Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 2 juillet 2011

Une affaire bancaire "carbonisée" révèle le désaccord US-afghan

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La piste du scandale de la Banque de Kaboul, qui a été initialement déclenchée par ce que l'on appelle l'Afghan Threat Finance Cell (ATFC) [la cellule financière sur la menace afghane], une unité peu connue de l'ambassade des États-Unis à Kaboul, a conduit jusqu'à une chambre d'hôtel en Virginie, dans la banlieue de Washington.

Le gouverneur de banque centrale d'Afghanistan, Abdul Fitrat Qadir, un ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) et conseiller à la Banque mondiale, s'est enfui de Kaboul dans l'affolement, au moment même où le gouvernement afghan était sur le point de l'interroger sur ce scandale.

Fitrat, qui bénéficie d'un statut de résident permanent aux États-Unis, a annoncé sa démission depuis son hôtel de Virginie et, dans les deux heures, il passait sur les ondes, interviewé par Radio Free Europe/Radio Liberty, qui diffusait sa version de l'histoire sur les sommets et les vallées de l'Hindou-Kouch. Pour l'essentiel, sa version est qu'il a dénoncé ce scandale bancaire et qu'il n'est pas un fraudeur, et qu'il craint pour sa vie en raison de son témoignage devant le parlement afghan, il y a deux mois, dans lequel il avait impliqué nommément certaines personnes influentes dans la structure du pouvoir à Kaboul.

Fitrat a produit une liste de ce qu'il dit représenter près de US $ 800 millions de prêts frauduleux, sortis par la direction et les actionnaires politiquement liés au prêteur.

Le gouvernement afghan a lancé un mandat d'arrêt contre Fitrat et l'a envoyé à l'ambassade américaine à Kaboul. Il n'y a pas de traité d'extradition entre les Etats-Unis et l'Afghanistan et si quelqu'un dans le gouvernement de Kaboul s'imagine vraiment que les Etats-Unis leur remettront Fitrat, cela relèvera d'une chimère afghane. Fitrat fut l'un de leurs indicateurs clés (et celui du FMI), qui contrôlait le secteur bancaire en Afghanistan.

Le gouvernement afghan a littéralement mis en garde l'ambassade américaine à Kaboul, laquelle, sous l'ambassadeur sortant Karl Eikenberry, a été en désaccord avec les dirigeants afghans pendant les deux dernières années.

Selon ce que perçoit le gouvernement afghan, Fitrat était le véritable cerveau derrière l'initiative prise l'année dernière par l'ATFC de dénoncer la Banque de Kaboul. Il n'est pas surprenant qu'à peu près tous les camps - le gouvernement afghan, le gouvernement américain et l'accusé dans le scandale de la Banque de Kaboul - veuillent mettre la main sur Fitrat. Il est devenu une entité précieuse et il ne se considère en sûreté que sur le sol américain.

Ses mentors américains ont apparemment conseillé à Fitrat de s'enfuir de Kaboul de peur qu'il ne se retrouve en détention dans une prison de Kaboul et qu'il soit contraint de vendre la mèche et de révéler le rôle de l'Amérique dans la Banque de Kaboul.

Le cour du problème est qu'il ne s'agit pas d'une simple escroquerie bancaire. Parmi les accusés, il y a des personnages puissants dans la structure du pouvoir en Afghanistan. Les principales cibles des Etats-Unis sont sans aucun doute le président afghan Hamid Karzaï et le vice-président Mohammed Fahim, dont, respectivement, le frère et le neveu sont présumés être impliqués dans cette escroquerie.

Les Etats-Unis ont cherché des crosses à Fahim pendant un certain temps, parce qu'ils estimaient que tant que l'homme fort du Panshir continue de soutenir Karzaï, les tentatives de déloger le président afghan ou pour mettre un terme au mépris croissant que celui-ci affiche envers le diktat américain ne fonctionneront pas.

Par ailleurs, Washington a soutenu deux autres « Panshiris » - Abdullah Abdullah, l'ancien ministre des Affaires étrangères, et Amrullah Saleh, l'ancien chef du renseignement, qui ont tous deux été limogés par Karzaï -, mais, au bout du compte, c'est Fahim qui dicte sa loi, alors qu'il a hérité de la milice tadjik qui était autrefois dirigée par Ahmed Shah Massoud.

Une solide réussite des Etats-Unis dans ce marchandage fut de faire voler en éclat le camp Panshiri, qui entretenait auparavant des liens étroits avec l'Iran et la Russie.

