C’est le passage obligé des otages libérés. De retour de captivité, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier vont être débriefés par la DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure.
Objectif pour les agents : obtenir un maximum de renseignements frais sur les ravisseurs et leurs méthodes.
On appelle ça un "débriefing" ou -plus technique- un retex, entendez "retour d’expérience". Un procédé en deux temps. La DGSE s’entretient en général avec les otages à chaud, juste après leur libération, en l’occurrence hier soir dans le cas des deux otages de France Télévisions. Christian Chesnot, ex-otage, aujourd’hui journaliste à France Inter, témoigne avoir subi ce débriefing lui-aussi au sortir de sa captivité : "c’est très éprouvant mais en même temps, ce qui est important, c’est un premier témoignage avant d’être pollué par les journaux, par la famille". Il s’agit pour les otages de se remémorer un maximum de détails sur les lieux, les visages, leurs conditions de détention...
Puis vient le second débriefing, quelques heures ou jours plus tard, pour "recouper et compléter" ce premier témoignage. Florence Aubenas, après ses 157 jours de captivité en Irak, avait été ainsi interrogée au calme sur une base de la DGSE dans le Loiret.
Effet de déconnexion
Ces méthodes de renseignement se sont adoucies ces dernières années. Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, explique que Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier seront d’abord suivis par des psychologues, pour leur laisser le temps de "retrouver leurs esprits" et d’être capables de fournir des renseignements techniques. Renseignements importants pour les services pour "reconstituer le mode opératoire des ravisseurs", améliorer la formation la formation des agents et la gestion des prises d’otages.
Debriefing des otages : pour quoi faire Explications d’Eric Denécé, directeur de CF2R (0’55")
Cependant, Éric Denécé minimise l’importance de ces entretiens. "Il est très difficile d’avoir beaucoup d’informations pertinentes sur des individus qui ont connu une détention aussi longue". Au bout de 18 mois de captivité, la mémoire des otages peut jouer des tours :"après six mois, coupés en permanence de l’extérieur, il se produit un effet de déconnexion de la réalité de plus en plus fort".
Cécile Quéguiner