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jeudi 8 mars 2012

Washington justifie « son droit » d’éliminer des citoyens américains

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Le gouvernement américain estime avoir le « droit » et même « la responsabilité » d’éliminer des citoyens américains lorsque la sécurité nationale des États-Unis est menacée, a déclaré lundi le ministre de la Justice, Eric Holder.

« Notre autorité légale ne s’arrête pas aux champs de bataille d’Afghanistan. Nous sommes en guerre contre un ennemi sans État. Notre gouvernement a, à la fois, la responsabilité et le droit de protéger notre nation et son peuple face à des menaces, » a-t-il affirmé devant l’École de droit de la Northwestern University, à Chicago.

« Certains appellent ces opérations des assassinats. Ils n’en sont pas [...] Les assassinats sont des meurtres illégaux. [Or], l’utilisation de la force par le gouvernement américain comme moyen d’autodéfense face à un responsable d’Al-Qaïda ou une organisation affiliée qui représenterait une menace imminente d’attaque violente ne serait pas illégale. » — Eric Holder, ministre américain de la Justice.

« La citoyenneté américaine n’immunise pas de tels individus, » et ne les « empêche pas d’être ciblés », a-t-il ajouté.

Eric Holder admet tout de même que la décision d’utiliser la force contre des citoyens américains ne doit pas être prise à la légère et qu’une telle opération ne doit être menée qu’à trois conditions, soit qu’une enquête « profonde et minutieuse » prouve que la personne constitue une menace imminente, que sa capture est impossible et que l’opération est conduite « conformément aux principes des lois sur la guerre. »

De leur côté, des groupes de défense des droits de l’homme mettent en doute le droit du gouvernement américain de chercher à tuer un citoyen qui n’a pas été officiellement accusé de quoi que ce soit.

L’Union américaine de défense des libertés civiles (ACLU) a notamment réclamé la publication des documents secrets qui autorisent l’élimination de citoyens américains sans qu’ils puissent subir de procès.

Ils citent en exemple l’imam Anwar Al-Awlaki, considéré comme le chef d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui a été assassiné au Yémen par un missile tiré par un drone américain, en septembre dernier. Les frappes avaient été menées par la même unité qui a supervisé le raid contre Oussama ben Laden en mai.

Selon l’ACLU, c’est la première fois qu’un responsable américain justifie, au nom de la loi, ces attaques de drones, qui ont tué au moins trois citoyens américains au cours des cinq derniers mois.