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lundi 20 juin 2011

Washington a reconnu dimanche avoir des contacts avec les talibans en Afghanistan

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Les Etats-Unis et d'autres pays sont en contact avec les talibans concernant un possible règlement de la guerre qui dure depuis près de dix ans en Afghanistan. Ces discussions en sont toutefois au stade «préliminaire», a précisé Washington dimanche.

«Des négociations avec les talibans ont commencé. Ces pourparlers se déroulent bien. Les forces étrangères, notamment les Etats-Unis, mènent eux-mêmes des négociations», a déclaré samedi le président afghan Hamid Karzaï lors d'une conférence à Kaboul.

Ces contacts n'en sont pas arrivés à une phase décisive et au point où des représentants des deux camps se réunissent, mais un canal de discussion existe tout de même, a précisé le chef de l'Etat afghan.

Contacts «préliminaires»

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a confirmé dimanche l'existence de ces contacts. «Je pense qu'il y a eu une volonté de discuter de la part d'un certain nombre de pays, y compris les Etats-Unis», a-t-il dit sur CNN. «Je dirais que ces contacts sont tout à fait préliminaires à ce stade», a-t-il ajouté.

Le chef du Pentagone a souligné qu'il était crucial de déterminer «qui représente vraiment les talibans», avant de s'engager dans des discussions avec quelqu'un qui prétend représenter le chef des talibans, le mollah Omar. «Nous ne voulons pas nous retrouver à discuter à un moment donné avec quelqu'un qui est en fait un indépendant», a dit M. Gates.

Jusqu'ici seule la presse s'était faite l'écho de telles discussions entre Washington, qui fournit les deux tiers du contingent militaire étranger, fort de 140'000 soldats environ, et les talibans.

Positions inconciliables

Si dialogue il y a, les parties affichent encore pour l'heure des positions inconciliables. Les Etats-Unis exigent notamment que les talibans renoncent à la violence, rompent tout lien avec Al-Qaïda et respectent la Constitution afghane.

Le commandement taliban en exil, au Pakistan voisin selon de nombreux experts, a de son côté toujours affiché la même fermeté : pas de négociations sans un retrait total des troupes occidentales d'Afghanistan.

Dans ce contexte, le conflit se poursuit. Samedi, peu après les déclarations de M. Karzaï et non loin du palais présidentiel, trois talibans ont attaqué un poste de police en plein centre de Kaboul, tuant neuf personnes avant d'être abattus.

Action de l'ONU

M. Karzaï s'est exprimé samedi quelques heures après la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de scinder en deux la liste des talibans et des membres d'Al-Qaïda visés par des sanctions de l'ONU. Cette initiative vise à inciter les talibans à se joindre à des négociations de paix.

Washington pense que ce nouveau régime de sanctions pour l'Afghanistan sera un instrument important de promotion de la réconciliation et d'isolement des éléments extrémistes. Kaboul essaie pour sa part de lancer un processus de réconciliation avec certains talibans «modérés» pour mettre un terme à l'insurrection.

Retrait en vue

Nombre d'experts considèrent toutefois que les rebelles restent en position de force, au moment où les Occidentaux s'apprêtent à entamer cet été un retrait, limité, de leurs troupes. Washington s'est engagé à restituer aux forces afghanes la responsabilité de la sécurité dans l'ensemble du pays d'ici 2014.

Vendredi, Harry Reid, chef de la majorité démocrate au Sénat américain, a déclaré que Washington était sur le point d'annoncer un retrait «notable» de troupes américaines d'Afghanistan.

Reconnaissant que «les Américains sont fatigués de la guerre», M. Gates a toutefois insisté dimanche sur le maintien de forces significatives en Afghanistan. «Quelle que soit la décision que (le président américain Barack Obama) prendra, il restera un nombre significatif de soldats en Afghanistan», a-t-il dit sur CNN.

Le chef du Pentagone avait récemment affirmé que les soldats étrangers en Afghanistan effectuaient des «progrès militaires substantiels sur le terrain», et il a encouragé l'Otan à ne pas se replier trop vite.

ATS