération d'un otage français au 16e jour des combats.
Un groupe islamiste a proposé samedi de "négocier la libération" d'un otage français au Mali, alors que les soldats français et maliens se rapprochent des principales villes du nord du pays, bastions des djihadistes. Les militaires français et maliens, après avoir repris trois localités dans le centre et l'Ouest, ont entamé vendredi la reconquête du Nord occupé par les groupes islamistes depuis plus de neuf mois, se dirigeant vers les métropoles de Gao et Tombouctou.
C'est sous cette pression que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), présent à Gao, a annoncé samedi qu'il était prêt à négocier la libération d'un Français qu'il détient. "Le Mujao est prêt à négocier la libération de l'otage Gilberto", a déclaré Walid Abu Sarhaoui, porte-parole du Mujao, en référence au Français Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l'ouest du Mali.
Interrogé pour savoir si cette volonté affichée de négociation était liée à l'intervention militaire française, le porte-parole a simplement répondu : "Nous voulons négocier. Pour la guerre, entre musulmans, nous pouvons nous comprendre", sans autre précision. Une déclaration qui peut être interprétée comme une ouverture pour des négociations avec Bamako et qui survient deux jours après l'annonce d'une scission au sein d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), un autre des groupes islamistes du nord du Mali.
Ayrault refuse "les logiques de chantage"
Le Premier ministre français refuse ce samedi "les logiques de chantage" du groupe islamiste Mujao. Lors d'un déplacement au Chili, il a aussi affirmé que La France ferait "tout pour la liberté" de tous les otages français au Sahel. "On ne rentre pas dans les logiques de chantage. Ce n'est pas du tout notre vision des choses et ce n'est la vision ni des Maliens ni des autorités africaines", a-t-il dit.
"Solution pacifique"
Les dissidents qui ont formé le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), aux effectifs inconnus, ont assuré qu'ils condamnaient "toute forme d'extrémisme et de terrorisme" et qu'ils prônaient "une solution pacifique" à la crise. L'Azawad est le nom que les Touareg donnent au nord du Mali, en proie à des tensions indépendantistes depuis des années. Au total, sept Français sont retenus en otage au Sahel, dont six par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Leurs ravisseurs avaient prévenu que toute intervention française au Mali mettrait leur vie en danger.
La France s'est engagée depuis le 11 janvier, aux côtés de ce qui reste de l'armée malienne, contre les islamistes armés, pilonnant leurs colonnes de pick-up et leurs bases arrière afin d'empêcher leur progression vers le sud et la capitale Bamako. Les villes de Diabali (ouest), Konna et Douentza (centre) ont été reprises par les soldats français et maliens, qui ont également, pour la première fois, repris vendredi le contrôle d'une localité du Nord, Hombori, à 920 kilomètres au nord-est de Bamako.
Les Français sont ainsi parvenus à quelque 200 kilomètres de Gao, un bastion islamiste dominé par le Muajo et Ansar Dine. Et une autre colonne progresse vers Léré, plus à l'ouest, avec pour objectif Tombouctou. Les islamistes ont riposté en dynamitant un pont stratégique près de la frontière nigérienne, paralysant une des deux routes que pourraient emprunter les soldats tchadiens et nigériens en cours de déploiement au Niger.
Situation humanitaire difficile
Des témoignages font état d'une situation humanitaire de plus en plus difficile dans les grandes villes du Nord. À Gao, la situation humanitaire se dégrade, selon l'ONG Action contre la faim (ACF), qui évoque "des cas de malnutrition aiguë". La situation est également critique à Tombouctou (900 kilomètres au nord-est de Bamako), selon des habitants qui indiquent être privés d'eau et d'électricité depuis trois jours.
Face à cette situation, les chefs d'état-major ouest-africains se sont réunis samedi en urgence à Abidjan, alors que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a décidé vendredi soir d'augmenter les effectifs de la force africaine au Mali. Cette réunion est destinée à assurer "la montée en puissance de la mission internationale de soutien au Mali" (Misma), a déclaré à l'ouverture le général Soumaïla Bakayoko, le patron de l'armée ivoirienne. La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) prévoyait de fournir 4 000 hommes, dont moins d'un millier sont arrivés au Mali. Le Tchad, non membre de la Cedeao, a promis 2 000 hommes, dont une partie est déjà présente au Niger.