Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 22 mars 2012

Le forcené de Toulouse Mohamed Merah figurait sur la liste noire des personnes interdites de vol aux Etats-Unis

.
Mohamed Merah, le tueur au scooter mort jeudi à Toulouse, figurait sur la liste noire des personnes interdites de vol aux Etats-Unis, a-t-on appris auprès d'un responsable du renseignement américain.

Le meurtrier de trois enfants et d'un enseignant juifs, ainsi que de trois parachutistes, figurait depuis «un certain temps» sur cette liste américaine qui regroupe des suspects de terrorisme, a indiqué à l'AFP ce responsable sous couvert de l'anonymat.


Faille dans le service des renseignements?

Les enquêteurs n'ont pu identifier et localiser avec certitude que mardi le jeune Français d'origine algérienne auteur des trois tueries à Toulouse et Montauban. Une controverse a commencé à apparaître sur une faille dans la surveillance des réseaux islamistes radicaux par le renseignement.

Plusieurs experts, renforcés par des témoignages qui commencent à filtrer dans les médias, se sont interrogés sur la surveillance des jihadistes par les services de renseignement et l'incapacité des forces de l'ordre françaises à arrêter rapidement le suspect après ses premiers meurtres.

Selon le ministre français de l'Intérieur Claude Guéant lui-même, le tueur était suivi depuis des années. En novembre 2011, il avait été convoqué pour s'expliquer sur ses séjours en Afghanistan et au Pakistan.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé jeudi qu'il fallait «faire la clarté» sur d'éventuels manquements des services de renseignement français dans la surveillance de l'auteur des sept meurtres dans le sud-ouest.

«Ils sont contrôlés»

Interrogé pour savoir pourquoi la France ne consacrait pas davantage de moyens pour mieux contrôler le petit nombre de jihadistes français recensés, le ministre a répondu: «Ils sont contrôlés» et le tueur de Toulouse et Montauban «a été interrogé récemment par les services de renseignement».

Et M. Guéant a fait valoir de son côté que «manifester des opinions salafistes ne suffit pas à déférer à la justice». «Dans le parcours des salafistes toulousains comme dans celui du tueur, jamais n'est apparue une tendance criminelle» avant les tueries des dix derniers jours, a-t-il insisté.

Les services de renseignement occidentaux estimaient récemment à quelques dizaines ces jeunes jihadistes de retour des zones troublées à la frontière pakistano-afghane, dont quelques-uns en France où les dernières attaques islamistes remontent à la vague d'attentats à la bombe de 1995.

Punir la consultation de sites extrémistes: légalement délicat

Punir «pénalement» la consultation de sites internet faisant l'apologie du terrorisme, comme l'a annoncé Nicolas Sarkozy, nécessiterait une nouvelle loi autorisant les blocages de sites ou obligeant les opérateurs à espionner leurs clients, selon les analystes du secteur.

«Désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement», a déclaré le président français peu après la mort du tueur présumé des tueries de Toulouse et Montauban.

«Aujourd'hui, la seule infraction reconnue pour simple consultation de contenus - et non pas pour détention ou diffusion - est celle concernant la pédo-pornographie. Donc pour l'apologie du terrorisme, ce devrait être la même logique», résume à l'AFP un spécialiste juridique du secteur internet.

L'inscription au Code pénal d'une telle infraction légitimerait dans un premier temps l'interpellation immédiate de toute personne ayant consulté un site internet incriminé, «ce qui peut permettre à la police dans une affaire de terrorisme d'agir vite quand elle n'a aucun autre élément tangible», selon lui.

Mais cette loi permettrait également le blocage immédiat de tout site, hébergé en France, répondant à ces critères fixés par le gouvernement. «Pour le cas d'un site hébergé à l'étranger, les fournisseurs d'accès internet français auraient l'ordre de bloquer les connexions à ce site depuis la France», précise ce spécialiste.

Dans le cas d'un site hébergé en France, les enquêteurs pourraient alors accéder aux serveurs informatiques pour récupérer les adresses IP (identifiants de connexion permettant de remonter au titulaire de l'abonnement internet, ndlr), ainsi que le jour et l'heure de chaque connexion.

«Mais ce qui prend le plus de temps, c'est d'exploiter cette masse colossale de données et de remonter vers les personnes, sans compter que certaines ont pu atterrir sur le site par erreur, n'y rester qu'une minute, ou même être des journalistes à la recherche d'une information», souligne le spécialiste.

Pour arriver à ses fins, le gouvernement pourrait également mettre à contribution les fournisseurs d'accès internet afin «espionner» les connexions de leurs clients. «Il faudrait ainsi donner aux fournisseurs d'accès des listes entières de mot-clés à détecter dans les recherches de leurs abonnés», explique le responsable d'une société informatique.

ATS