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Combats dans les rues de Syrte.
Les efforts britanniques pour renverser le Colonel Kadhafi ne se sont pas limités à des frappes aériennes. Au sol, et en toute discrétion, des soldats des Forces spéciales se sont mêlés aux combattants rebelles. Voici le récit inédit du rôle crucial qu’ils ont joué.
La campagne britannique pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi a l’image publique des avions bombardiers, et des navires de la Royal Navy appareillant dans les eaux libyennes, mais a aussi une autre face, cachée celle-là.
Mon enquête pour démonter ce travail de dissimulation met à nu l’histoire de gens dotés de sens pratique, et essayant de continuer à faire leur travail tout en se pliant aux contraintes politiques et légales imposées par Londres.
Finalement, les Forces spéciales britanniques ont bien été déployées au sol dans le but d’aider les Alliés du Royaume-Uni, ces révolutionnaires libyens souvent appelés « Conseil National de Transition » (CNT). Ceux qui étaient au courant de ces opérations insistent sur le fait qu’"ils ont fait un travail formidable" et ont grandement contribué à l’effondrement final du régime de Kadhafi.
Photo : De nombreux appareils de transmission révèlent une force coordonnée
La politique d’intervention britannique a été élaborée comme une série de faux départs, changeant des points stratégiques au gré des événements au sol. Des discussions à n’en plus finir ont eu lieu au National Security Council (le cabinet du Premier ministre britannique) pour savoir jusqu’où la Grande-Bretagne devait aller. Sous la présidence du Premier ministre David Cameron, ces membres clés étaient :
•Le Chef du Commandement de la Défense, le Général Sir David Richards;
•Le secrétaire à la Défense, Liam Fox;
•Le secrétaire aux Affaires étrangères, William Hague;
Des sources internes du gouvernement de Wesminster indiquent que le chef de cabinet de David Cameron, Ed Llewellyn, fut un des hommes-clés dans la décision de lancer une action suite au déclenchement de la révolution libyenne début février 2011.
Le premier engagement des Forces britanniques en Libye consistait en une opération de secours mise au point à peine quelques semaines après le début du soulèvement contre Kadhafi. Le 3 mars, un avion C130 de la Royal Air Force avait atterri sur une piste en plein désert, à Zilla, au sud du pays, pour récupérer des employés expatriés de l’industrie pétrolière. La plupart d’entre eux avaient été menacés par des hommes armés ou par des malfaiteurs.
Le pont aérien chargé d’emmener les 150 étrangers dont 20 britanniques à La Valette sur l’île de Malte a fonctionné correctement bien qu’un des appareils eut été touché par des tirs depuis le sol juste après le décollage.
Une vingtaine d’hommes de l’unité « C Squadron » du Special Boat Service (SBS) sécurisaient le convoi sur la zone d’atterrissage. Ce fut une intervention rapide et discrète qui a évité aux employés un risque d’enlèvement et d’assassinat, et qui suscita peu de débats au sein du gouvernement.
Pendant ce temps, les événements basculaient toujours plus dans le chaos et la violence entre les forces armées libyennes qui se déployaient, et Benghazi qui émergeait comme le véritable épicentre de l’opposition. Le gouvernement chercha à ouvrir des négociations avec le Conseil National de Transition, à la fois officiellement et officieusement.
C’est l’aspect non officiel de ces relations qui a pratiquement fait échouer la plus importante tentative britannique d’aider la révolution. Le Secret Intelligence Service, ou MI6, chercha à renforcer le dialogue avec certains de ses contacts au sein de l’opposition. Il fut décidé d’envoyer deux membres du Service dans une ville non loin de Benghazi pour rencontrer quelques-uns de ces Libyens.
Le MI6 décida, selon des sources ayant eu connaissance de cette opération, d’éviter la frégate de la Royal Navy qui était déployée dans les eaux de Benghazi au même moment, ainsi que tout autre symbole ostentatoire du pouvoir national, comme impératif préalable à cette rencontre. Au lieu de cela, ils optèrent pour un vol nocturne au départ de Malte et à destination de la Libye, par hélicoptère Chinook afin de rencontrer les intermédiaires locaux qui les aideraient à se rendre sur le lieu de l’entrevue.
En élaborant cette opération, le SIS choisit d’utiliser une unité hautement sensible des Forces spéciales, le « E Squadron », afin de protéger ses agents. Six membres du E Squadron recrutés parmi les trois corps d’élite (le SAS, le SBS, et le régiment de Reconnaissance spéciale) ont ainsi embarqué à bord du Chinook comme "gardes du corps" des agents du renseignement.
Ils étaient équipés de toute une flopée d’armes diverses et variées et de matériel de communication sécurisée. Comme l’exige le rôle sensible de l’E Squadron, tous ces agents étaient en civil ou bien portaient des combinaisons noires (les récits diffèrent) et avaient des passeports variés.
"Des témoins ont déclaré qu’ils avaient des armes, des munitions, des cartes et des passeports de quatre pays différents."
Une unité secrète
au sein des forces spéciales
L’existence de l’unité « E Squadron » est bien connue au sein de la communauté des Forces spéciales, mais n’a pas été évoquée publiquement jusqu’à présent. Elle a été créée il y a cinq ans pour travailler en étroite collaboration avec le MI6, et est très impliquée dans des missions exigeant la plus grande discrétion, selon des sources ministérielles.
Son rôle de petite unité composée d’éléments triés sur le fil et opérant avec le MI6 en fait le successeur contemporain des cellules qui oeuvraient dans l’ombre parfois désignées comme « The Increment ».
Alors que l’existence de ces cellules fait le bonheur des auteurs de films à suspense qui cherchent à inclure une unité de gros durs du S.A.S. dans leurs intrigues, la réalité des opérations du « E Squadron » fut un tantinet plus prosaïque.
La débâcle de mars dernier, dans laquelle six membres de l’unité furent capturés en Libye fut extrêmement embarrassante. Les raisons de leur présence, alors qu’ils escortaient deux personnes du MI6, donnent un indice sur le rôle de facilitateurs qu’ils jouent souvent dans les opérations de renseignements extérieurs sur les zones à risque.
Après le 11-Septembre et l’engagement massif en Afghanistan et en Irak, le MI6 a déployé ses équipes de renseignement dans différents lieux qui étaient jusque-là délaissés, ou considérés comme trop dangereux.
Cela s’est souvent fait avec le soutien des Forces spéciales du Royaume-Uni, mais les demandes, toujours plus prégnantes pour qu’elles appuient les Opérations spéciales en Afghanistan et en Irak, ont finalement abouti à la création du « E Squadron ».
Selon des membres des Forces spéciales, l’ « E Squadron » est une organisation composite formée d’opérateurs triés sur le volet parmi ceux SAS, du SBS, et des membres du régiment de Reconnaissance spéciale. Techniquement parlant, il ne fait pas partie du SAS ni du SBS, mais il est mis à la disposition du directeur des Forces spéciales et du MI6.
L’unité opère souvent en civil et avec tout l’éventail des moyens que l’État peut mettre à sa disposition, dont de fausses identités.
Des sources gouvernementales évoquent cette histoire du « E Squadron » prêt pour une opération de récupération d’un citoyen britannique kidnappé au Sahara en 2009, mais qui n’obtint pas à temps le feu vert des politiques pour agir avant que l’homme soit assassiné par ses ravisseurs.
Des agents du S.A.S. capturés près de Benghazi
Leurs plans furent dévoilés presque immédiatement. [En effet], l’atterrissage de leur hélicoptère éveilla la curiosité locale.
La révolution libyenne, comme beaucoup d’autres, fut accompagnée d’une bonne dose de paranoïa à l’égard des mercenaires étrangers et des espions, et l’intervention britannique aurait difficilement pu apparaître plus suspecte. Ils furent détenus et amenés à Benghazi, les hommes au sol ayant décidé qu’ouvrir le feu aurait pu mettre fin à la mission de médiation dans laquelle ils étaient engagés.
Cette débâcle à Benghazi devint rapidement encore plus embarrassante, lorsque le gouvernement Kadhafi diffusa un appel téléphonique intercepté au cours duquel un diplomate britannique plaidait auprès du CNT pour la libération des membres de cette unité.
Suite à la mésaventure de l’E Squadron, ceux qui plaidaient pour l’utilisation des Forces spéciales afin d’aider à renverser le régime furent mis à l’écart pendant plusieurs mois. Cela causa également de nombreux problèmes au MI6 qui avait l’intention de retourner des personnages-clés appartenant à l’entourage proche de Kadhafi.
Lorsque, le 19 mars, les chars du Colonel Kadhafi furent bombardés à leur entrée dans Benghazi, le conflit bascula dans une phase totalement différente. D’importantes opérations militaires importantes se mirent en place, et les dirigeants britanniques, états-uniens et français s’engagèrent de plus en plus, en vue du renversement du leader libyen.
Mais les moyens à disposition étaient extrêmement limités du fait de l’expérience malheureuse en Irak, et aussi en raison des termes contraignants de la résolution de l’ONU qui avait autorisé l’action aérienne.
Selon la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU, les pays étaient autorisés à utiliser la force "pour protéger les civils et les zones peuplées contre une menace d’attaque". Le texte précisait que les mesures utilisées pour atteindre ce but excluaient "une force d’occupation étrangère de quelque forme que ce soit, et où que ce soit sur le territoire libyen".
La résolution autorisait l’usage de la force, mais ses limitations, à la fois par l’absence de toute référence à un soutien aux rebelles combattant l’armée du Colonel Kadhafi, et par l’exclusion explicite de toute « troupe sur le sol [libyen] » correspondaient globalement à la position du gouvernement britannique.
Déjà, certaines figures-clés lors des discussions au cabinet du Premier ministre étaient convaincues que les frappes aériennes seules ne pouvaient aboutir au résultat voulu. Lors des sessions du Conseil de Sécurité nationale, le Général Richards et M. Fox argumentaient en faveur d’un plan pour entraîner et approvisionner en matériel les forces révolutionnaires du CNT.
Lors d’une réunion dans les derniers jours de mars, selon nos sources, l’autorisation fut donnée de franchir une étape dans le développement des forces terrestres du CNT. Ce qui entraîna le déploiement immédiat d’un petit comité consultatif, et le développement à plus long terme d’un projet de type "Entraîner et Équiper". Selon certaines sources ayant participé à ces discussions, les ministres furent avertis que la mise en oeuvre de cette seconde partie du plan pourrait prendre au moins trois mois.
Quand une demi-douzaine d’officiers britanniques arrivèrent dans un hôtel de bord de mer à Benghazi début avril, ils étaient sans arme et leur rôle était strictement limité. Il leur avait été demandé d’aider le CNT à élaborer les prémices d’un ministère de la Défense, situé dans une usine réquisitionnée aux abords de la ville.
La première tâche, et la plus simple, du comité consultatif fut d’entrer en contact avec les divers groupes de combattants libyens qui s’agitaient aux alentours dans des camionnettes armées, sous le commandement d’une sorte de coordination centrale. Comme le découvrirent par la suite les reporters, la plupart de ces hommes ne savaient pas vraiment ce qu’ils faisaient, et paniquaient immédiatement dès qu’ils pensaient que les forces du Colonel Kadhafi les attaquaient ou les contournaient.
Il existait de nombreux problèmes légaux à faire du travail de prévention en leur apportant davantage d’aide. Quelques avocats ministériels expliquèrent que toute présence au sol était problématique. Des questions juridiques furent soulevées à propos du fait d’armer le CNT ou de viser [au renversement du] Colonel Kadhafi.
Selon des sources internes, une fois que l’OTAN eut fourni à l’opération aérienne son cadre opérationnel, ce sujet devint encore plus épineux, avec l’Alliance qui ne voulait pas d’hommes au sol "guidant les frappes aériennes", tandis que certains journaux, même vers la fin de l’été, envisageaient que ce fût déjà le cas.
Le désir du gouvernement britannique d’en finir avec Kadhafi tout en s’accommodant des différentes sensibilités juridiques qui s’exprimaient au sein de plusieurs départements ministériels généra une certaine frustration parmi ceux en charge de mener à bien cette opération politique.
Des rebelles à Misrata utilisant du matériel sophistiqué de programmation pour ajuster les tirs d’artillerie et coordonner les frappes aériennes de l’OTAN
L’un d’eux déclare : "Je ne vois pas l’intérêt de procéder de manière si confuse alors que nous connaissons tous les buts sous-jacents. C’est un peu comme si nous avions perdu notre capacité à définir un objectif clair et à agir en conséquence."
Toutefois, le bombardement accidentel des colonnes du CNT par un avion de l’OTAN début avril fournit un argument de poids à ceux qui souhaitaient apporter un soutien plus direct. Des officiers britanniques et français au sol reçurent l’autorisation de coordonner plus étroitement leurs actions avec celles du CNT dans le but d’éviter les initiatives contradictoires, ou d’empêcher que ce genre d’accident ne se renouvelle.
Sous l’égide de la prévention des coïncidences malheureuses, les conseillers britanniques se rendirent notamment à Misrata, alors assiégée et visée par les frappes aériennes de la RAF. Le décor était posé pour dix mois de bombardement qui, en s’intensifiant, épuisèrent à la fois le stock d’armes de précision disponibles pour des alliés de l’OTAN, et aussi la patience de beaucoup de politiciens qui observaient les événements. Certaines sources internes expliquent qu’ils ont très tôt fait bien plus qu’éviter les « coïncidences malheureuses», et qu’ils coordonnaient en fait certaines attaques aériennes de l’OTAN, en toute discrétion.
Prenant à son compte l’accord de mars qui portait principalement sur un programme d’entraînement [des troupes], le Général Richards se rendit discrètement au Qatar pour y effectuer toute une série de visites.
Cet émirat du Golfe a pris un rôle de leader dans le soutien au CNT, et son chef de la Défense passait en juin un accord avec le Royaume-Uni et la France tant pour la fourniture de matériel de soutien que pour l’entraînement du CNT.
La chute de Kadhafi illustrée par les cartes
La France chercha à s’avancer plus loin que le Royaume-Uni sur ce terrain, et en août, elle fournit des armes aux unités du CNT dans les montagnes de Nefuse à l’ouest de la Libye. Le Royaume-Uni, pendant ce temps, acceptait de concentrer ses efforts dans l’est du pays. C’est dans le cadre de ce nouveau déploiement que les Forces spéciales britanniques retournèrent en Libye.
Bien que beaucoup au sein des ministères aient encore en mémoire la débâcle de mars, on autorisa un nombre limité de conseillers britanniques à jouer un rôle direct dans la préparation physique et mentale des unités du CNT libyen. Des sources déclarent que le nombre d’hommes appartenant au « D Squadron » du régiment 22 du SAS envoyé sur place était plafonné à 24. Ils furent envoyés en mission vers la fin août.
Alors que la France et le Qatar étaient prêts à fournir directement des armes, le Royaume-Uni ne l’était pas. Cependant, en pratique, cela faisait peu de différence puisque le SAS opérait en collaboration étroite avec les forces qataries dont il avait été rapporté qu’elles fournissaient des équipements comme des missiles antichars Milan.
Missiles antichars à Syrte, du type de ceux dont on pense qu’ils ont été fournis par les Qataris
Il y a eu quelques suggestions émanant des ministères disant que les entrainements eux-mêmes devraient être conduits en dehors du sol libyen dans le respect d’une interprétation étroite de la résolution des Nations unies, mais apparemment le SAS était déjà présent sur une base dans le sud de la Libye.
Décoder les Forces spéciales
Le Special Air Service britannique (SAS), fut créé en 1941 pour larguer des troupes de parachutistes derrière les lignes ennemies. Le rôle principal de ses 400 membres est de collecter des informations au sol, mais il possède aussi un historique d’engagement dans des combats meurtriers, dont le plus connu est la prise de l’ambassade iranienne à Londres en 1980.
Le Special Boat Service (SBS), créé en 1940, est l’équivalent de la Royal Navy, et les deux services ont des liens étroits. Le SBS est spécialisé dans les opérations en mer et sur les réseaux fluviaux, mais opère parfois sur la terre ferme.
Le Régiment de Reconnaissance spéciale (SRR) fut créé en 2005. Certains détails sur son rôle et son personnel ont été rendus publics, mais son objet principal est de mener les opérations secrètes de surveillance, libérant de cette tâche le SAS et le SBS réservés pour le combat.
Durant les mois qu’a pris ce projet avant d’aboutir, l’épuisement inexorable des Forces de Kadhafi par les frappes aériennes s’est poursuivi. Peu de temps après l’arrivée sur place des instructeurs de combat, des unités du CNT envahirent Tripoli.
Certaines personnes proches de la révolution libyenne affirment que le responsable du commandement de l’équipe qatarie a revendiqué l’idée de marcher vers la capitale libyenne depuis différentes positions simultanément. Bien sûr, les forces spéciales étrangères présentes au sol jouèrent un rôle dans la coordination des différentes expéditions.
Dans le même temps, le SAS s’était aventuré bien au-delà de ses installations d’entraînement, lorsque des agents seuls ou par équipe de deux ont raccompagné à leur unité les chefs du CNT qu’ils avaient entraînés. Ils étaient vêtus comme des Libyens et se mêlaient aux équipes qu’ils avaient formées, selon une source familière de cette opération.
Des préoccupations avaient été exprimées sur le fait qu’ils pourraient être repérés par la presse, mais ça ne s’est pas produit. « Nous nous sommes améliorés en matière d’infiltration, » précise quelqu’un familier de l’opération du D Squadron. « Nos agents sont capables de rester auprès des dirigeants du CNT sans se faire repérer. »
Tandis que les révolutionnaires progressaient vers la résidence de Kadhafi à Syrte, ils recevaient l’aide précieuse des Forces étrangères, britanniques et autres. Des soldats de l’armée jordanienne et des Émirats Arabes Unis se tenaient également en arrière auprès des forces qataries.
Lorsque, le 20 octobre, Kadhafi a finalement été capturé et tué par des hommes du CNT, cela faisait suite à des frappes aériennes de l’OTAN sur un convoi de véhicules abritant des dirigeants de l’ancien régime qui essayaient de fuir Syrte aux premières heures du jour. Des soldats britanniques au sol ont-ils prêté main-forte à cette action ?
Personne ne l’a encore avancé.
Dans la continuité de ces politiques concernant les Forces spéciales et les opérations du MI6, le ministère a gardé pour lui les tenants et aboutissants de la nature exacte de l’aide apportée au sol. Le ministère de la Défense a gardé pour lui ces stratégies quand on lui a demandé de s’expliquer sur cette affaire.
S’exprimant lors d’un évènement public l’année dernière, le Général Richards a précisé que les forces du CNT « avaient constitué la Force terrestre, la présence d’une "armée" est toujours cruciale ». Il a aussi fait remarquer que l’ « implication des Qataris, des Émirats et des Jordaniens dans ces opérations avait été un élément-clé ». Il n’a, en revanche, pas fait allusion à la présence des 20 agents britanniques sur le territoire.
Fin octobre, le chef de la direction de la Défense qatarie a révélé que « des centaines » de ses soldats avaient opéré sur le sol libyen.
Des sources britanniques conviennent que le Qatar a joué un rôle décisif, et qu’il a envoyé davantage de soldats que le Royaume-Uni, mais s’interrogent sur la réalité d’un effectif aussi nombreux. Dans l’entourage des stratèges les plus secrets du ministère, on suggère que l’effectif déployé au sol par toutes les nations réunies ne dépassait probablement pas quelques centaines d’hommes.
Quant à la décision britannique de finalement déployer une unité du SAS, un informateur interne estime que « cela a fait une formidable différence. »
Les unités de ce genre opèrent souvent, par essence, dans le secret le plus total, en fournissant à leurs responsables politiques des options stratégiques qu’ils ne souhaitent certainement pas voir révélées au public.
Mais, étant donné que les relations précédentes du Royaume-Uni avec le Colonel Kadhafi et ses services de renseignement avaient causé un grand embarras, il se pourrait que l’attention se concentre un jour plus étroitement sur son assistance au CNT, en particulier si la révolution libyenne se révèle être une impasse.
Mark Urban
Editeur de Diplomatic and Défense
Newsnight
BBC News