Treize officiers de l’armée française ont été capturés par les forces syriennes, selon le journal libanais Daily Star, le premier média mainstream à avoir évoqué les rumeurs faisant état de la présence de troupes occidentales sur le terrain.
Le ministre des Affaires étrangères dément ces informations, arguant qu’aucun soldat français n’a mis le pied sur le sol syrien.
Mais le ministre de la Défense est moins catégorique, disant qu’il ne confirme ni ne dément ces allégations.
Un photographe qui a pu s’échapper de la ville syrienne assiégée de Homs a lui aussi démenti les informations selon lesquelles des soldats français seraient intervenus pour sécuriser son évacuation et celle de trois autres reporters occidentaux.
Le rapport est sorti lundi, lorsque la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge arabe syrien ont pu rejoindre deux faubourgs de Homs pour y distribuer de la nourriture et des couvertures aux civils, dont certaines familles avaient fui les quartiers de Baba Amr où les combats se poursuivent.
Leurs équipes ne semblent pas avoir été autorisées à pénétrer dans le quartier de Bab Amr lui-même.
« Nous sommes présents dans les faubourgs de al-Inshaat et al-Tawzii. Al-Inshatt est le plus proche de Baba Amr. Évidemment, la population locale a grand besoin d’aide, puisque le quartier a subi lui aussi les violences, mais de nombreuses familles qui ont fui Baba Amr y ont été accueillies, » a expliqué Hicham Hassan, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (ICRC).
Un convoi de l’ICRC emportant de la nourriture « pour plusieurs milliers de personnes » et d’autres fournitures est également arrivé à Homs depuis Damas, c’est le deuxième en une semaine, a-t-il expliqué.
Il semble également que l’envoyé de Kofi Annan en Syrie doit arriver à Damas le 10 mars.
L’information des officiers français sur le sol syrien émane du Daily Star, un journal réputé de Beyrouth.
Le Daily Star cite une source palestinienne pro-syrienne basée à Damas, faisant état de troupes françaises retenues dans un hôpital à Homs.
La source indique que des responsables à Paris et à Samas tentent de trouver un arrangement sur le sort de ces soldats français.
Aucune explication n’a été donnée sur les raisons de la présence de ces troupes françaises en Syrie, ni sur la possibilité qu’ils fassent partie d’un contingent plus important. Il n’a pas été possible de vérifier ces informations.
Un porte-parole du ministre français des Affaires étrangères a expliqué : « Nous démentons toute présence de troupes françaises sur le sol syrien. » Un autre porte-parole du ministère de la Défense a pour sa part déclaré : « Nous n’avons aucune information là-dessus. Nous ne confirmons pas, et ne démentons pas. »
Damas n’a pas fait de commentaire sur la présence de soldats français sur son sol.
Cependant, le secrétaire général de l’OTAN, Andres Fogh Rasmussen, a dit le mois dernier qu’il n’avait aucune intention d’intervenir dans ce pays comme cela avait été le cas pour la Libye. « Non, je ne pense pas [que nous ayons à intervenir], car la Syrie est aussi une société différente, bien plus complexe aux niveaux ethnique, politique, religieux. C’est pourquoi je crois qu’une solution régionale doit être trouvée, » a-t-il déclaré. Homs, située à 35 km de la frontière libanaise, reste un terrain de bataille stratégique avec les forces loyales au président Bashar al-Assad qui poursuivent leurs bombardements incessants de la zone, et les manifestants qui continuent de protester contre le dictateur tyrannique.
Des militants ont affirmé hier qu’au moins douze personnes, dont trois enfants et trois femmes, avaient trouvé la mort dimanche dans des bombardements à Rastan, une banlieue de Homs. Par ailleurs, des hommes d’un autre quartier, Baba Amr, ont été blessés et 10 d’entre eux ont été alignés contre un mur et exécutés, selon des militants et des réfugiés. La journaliste française Édith Bouvier a réussi à s’enfuir de Syrie avec trois autres personnes la semaine dernière après avoir été blessée à la jambe lors de ce que certains reporters ont appelé une « attaque ciblée ».
Marie Colvin, une reporter du Sunday Times, a été tuée lors d’un bombardement le 22 février en même temps qu’un photoreporter français, Remi Oschlik. Ils travaillaient au centre de presse improvisé dans le quartier lorsqu’ils ont été frappés.
Le rapport ne dit pas si des troupes françaises ont pris part à la mission d’évacuation des reporters qui avaient été mis à l’abri dans une maison pendant une semaine après le bombardement meurtrier.
Mais une interview ce matin par France Inter du photographe français William Daniels qui s’est échappé avec Édith Bouvier, a nié tout contact avec des troupes françaises.
« Je n’ai eu aucun contact avec des soldats français pendant cette opération. Nous avons seulement vu des Syriens de l’Armée (rebelle) syrienne libre. Nous leur devons notre salut, » a-t-il déclaré.
Il a ajouté : « Nous n’avons pu contacter personne (parmi les autorités françaises) pendant toute la durée de notre séjour, puisqu’il n’y avait pas de lignes téléphoniques, et évidemment pas d’Internet ni de téléphones-satellites, et de toute façon nous n’aurions pas pu utiliser un téléphone-satellite, car cela aurait permis (à l’armée syrienne) de nous localiser. »
Les récits de la fuite ne mentionnent que l’aide des rebelles, bien que l’ambassadeur de France, Éric Chevallier, soir retourné à Damas la semaine dernière pour discuter de l’évacuation sécurisée des journalistes.
La France a annoncé vendredi qu’elle fermait son ambassade, du fait que les combats se poursuivaient dans la région. La Grande-Bretagne a déjà évacué son ambassade.
Source :
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/9122749/Thirteen-French-officers-captured-by-Syrian-Army.html
Henry Samuel
Amy Willis
The Telegraph