La Syrie possède un gouvernement séculier tout comme l’Irak avant l’invasion américaine. Les gouvernements séculiers sont importants dans les pays arabes où il existe une division entre les sunnites et les chi’ites. Les gouvernements séculiers empêchent cette population divisée de s’entretuer.
Lorsque l’invasion américaine – un crime de guerre selon les standards établis dans ce domaine par les États-Unis lors du procès de Nuremberg à la fin de la Seconde Guerre mondiale – a renversé le gouvernement séculier de Saddam Hussein, les Irakiens sunnites et chi’ites on commencé à se battre entre eux. La guerre civile entre Irakiens est ce qui a sauvé l’invasion américaine. Quoi qu’il en soit, suffisamment de sunnites trouvèrent [quand même] le temps de combattre l’occupation américaine, tant et si bien que les États-Unis ne furent jamais en mesure d’occuper totalement Bagdad, sans parler du territoire irakien, quelle que fût l’intensité de la force employée par les troupes américaines.
La conséquence de l’invasion américaine de l’Irak ne fut pas l’ [établissement de] la démocratie ou l’ [amélioration des] droits de femmes, encore moins la destruction des armes de destruction massive qui n’existaient pas, comme les inspecteurs l’avaient clairement dit auparavant. La conséquence fut le transfert du pouvoir politique des sunnites aux chi’ites. La version chi’ite de l’islam est la version qui a cours en Iran. Ainsi, en Irak, l’invasion de Washington a eu pour effet de transférer le pouvoir d’un gouvernement séculier vers un gouvernement chi’ite, allié de l’Iran.
Aujourd’hui, Washington a l’intention de répéter cette folie en Syrie. D’après la ministre des Affaires étrangères US, Hillary Clinton, Washington est même prêt à s’allier avec al-Qaïda afin de renverser le gouvernement de Bachar Al-Assad. Étant donné que Washington a désormais des liens avec al-Qaïda, le gouvernement de Washington sera-t-il arrêté sous le coup des lois antiterroristes ?
L’hostilité de Washington envers Al-Assad est totalement hypocrite. Le 26 février, le gouvernement syrien a organisé un référendum en vue d’établir une nouvelle constitution en Syrie qui limiterait les termes des futurs présidents, et retirerait au parti Ba’ath le monopole politique dont il jouit depuis le début.
Le taux de participation au référendum fut de l’ordre de 57,4%, ce qui représente environ le même pourcentage que celui de l’élection d’Obama en 2008. Ce taux de participation fut plus élevé (et ce, malgré la rébellion armée soutenue par l’Occident) que durant les 9 élections présidentielles aux États-Unis entre 1972 à 2004. La nouvelle constitution syrienne a été approuvée par 89,4% des participants.
Mais Washington a dénoncé ce référendum démocratique, et affirme que le gouvernement syrien doit être renversé afin d’amener la démocratie en Syrie.
Les alliés de Washington dans la région, les monarchies du pétrole, non élues, comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, ont publié des déclarations expliquant qu’ils étaient prêts à fournir des armes aux rebelles islamistes afin d’apporter la démocratie en Syrie, chose qu’eux-mêmes ne tolèrent pas chez eux.
Pour Washington, "la démocratie" est une arme de destruction massive. Quand Washington apporte la démocratie dans un pays, cela veut dire sa destruction, comme en Libye ou en Irak. Cela ne veut en aucun cas dire "démocratie". La Libye est en plein chaos, sans gouvernement effectif, un vrai cauchemar pour les droits de l’Homme.
Washington a nommé Nouri al-Maliki au poste de président de l’Irak. Il a perdu une élection, mais s’est maintenu au pouvoir. Il a déclaré que son vice-président était un terroriste et a ordonné son arrestation ; il utilise son État policier pour arrêter les politiciens sunnites. Bashar Al-Assad en Syrie est bien plus démocratique que Maliki en Irak.
Depuis plus d’une décennie, Washington a berné tout le monde sur la finalité de ses guerres d’agression, qui étaient faites soi-disant pour "apporter la démocratie et les droits de l’homme au Moyen-Orient". Alors que Washington amenait la démocratie au Moyen-Orient, elle détruisait la démocratie aux États-Unis mêmes. Washington a ramené d’outre-tombe les donjons médiévaux de la torture et l’auto-accusation. Washington a détruit le processus légal de l’Habeas Corpus. Sur la requête d’Obama, le Congrès US a voté sans coup férir une loi qui permet d’emprisonner indéfiniment des citoyens américains, sans jugement, et sans même la présentation de preuves. Les perquisitions sans mandat et l’espionnage, qui étaient illégaux et inconstitutionnels au début du siècle, sont maintenant des actes routiniers.
Obama s’est même réservé le droit, pour lequel il n’y a aucune loi écrite, de faire assassiner tout citoyen américain, n’importe où dans le monde, si la branche exécutive du pouvoir le décide, et ce, sans même présenter quelque preuve que ce soit, simplement du fait que la personne représente une menace pour le gouvernement américain. Tout citoyen américain, où que ce soit dans le monde, peut être assassiné sur la seule opinion purement subjective de quelqu’un appartenant à la branche de l’exécutif américain, qui à elle seule représente toujours plus le gouvernement des États-Unis. Les autres soi-disant branches "égales" du pouvoir ont fondu comme neige au soleil sous les coups de boutoir de la "guerre contre la terreur".
Pourquoi le gouvernement de Washington est-il si déterminé à amener la "démocratie" au Moyen-Orient (à l’exception de l’Arabie Saoudite, du Bahreïn, du Qatar et des Émirats Arabes Unis), en Afrique, en Iran, en Afghanistan, en Russie et en Chine, mais est si hostile aux droits constitutionnels en Amérique ?
Les droits que les Américains ont gagnés lors de la révolution contre le roi George III au XVIIIe siècle ont tous été éliminés par les régimes Bush/Obama au XXIe siècle. D’aucuns penseraient que cela ferait l’objet d’articles de presse, mais il n’en est rien.
N’attendez pas de commentaires à ce sujet en provenance du Ministère de la vérité.
Paul Craig Roberts