L'escroquerie bancaire en tant que telle n'est pas essentiellement différente des pratiques courantes dans de nombreux pays dans le monde, y compris dans des pays semi-développés comme la Turquie, les Emirats Arabes Unis ou le Brésil, avec des actionnaires des banques privées qui en détournent le capital pour leurs affaires. Pourquoi les États-Unis font-ils toute une histoire sur cette question ? C'est la grande question. Pour citer Martine van Bijlert, une commentatrice sur les affaires afghanes :

Les enquêtes sur la Banque de Kaboul donnent un aperçu des principaux secteurs dans lesquels les réseaux d'affaires afghans ont investi et comment ils se coisent. Ces secteurs comprennent le carburant (importation, stockage et transport - en partie pour le marché des consommateurs normaux, mais dans une mesure importante et croissante au service des importants contrats avec les USA et l'OTAN, à travers, entre autre, le réseau de distribution en expansion du Nord) ; les mines (qui ne rapportent pas beaucoup d'argent pour l'instant, mais où il y a une compétition pour décrocher les contrats) ; le secteur bancaire (chaque homme d'affaires qui se respecte aimerait avoir une banque à lui) ; l'immobilier (principalement à Dubaï, mais aussi en Afghanistan) ; et, les matériaux de construction et les biens de consommation (importation, distribution, fabrication) - bien que ce dernier point n'ait pas tellement fait surface ici [...] Les groupes d'affaires puissants ont tendance à avoir, ou à chercher, à mettre un pied dans la plupart de ces secteurs, voire tous. L'affaire en cours contre la Banque de Kaboul est la mise au jour lente et publique d'un des réseaux d'affaires afghans lié au monde politique.

Il n'y a rien d'extraordinaire, ici, en termes d'économie politique comparée à la plupart des pays en développement. Cependant, une particularité de l'escroquerie afghane est que la Banque de Kaboul détient les dépôts de milliers de soldats et de policiers afghans et que l'effondrement de cette banque pourrait conduire à un très grand mécontentement au sein de l'appareil de sécurité et parmi les gens ordinaires, ce qui pourrait s'avérer être politiquement embarrassant pour Karzaï.

Deuxièmement, la Banque de Kaboul gère près de 80% des décaissements du gouvernement afghan pour payer les salaires des employés de l'État, et le FMI est rapidement intervenu l'année dernière, alors même que le scandale éclatait, pour imposer que des aides supplémentaires pour l'Afghanistan soient gelées jusqu'à ce que ce problème soit résolu comme il l'entend, ce qui, à son tour, menace le gouvernement Karzaï d'une « crise de liquidités » à un moment politique très sensible.

Les Etats-Unis visaient simultanément à obtenir que parlement afghan mette son nez dans l'escroquerie de la Banque de Kaboul, afin d'obtenir des députés qu'ils cherchent des crosses à Karzaï. Ce modèle parallèle mérite quelques explications. Le fait est que grâce aux irrégularités lors des élections législatives de l'an dernier et aux conditions instables dans les régions du sud, un nombre élevé disproportionné de non-Pachtounes a été élu dans l'actuel Parlement, et qu'Abdullah (qui bénéficie du soutien des Etats-Unis) y contrôle un groupe important. C'est-à-dire que Karzaï se retrouve quasiment face à un parlement « inamical », qui se trouve être lourdement influencé par l'ambassade américaine à Kaboul.

La réponse de Karzaï a été d'instituer un tribunal chargé de régler les contestations des résultats électoraux, ce qui vient de conduire à l'invalidation de quelques six douzaines de députés. Le tribunal a annoncé son verdict le week-end dernier. Évidemment, lorsque Fitrat a porté l'escroquerie de la Banque de Kaboul devant le parlement, il y a deux mois, et qu'il a pris la décision extraordinaire de mentionner sur le registre les noms des personnes si puissantes, associées à la structure du pouvoir à Kaboul, il n'agissait que sur les conseils de ses mentors américains, qui avaient la certitude de dépasser les bornes.

En tant qu'Afghan ethnique - un Tadjik de la province reculée du Badakhshan - Fitrat devait certainement savoir qu'il s'attaquait à une forte partie qui était au-dessus de ses capacités quand il a joué contre le pouvoir en place à Kaboul.

A présent, avec le verdict du tribunal qui a invalidé ces députés afghans et la perspective d'un changement radical et de poids dans l'alchimie du Parlement afghan - qui aura très probablement pour conséquence un « basculement » en faveur de Karzaï - le jeu américain est presque certainement fichu. Et l'ambassade américaine à Kaboul a pris la bonne décision en donnant pour instruction à Fitrat de retourner sous sa bannière, à Washington. Il est devenu ce que Graham Greene pourrait appeler une « affaire calcinée ».

