Selon le Guardian, le gouvernement britannique aurait demandé à l’agence des services secrets MI5 de déchiffrer les communications de ses concitoyens sur BlackBerry Messenger, pour aider l’identification des émeutiers et leur arrestation.
Tous les moyens sont mis en Grande-Bretagne pour mettre la main sur les émeutiers qui ont causé d’énormes dégâts et plusieurs morts dans les rues de Londres et de plusieurs grandes villes d’Angleterre. Quitte à rendre service aux dictateurs du monde entier, qui voient soudainement légitimée toute leur politique de censure et de contrôle de leur population.
Le Guardian révèle que le gouvernement britannique a ordonné au MI5, l’agence des services secrets plus habituée à la lutte contre les réseaux terroristes, de se rapprocher du centre des interceptions électroniques (GCHQ) pour déchiffrer les communications privées sur BlackBerry Messenger. Le gouvernement souhaite ainsi pouvoir identifier les principaux organisateurs des émeutes, et ceux qui ont relayé des ordres ou diffusé de fausses pistes.
De l’autre côté de la Manche, les téléphones BlackBerry seraient utilisés selon l’Ofcom par 37 % des adolescents, qui se servent massivement du service de messagerie instantanée conçu par RIM. Gratuit, celui-ci chiffre toutes les communications textuelles échangées, et ne lie les utilisateurs entre eux que par des identifiants numériques sous forme de codes PIN, lesquels ne permettent pas en principe de savoir qui se cache derrière quel identifiant. Même RIM assure ne pas le savoir.
Le MI5 a ainsi l’ordre d’utiliser la puissance de calcul des ordinateurs du GCHQ et ses outils d’interception des communications pour capter les communications et les déchiffrer à la volée. Les services secrets peuvent alors demander aux fournisseurs d’accès à internet et aux opérateurs mobiles d’identifier l’abonné qui a émis une communication déchiffrée.
De son côté, RIM a prévenu la semaine dernière qu’il était prêt à collaborer avec l’Etat britannique. S’il ne peut révéler le nom des utilisateurs de BlackBerry Messenger, ni (en tout cas officiellement) fournir les clés de déchiffrage des communications, la société canadienne peut révéler les noms des utilisateurs et leurs contacts présents à un certain moment, à un endroit précis. Une collaboration qui inquiète fortement Reporters Sans Frontières. "La mise à disposition des données personnelles à la police constitue un précédent inquiétant dans un pays occidental, et pourrait avoir des conséquences importantes en terme d’exemplarité sur d’autres régimes", a prévenu l’organisation.
Guillaume Champeau
Numerama.com