Sergey Lavrov a dit que l'accord à trouver ne se résume pas à la reconnaissance
par Moscou que la chute d'Assad est inévitable (Photo: Vahid Salemi / AP).
Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a insisté sur le fait que cette rencontre n'impliquait pas que Moscou avait assoupli son soutien au dirigeant syrien, des diplomates russes et américains se sont rencontrés à Genève pour discuter de l'avenir de la Syrie avec l'envoyé spécial de l'ONU, Lakhdar Brahimi.
Lavrov a dit que cette « session de brainstorming », impliquant Brahimi et des responsables de Washington et de Moscou, avait été acceptée la semaine dernière lorsque Lavrov, Brahimi et la Secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, se sont rencontrés à Dublin.
Mais Lavrov a souligné que cet accord pour se rencontrer au sujet de la question qui sème une grande discorde ne se résumait pas à la reconnaissance par la Russie que la chute d'Assad était inévitable.
« Nous ne sommes pas [en pourparlers] quant au sort d'Assad. Et toute tentative de présenter la situation autrement est sans scrupules, même pour des diplomates de ces pays qui sont bien connus pour leur objectif de déformer les faits en leur faveur », a déclaré Lavrov.
Les discussions se sont tenues dans un contexte d'intenses combats, avec les forces loyalistes qui tentent de repousser les rebelles des alentours de la capitale, Damas, et la capture par l'opposition d'un centre de commandement du gouvernement dans la province d'Alep, qui a reposé lourdement sur des combattants du Jabhat al-Nusra, un groupe djihadiste lié à al-Qaïda, qui a été exclu de la coalition d'opposition soutenue par les Arabes et les Occidentaux. Pendant ce temps, malgré les mises en garde américaines et alliées que le régime semblait prendre des mesures préparatoires pour utiliser des armes chimiques, un responsable israélien a dit qu'il pensait qu'il n'y avait aucune menace chimique immédiate venant de Syrie.
« Sur ces sujets, nous devons nous préparer à nous protéger nous-mêmes, par nous-mêmes », a déclaré le vice-Premier ministre Moshé Yaalon à la radio israélienne. Il a ajouté : « A ce stade, nous ne voyons aucun signe que ces armes seraient pointées sur nous ».
Les rencontres de Genève font suite à des discussions entre le Président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à Istanbul lundi dernier. Ces discussions n'ont mené à aucun progrès public, mais des responsables turcs ont dit que les Russes admettaient en privé qu'Assad, que Moscou a soutenu et armé durant ses 12 ans au pouvoir, ne survivrait probablement pas longtemps au pouvoir.
Lavrov a accusé les officiels américains de répandre des rumeurs disant que la Russie assouplissait sa position sur la Syrie. « Les représentants américains ont commencé à faire des déclarations indiquant que la Russie changeait sa position. Ce n'est pas vrai. Nous n'avons pas changé de position, et c'est seulement à ces conditions que nous avons accepté de tenir cette réunion de Genève », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères.
« Nous avons dit que nous serions prêts à une condition : que la base de telles sessions de brainstorming soit conçue par le document de Genève, sans additions, sans ultimatums, sans conditions préalables comme la démission du Président Assad. »
Lavrov se référait à une déclaration conjointe acceptée par les puissances mondiales en juin à Genève, dans laquelle les profondes divergences entre elles furent couchées sur le papier dans une formulation utilisation. Elle disait que tout gouvernement syrien futur de transition « pourrait inclure des membres du gouvernement actuel, de l'opposition et d'autres groupes et qu'il sera formé sur la base du consentement mutuel ».
Les Etats-Unis et leurs alliés ont interprété cela comme voulant dire un gouvernement sans Assad, puisqu'il n'aurait pas le consentement de l'essentiel de l'opposition. La Russie et la Chine l'ont comprise comme voulant dire qu'Assad ne pourrait pas être chassé sans l'accord du régime.
Julian Borger
rédacteur en chef diplomatie