A quoi riment toutes ces intrigues des Etats-Unis ? Premièrement, elles soulignent que les États-Unis ne parviennent pas, ni de près ni de loin, à exercer des pressions directes sur Karzaï, pour qu'il accorde des conditions favorables à un accord de partenariat stratégique visant à l'établissement de bases militaires américaines en Afghanistan. L'ambivalence dans le discours de « retrait » du président américain Barack Obama, il y a 10 jours, montre que les Etats-Unis gardent très ouverts les plans pour l'avenir de la plupart des 68.000 soldats, qui resteront en Afghanistan au-delà du retrait, en 2014.

Walter Pincus, qui rapporte sur les renseignements, la défense et la politique étrangère pour le Washington Post, a écrit lundi dernier :

Les Etats-Unis peuvent prévoir de réduire leurs effectifs militaires en Afghanistan au cours des trois prochaines années, mais les nouveaux contrats de construction à l'aérodrome de Bagram servent à se rappeler que les plans actuels exigent, là-bas, une présence importante et continue de l'armée américaine.

Bagram, une ancienne installation aérienne russe, abrite aujourd'hui quelques 30.000 personnels de l'infanterie et de l'armée de l'air américaines, ainsi que de l'OTAN. Cette base a toujours été considérée comme la plaque tournante de la présence actuelle et future de l'armée américaine en Afghanistan. Début juin, le US Army Corps of Engineers [le corps du génie militaire US] a accordé un contrat de 14,2 millions de dollars à une entreprise turque pour construire un complexe de huit casernes pour les troupes. Cette installation est prévue pour accueillir plus de 1.200 personnes, et ne doit pas être achevée avant l'automne 2013.

D'autres projets de construction à Bagram, soit ont tout juste été achevés, soit sont toujours prévus. En mars, la construction d'un hangar à deux aires de stationnement à 18 millions de dollars, pour des avions de transport C-130, a été achevé à Bagram, près de deux ans après son démarrage. Ce hangar couvre environ 6.000 m2. Pendant ce temps, le mois dernier, un avis d'appel d'offre a été émis pour un nouveau « poste de contrôle d'entrée » à Bagram, qui devrait coûter plus de 5 millions de dollars et qui nécessitera une année pour être achevé, soit vers la fin de 2012.

Cela concerne simplement Bagram. Selon le journal russe Moskovskiïe Novosti, les USA projettent d'avoir quatre autres énormes bases militaires, en dehors de Bagram, près de Kaboul, sur une base à long terme - Shindand, à l'ouest sur la frontière avec l'Iran, Jalalabad à l'est et Kandahar au sud (ces deux derniers sites, à la frontière avec le Pakistan) et Mazar-i-Sharif (en cours de construction à l'heure actuelle) dans la région frontalière avec l'Asie centrale.

L'influent quotidien moscovite Nezavissimaïa Gazeta a rapporté, la semaine dernière, que le Tadjikistan avait proposé à l'OTAN son aérodrome d'Aini, lequel, ironiquement, avait été construit par l'Inde, qui espérait le conserver comme base en Asie centrale près de la frontière avec la Chine. Un expert russe bien connu, Alexander Knyazev, a été cité par ce quotidien :

Les Américains conserveront des garnisons dans seulement quelques endroits clés de la partie sud de l'Afghanistan et se retireront vers le nord de l'Afghanistan et les pays d'Asie centrale, à savoir, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Ils construisent déjà une importante base militaire dans la partie nord de l'Afghanistan (Mazar-i-Sharif) et essayent d'y façonner une opinion publique favorable [...] En sécurisant des positions clés en Asie centrale, les Américains répondront à leur tâche qu'ils considèrent comme étant d'une importance primordiale : ils seront en position d'agir contre les intérêts de la Chine, de la Russie et de l'Iran.

L'expression de Knyazev « essayer de façonner une opinion publique favorable » dans le nord de l'Afghanistan est très significative. C'est là que Fahim et les Panshiris entrent en jeu. Fahim se révèle être un obstacle pour les Américains à deux égards. Premièrement, son soutien ouvert à Karzaï gêne la tentative américaine de déstabiliser le président afghan et de le rendre politiquement vulnérable. Karzaï a brillamment forgé une alliance avec les deux figures tadjiks les plus importantes dans le nord - Fahim et Burhanuddin Rabbani (l'ancien président qui dirige le Haut Conseil afghan pour la Paix et qui est un interlocuteur important avec le Pakistan).

L'axe Karzaï-Fahim-Rabbani ferme quasiment la passerelle aux États-Unis d'accéder à la région nord. Le plan de jeu américain est en quelque sorte de passer un accord avec les Talibans sur la base suivante : les Américains leur « céderaient » les régions au sud de l'Afghanistan, en contrepartie de leur accord pour une présence militaire américaine à long terme dans le pays.

