Un nouveau coup a été asséné à Sarkozy par le portail internet Mediapart, lequel jouit en France de la réputation d'être un « tueur médiatique ». Cette fois-ci, le site internet a produit une preuve selon laquelle la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 a été financée par Mouammar Kadhafi. L'actuel président français a dit que cette information était un « mensonge éhonté ». Voice of Russia s'est entretenu avec Fabrice Arfi, l'auteur de ce sujet.
Selon Mediapart, le gouvernement libyen a alloué 50 millions d'euros à Nicolas Sarkozy pour sa campagne électorale de 2007. Le journaliste Fabrice Arfi dit que la publication des documents à l'apogée de l'élection est une coïncidence.
« En avril dernier, nous avons découvert un document officiel signé par les services spéciaux libyens et nous l'avons publié. Avant de le faire, cela nous a pris plusieurs jours pour établir son authenticité et trouver des témoins et retracer les cerveaux. Dès que tout fut prêt, nous avons décidé de publier ces documents, sans tenir compte du calendrier électoral français. Je peux imaginer la tempête de reproches qui aurait été déversée sur nous si nous ne l'avions pas fait. Lorsque tous les faits furent collectés, nous ne pouvions pas en retarder la publication. C'est la signification de la démocratie : une information déplaisante doit être rendue publique, même lors de campagnes électorales ».
Le gouvernement français a émis des doutes sur l'authenticité des documents publiés et exigé une enquête. L'ancien chef des services secrets libyens, Moussa Koussa, a réfuté la véracité de l'information présentée par Mediapart. Fabrice Arfi dit que la Libye n'a pas intérêt à faire la lumière sur cette situation.
« Si l'authenticité de ce document est contestée, il est nécessaire de démontrer les éléments "falsifiés". Les mots creux des anciens dirigeants du régime Kadhafi, protégés par la France, n'y changent rien. Quant à Moussa Koussa, l'ancien patron des services secrets libyens, Mediapart a décrit son histoire en détail, il y a quelques temps. La France a aidé à l'évacuer de la Libye, via Tunis, et il vit désormais au Qatar. M. Moussa a subi des chantages et des menaces d'extradition s'il ne réfutait pas l'information de Mediapart et s'il ne faisait pas une déclaration en faveur de Nicolas Sarkozy. Nous savons que ses réfutations font partie de la campagne de [dés]information entreprise par le Palais de l'Elysée ».
Le journaliste Arfi dit que la plainte déposée par Nicolas Sarkozy contre Mediapart dans le cadre de loi répressive confère au président français de très grands avantages parce que la procédure sera menée par une cour qu'il contrôle lui-même.
« Nous avons été accusés de "falsification d'un document officiel", d'avoir "utilisé des documents contrefaits", d'avoir "répandu une fausse information" et de "dissimulation d'un document contrefait". Tout ceci donne à Sarkozy une occasion d'utiliser une gamme complète d'outils techniques mis à la disposition des enquêteurs criminels, comme les écoutes téléphoniques, les arrestations et les perquisitions. Si Nicolas Sarkozy nous avait accusés de diffamation, ce procès se déroulerait en public. Mais il a préféré que cette affaire soit entendue par une cour contrôlée par le président. Cette enquête est secrète et le procureur qui en est responsable est subordonné à l'autorité publique, laquelle agit en tant qu'accusateur ».
Fabrice Arfi a déclaré à Voice of Russia que Mediapart ne fait aucune confiance à ce type d'enquête et n'a pas l'intention de l'aider et insiste pour une cour indépendante.
Le second tour de l'élection présidentielle en France se tiendra le 6 mai. Au premier tour, le candidat socialiste François Hollande a remporté 28,6% des vois et Nicolas Sarkozy 27,1%.
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