A Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, plusieurs milliers de Palestiniens ont accueilli le vote historique à l'Assemblée générale de l'ONU par des acclamations, des tirs en l'air et des scènes de liesse populaire. «Je suis si heureuse, je n'arrive pas à mettre des mots sur mes sentiments. C'est un peu comme si nous étions sortis d'un très long tunnel. Avoir un Etat palestinien nous permet d'être unis», lance Leïla Jalman, une Palestino-Américaine, au milieu de la foule rassemblée sur la place Yasser Arafat à Ramallah.
Leïla brandit deux portraits: l'un du président Mahmoud Abbas et l'autre de son prédécesseur, Arafat, l'homme au keffieh, le chef historique du mouvement national palestinien.
Au moment où, dans l'hémicycle de l'Assemblée générale à New York, s'affiche sur un tableau électronique «138 pour, 9 contre, 41 abstentions», la joie éclate à Ramallah, et jusqu'à la bande de Gaza. «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand), scande-t-on.
Les armes automatiques crépitent à Ramallah, les klaxons des voitures retentissent sur les deux grandes artères de Jérusalem-Est annexée, et à Bethléem, en Cisjordanie, les cloches des églises résonnent pour marquer l'événement.
Un feu d'artifice aux couleurs palestiniennes, rouge, vert, noir et blanc, jaillit au dessus de la Vieille ville de Jérusalem.
Au-dessus de Jérusalem
«Je suis vraiment content que le statut d'Etat (observateur) ait été adopté, même s'il ne s'agit que d'une victoire morale», exulte Rachid al-Kor, 39 ans, à Ramallah. Pour l'occasion, les autorités avaient dressé une scène au coeur de la ville qui abrite le siège de l'Autorité palestinienne.
«Evidemment que je suis heureuse. Nous allons finalement devenir un Etat. Le changement sera peut-être lent sur le terrain mais il viendra assurément», s'enthousiasme Rim Maloch, 26 ans, le drapeau national peint sur la joue.
«On va enfin compter»
Un sentiment partagé plus tôt dans la journée par Ghanem Rouzayqat, venu de Hébron (sud): «Avec le nouveau statut de la Palestine à l'ONU, on va enfin compter dans la communauté internationale».
«Ce statut n'a que du bon. Nous allons pouvoir saisir la Cour pénale internationale (CPI) et montrer au reste du monde ce qu'Israël nous fait subir», se félicite ce jeune dentiste.
Cinquante kilomètres plus au nord, à Naplouse, environ 7.000 personnes ont afflué vers la place principale, ornée pour l'occasion de portraits de M. Abbas et du défunt leader Yasser Arafat.
«Notre succès à l'ONU va être un nouveau coup dur pour Israël, après ses déboires avec la résistance à Gaza. Et notre peuple en est très heureux», lance Sobhi Abdallah, 52 ans, en référence à la récente opération israélienne dans l'enclave palestinienne.
De retour 65 ans après
La date n'a pas été choisie au hasard. En ce même jour de novembre il y a 65 ans, l'ONU adoptait le plan de partition de la Palestine mandataire en un Etat juif et un Etat arabe.
Xavier Abou Eid, un porte-parole du département de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), représentante des Palestiniens, promet: «65 ans après, nous sommes de retour aux Nations unies. Mais cette fois, nous y resterons».
Hamas
Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil, a apporté son soutien à la démarche de Mahmoud Abbas, entraînant le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh.
«Il s'agit d'une nouvelle victoire sur le chemin de la libération de la Palestine et nous nous en réjouissons. Le Hamas la considère comme un succès unitaire qui suscite la joie au sein de notre peuple», a déclaré Ahmed Youssef, un dirigeant du mouvement à Gaza.
Des milliers de Gazaouis ont participé jeudi à un défilé unitaire, du siège du Conseil législatif au bâtiment de l'ONU. Certains brandissaient des portraits de Mahmoud Abbas, scène rare dans l'enclave, qui échappe depuis 2007 à son autorité, et de Yasser Arafat, symbole de l'unité perdue et retrouvée à la faveur de la démarche à l'ONU.
D'ailleurs, à Naplouse, s'il se dit en faveur du nouveau statut aux Nations unies, Assad Abou Sabea estime qu'il «devrait être suivi par la réconciliation nationale. Sinon, ce sera un coup d'épée dans l'eau».