Il y a un autre problème avec une telle partition de fait de l'Afghanistan : c'est le développement numéro un que le Pakistan redoute le plus, puisque cela entretiendrait le feu du nationalisme pachtoune et frapperait au cour même de l'unité nationale du Pakistan. (Ce qui explique la stratégie américaine de maintenir le Pakistan hors de la boucle et, à la place, de préférer des négociations directes avec les dirigeants Talibans.)

De la même manière, Karzaï et ses alliés s'opposent également à toute division de fait de l'Afghanistan. Les Etats-Unis prennent en compte le fait que Karzaï ait rapidement diversifié ses relations extérieures et pris un intérêt actif dans les affaires régionales, ce qui lui a permis au fil du temps de s'assurer le soutien de la Russie, de la Chine et de l'Iran - et d'Islamabad (dans une certaine mesure), en dépit de la complexité des relations afghano-pakistanaises. Karzaï est en mesure de puiser dans l'inquiétude profonde de ces pays de la région à propos de la perspective d'une présence militaire américaine à long-terme dans la région.

Ce qui rend l'affaire de la Banque de Kaboul de la plus haute importance pour les Etats-Unis, c'est qu'ils voient cette escroquerie comme un moyen d'affaiblir Fahim, qui, soit dit en passant, a été un haut dirigeant de l'ancienne Alliance du Nord, qui était soutenue par la Russie, l'Iran, l'Inde et le Tadjikistan.

Ce jeu du chat et de la souris entre Karzaï et les Etats-Unis a finalement éclaté au grand jour avec la fuite de Fitrat à Washington. Karzaï a déjà affirmé que la question centrale dans l'escroquerie de la Banque de Kaboul est que l'Afghanistan n'avait pas l'expérience bancaire nécessaire pour surveiller cette institution et lui avait permis d'être guidée par des « conseillers étrangers ». De toute évidence, Fitrat, après avoir été gouverneur de la banque centrale, avait une bonne vision de ce qui se passait dans la Banque de Kaboul, jusqu'à ce que cette escroquerie, pilotée par l'ambassade américaine à Kaboul, soit révélée.

En somme, le gouvernement afghan a tracé une ligne rouge en envoyant le mandat d'arrêt de Fitrat à l'ambassade américaine à Kaboul. Le message est assez brutal : « Si vous savez ce qui est bon pour vous, ne vous immiscez pas dans nos affaires internes ! » Washington sera bien avisé de prendre le message au sérieux alors que les responsables afghans ont prévenu ouvertement : « Il [Fitrat] sera ramené ici [à Kaboul] pour faire face à la justice. Nous le poursuivrons. »

Une phase discrète dans les activités américaines sur l'échiquier politique afghan aidera certainement à calmer les esprits. Il devrait maintenant être clair comme de l'eau de roche que les dirigeants afghans sont en phase avec l'opinion populaire dans le pays, dans son profond ressentiment envers l'occupation américaine.

Karzaï a les mains liées. Il est peut-être disposé à tolérer la présence militaire américaine, à condition que les troupes américaines et de l'OTAN soient prêtes à fonctionner sous les lois afghanes. Mais cela est hors de question pour Washington et Bruxelles - ou n'importe quelle capitale occidentale - et il n'y a pas de précédent.

De même, la tactique de pression du FMI ne pourra que faire boomerang - à moins que le motif inavoué d'Obama soit de déstabiliser complètement la situation de l'Afghanistan avant de s'en éloigner, afin de laisser beaucoup de décombres à nettoyer pour les puissances régionales. Qu'est-ce que le FMI et les Etats-Unis espèrent-ils accomplir exactement en créant, à ce stade, une « crise de liquidités » pour le gouvernement afghan ? Encore une fois, si l'intention est d'obliger Karzaï à se mettre à genoux et à quémander pardon, cela trahit un manque criant de la compréhension du caractère afghan.

Enfin, si le plan de jeu du FMI et des Etats-Unis est en quelque sorte d'obtenir que Karzaï soit écarté du pouvoir et de le voir remplacé par un dirigeant de substitution doté d'une certaine expérience de la Banque Mondiale, cela ne marchera pas - même si ce dernier est d'ethnie pachtoune. Le paradoxe est qu'il y a encore un autre parti aujourd'hui qui est impliqué dans la question de qui gouvernera l'Afghanistan au-delà de 2014 : les Talibans.

Le FMI et les Etats-Unis devraient voir l'imminence de la catastrophe quand une demi-douzaine de kamikazes marcheront sur l'Hôtel Intercontinental de Kaboul et qu'il faudra faire appel aux avions et aux troupes de l'OTAN pour contrer leur invasion.

M K Bhadrakumar
Diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Ses affectations incluent l'Union Sovétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l'Allemagne, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie