Le 16 octobre dernier a été créé le Mouvement national de libération de l’Azawad, secteur qui regroupe trois régions (Gao, Tombouctou, Kidal) situées dans le nord du Mali.
Cette nouvelle formation est le fruit d’une fusion entre le Mouvement national de l’Azawad (MNA), une organisation à l’origine politique, et des groupes armés de l’ex-Alliance Touareg Niger-Mali (ATNM) d’Ibrahim Ag Bahanga, décédé le 26 août dernier dans un accident de voiture. Cette alliance compte par ailleurs dans ses rangs des combattants ayant soutenu le régime du colonel Kadhafi en Libye.
L’objectif du MNLA est d’obtenir l’indépendance de l’Azawad, considérant que, comme l’a affirmé le président de son bureau politique, Mahmoud Ag Aghaly, lors d’un entretien accordé le 21 février dernier à Jeune Afrique, les « populations du nord et du sud du Mali sont trop différentes pour composer un Etat ensemble, comme le Mali et le Sénégal n’étaient pas faits pour être un seul pays ».
Ainsi, le 17 janvier dernier, le MNLA s’est engagé dans la lutte armée, en attaquant l’armée malienne à Ménaka, puis, le lendemain, à Aguel’hoc et Tessalit. Depuis, les combats font rage dans le nord du Mali, ce qui a provoqué l’exode d’au moins 30.000 civils.
De violents affrontements ont alors eu lieu à Aguel’hoc, Andéramboukane, Léré, Niafunké, Kidal, Ménaka, Tinzawatène et Tessalit et manquent parfois de déborder du territoire malien, certaines zones de combat étant frontalières avec le Niger, l’Algérie et la Mauritanie. Et l’armée malienne fait ce qu’elle peut pour contenir ces assauts, notamment avec des hélicoptères d’attaque pilotés par des mercenaires venus d’Europe de l’Est.
En outre, et malgré ses démentis, le MNLA est très fortement suspecté de bénéficier d’un soutien de la part d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du groupe salafiste Jamâa Anssar dine d’Iyad Ag Ghaly. Ces soupçons se fondent sur des élements recueillis à l’issue d’exactions commises sur des soldats maliens à Aguel’hoc, le 24 janvier.
Selon le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, il y aurait eu « des violences absolument atroces et inadmissibles » avec des « exécutions sommaires, des soldats, des personnes – on parle d’une centaine – qui ont été capturées et ont été froidement exécutées », avec des méthodes utilisées par al-Qaïda. Ce qu’a confirmé une commission d’enquête formée par les autorités maliennes.
Quoi qu’il en soit, les combats se concentrent désormais autour de Tessalit, qui, avec sa piste d’aviation (la seule dans la région), est un carrefour stratégique dont le contrôle assure le passage vers d’autres localité dans le Nord-Mali.
C’est donc dans ce contexte qu’un avion militaire américain a parchuté du ravitaillement aux soldats maliens déployés dans le camp isolé d’Amachache. « Oui, à notre demande, les Américains ont largué des vivres sur la piste d’atterrissage de Tessalit » a confirmé, le 3 mars, à l’AFP, un responsable de l’état-major des forces armées maliennes.
Cela étant, cette opération américaine n’est pas une première. Selon l’ambassade des Etats-Unis à Bamako, une mission du même genre a déjà été effectuée le 14 février dernier, également à Tessalit, afin de larguer des vivres à la population civile de Tessalit.
Récemment, des militaires américains du 19th Special Forces Group (SFG) ont participé à des exercices de ravitaillement aérien et de récupération de matériels largués avec leurs homologues maliens.
« Le 19e SFG nous a appris à mettre en place la plate-forme de préparation opérationnelle, d’envoyer des patrouilles de reconnaissance, et d’établir la sécurité dans la zone de largage. Nous avons appris à mener ces opérations en toutes circonstances. Cet exercice nous permet également de travailler avec des troupes d’ autres nations » a ainsi expliqué un sous-officier malien.
Plus généralement, cette implication américaine, certes limitée, vise surtout AQMI, qui, « à travers le continent africain, le trafic illégal (prolifération des armes, trafic de stupéfiants et des êtres humains) et son lien avec les organisations extrémistes violentes constituent une menace importante à la stabilité régionale et aux intérêts nationaux des Etats-Unis », selon le général Carter Ham, le commandant de l’US Africom.
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