En août dernier, sur la base de confidences recueillies auprès de deux “officiels” du Pentagone restés anonymes, le site d’informations Washington Free Bacon révélait qu’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) russe de la classe Akula était resté pendant près d’un mois dans les eaux du golfe du Mexique sans avoir été détecté par l’US Navy. La même source avait aussi rapporté, quelques semaines plus tôt, que deux bombardiers russes de typeTu-95 Bear H avaient été détectés en juillet près de la côte ouest américaine.
Seulement, l’US Navy, pas plus d’ailleurs que Moscou, qui, selon Ria Novosti, mit en avant la confidentialité des missions de ses sous-marins, ne confirma pas cette information susceptible de mettre dans l’embarras, en pleine campagne électorale, l’administration Obama, cette dernière ayant engagé une politique de “reset” avec la Russie.
Sollicité par John Cornyn, sénateur républicain du Texas et membre de la commission sénatoriale des forces armées, pour donner des explications au sujet des révélations de Washington Free Bacon, l’amiral Jonathan W. Greenert, le chef d’état-major de l’US Navy, assura en effet que “sur la base de l’ensemble des sources d’informations à sa disposition”, aucun sous-marin russe n’était entré dans le golfe du Mexique.
Par conséquent, l’on pouvait émettre des réserves sur cette incursion d’un sous-marin russe dans les eaux du golfe du Mexique, d’autant plus que, en 2009, l’US Navy avait rapidement reconnu, suite à des révélations du New York Times, que deux Akula avaient été repérés près des côte américaines.
Cela étant, et une fois encore, une autre affaire de ce type a été rapportée par Washington Free Bacon, puis confirmée le 6 novembre dernier par CNN. Ainsi, selon le blog “Security clearance” tenu par un journaliste de la chaîne d’information en continu, un SNA russe a bel et bien été détecté, en octobre, par l’US Navy, “à moins 300 miles de la côte sud est des Etats-Unis.”
Selon des responsables du Pentagone interrogés par CNN, qui ont souhaité garder l’anonymat étant donné le caractère sensible de l’affaire, ce sous-marin, un Sierra-2 appartenant probablement à la Flotte russe du Nord, s’est approché d’un groupe aéronaval américain qui effectuait un exercice au large de la Floride avant de faire demi-tour.
“On ne sait pas exactement ce qu’il faisait si près des côtes des États-Unis, mais les autorités supposent qu’il menait des exercices anti-sous-marins, comme au temps de la guerre froide” a rapporté le journaliste spécialisé de CNN.
Par le passé, précisément en février 1992, un SNA américain, l’USS Baton Rouge, avait déjà eu maille à partir avec un Sierra, en l’occurrence, le K-276 Kostroma. Sauf que, cette fois, le bâtiment de l’US Navy effectuait une mission de renseignement au large de l’île de Kildin, près de Mourmansk. Les deux navires étaient entrés en collision, ce qui mit dans l’embarras Washington.
Reste que ces incursions russes ne sont pas surprenantes. En août 2010, le quotidien The Daily Telegraph indiqua qu’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de la Royal Navy avait été “pisté” dès sa sortie de sa base de Faslane, en Ecosse, par un Akula, lequel fut pris en chasse à son tour par un SNA de la classe Trafalgar. “Les Russes jouent avec nous, avec les Américains et les Français dans l’Atlantique Nord” avait confié au journal, à l’époque, un officier britannique.