Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 7 juin 2011

Oliver Janich : Une analyse logique de la 2ème mort d’Oussama Ben Laden

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Il y a une belle expression pour cela, si des personnes ne sont pas capables de tirer les conclusions les plus évidentes : ils ne voient pas la forêt cachée par quelques arbres plus hauts. Maintenant, il est temps de régler son compte au cas d’Oussama « à coup de hache ». Dans mon livre « Le Complot du Capitalisme » [ndt non traduit], j’ai développé une méthode, pour expertiser en la soumettant à un contrôle critique, toute déclaration, qu’elle soit officielle ou issue des "théories de la conspiration". En référence à la méthode du « rasoir d’Ockham », j’ai appelé ma méthode « la hache ». D’après Ockham, entre plusieurs théories, la plus simple est la meilleure. Cependant, cette méthode a un inconvénient : la thèse la plus simple ne doit pas pour autant toujours être la bonne. Mon approche doit nous assurer avec toute la sécurité nécessaire que nous nous trouvons vraiment dans l’exactitude. Comme avec une hache, tous les renseignements qui sont peu importants sont ainsi éliminés. Dans mon livre, je décris la manière de l’utiliser pour les attentats terroristes du 11-Septembre, dont vous trouvez un résumé ici. Mais avec le cas d’Oussama, vous allez vite comprendre comment la « méthode de la hache » fonctionne.

Ma méthode comprend 8 étapes. Par-dessus tout, c’est la logique qui est érigée en grand principe de base. Les critères sont sériés, le critère de tête est le plus important.

Les principes en sont :

Les théories doivent pouvoir être falsifiables et donc être réfutables. D’après le philosophe Karl Popper dont les vues sont, entre-temps, devenues le standard de la science, les théories ne peuvent jamais être prouvées définitivement. Elles ne sont valables qu’aussi longtemps qu’elles n’ont pas été réfutées. Ainsi, des théories qui ne peuvent pas être réfutées sont sans valeur.
La théorie doit être en accord avec les lois physiques.
Les lois concernant le partage de l’information ont le même rang que les lois physiques (l’asymétrie de l’information : les informations sont toujours distribuées de façon aléatoire).
Les lois concernant la conduite humaine ont le même rang que les lois physiques (le caractère aléatoire de la morale : Si des renseignements peuvent être utilisés sans aucun risque pour le propre avantage d’une personne, alors il y aura quelqu’un pour le faire aussi – l’un des problèmes cruciaux dans la crise financière).
Les lois de la vraisemblance sont à prendre en compte. Pour des vraisemblances qui tendent vers zéro, l’impossibilité [de vraisemblance] est acceptée.
Les preuves judiciaires confortent la théorie, mais ne sont pas assez probantes sans les principes ci-dessus, parce qu’elles pourraient être falsifiées.
Les témoins peuvent conforter la théorie, mais jamais la prouver. Évidemment, les témoins sont seulement pris au sérieux s’ils ne témoignent pas dans leur propre intérêt.
Loi de Sherlock Holmes : Si vraiment toutes les autres possibilités sont à exclure, alors l’alternative restante doit être vraie.


Pour être clair : Il est impossible pour les journalistes et observateurs, de réfuter clairement la théorie officielle. (principe 1) Elle est donc sans valeur. Cependant, ils ne doivent pas s’en affliger, car ironiquement, c’est exactement la raison pour laquelle les falsificateurs sont faciles à confondre. Les informations sont toujours distribuées de façon aléatoire (principe 3). Dans notre cas, toutes les informations importantes se trouvent au sein du gouvernement US. Cependant, les renseignements ne sont pas distribués de façon aléatoire par pur hasard, au contraire, les Américains gardent les renseignements intentionnellement pour eux-mêmes. C’est l’élément-clé dans cette affaire.

Tous les témoignages sont insignifiants. Dans le cas présenté, vous ne trouvez aucun témoin qui témoigne contre son intérêt (principe 7). Des compagnons de lutte ou membres de la famille d’Oussama qui affirment que ce n’était pas Ben Laden pourraient vouloir discréditer le gouvernement US. Des membres de la famille qui confirmeraient la thèse pourraient mentir pour sauver leur tête (quoique justement, quelqu’un a été exécuté sans scrupule), être corrompus, être menacés ou avoir été cités faussement. Même beaucoup de témoins crédibles des plus hauts cercles des services secrets ou des milieux gouvernementaux qui déclarent qu’Oussama serait mort il y a dix ans (la thèse la plus vraisemblable) ou même qu’il aurait été congelé, ne comptent pas. Ils pourraient avoir des intérêts particuliers, ou avoir été mal informés.

Que des gouvernements mentent par habitude, devrait être clair pour chacun, mais au vu de la complexité du sujet abordé, c’est la meilleure preuve que le gouvernement US se livre à des fausses déclarations. La théorie officielle du 11-Septembre dont Oussama doit être le responsable contredit les lois physiques. (principe 2). Ainsi, d’après les petites lois de Newton, la masse parcourt toujours le chemin de la plus petite résistance. Les trois tours (WTC 1, 2 et 7) n’auraient pas pu tomber à la vitesse de la chute libre ou presque libre dans leurs propres fondations. Les tours auraient dû tomber sur le côté, là où la structure d’acier massive a cédé d’abord.

Si elles tombent justement vers le bas, toutes les colonnes d’acier doivent s’être rompues simultanément à trois reprises dans les trois bâtiments. La vraisemblance de cela tend vers zéro. C’est donc impossible (principe 5). Cela semble étrange que j’exige ci-dessus que les lois physiques et les lois de la vraisemblance soient respectées, car quelque part, cela devrait aller de soi. Cependant, le compte rendu dans les médias grand public prouve que ce n’est pas normal pour les journalistes. Et donc, dans ce monde orwellien, nous devons formuler cette demande de façon réellement explicite.

Une photo, ou des images de reportage d’Oussama seraient très utiles, mais pas suffisantes. Au cas où les prises de vues auraient été falsifiées de façon maladroite comme l’acte de naissance d’Obama, on pourrait réfuter soi-même au moins l’authenticité de la photo, mais pas le fait lui-même. Et on peut croire l’appareil des services secrets des USA capable d’une bonne contrefaçon, si bien que là aussi, une publication ne constitue pas une preuve. À cet instant, j’entends déjà les "journaleux" grand public aboyer : alors, vous voyez ? On ne peut pas faire droit aux "théoriciens de la conspiration". Si des preuves apparaissent, ils vont dire qu’elles sont falsifiées.

C’est exactement le truc de propagande avec lequel chaque histoire d’enquête peut être décrédibilisée aux yeux du lecteur moyen. Mais justement, pas dans le cas présenté. Maintenant, venons-en au vif du sujet : le cadavre manquant. Notons déjà que les explications censées expliquer pourquoi aucune photo n’est montrée sont confuses. Soi-disant pour des raisons de respect ou parce que les prises de vues étaient trop cruelles. (Bien que les Américains nous inondent avec des films d’action cruels ou gores). D’autre part, on nous affirme qu’on aurait reconnu Oussama au premier coup d’œil. Ils auraient pu couper par sécurité les parties les plus cruelles, et ne laisser que ce qui l’identifie clairement. En outre, on affirme que toute l’action aurait été filmée (même par des caméras de surveillance implantées dans le bâtiment). Si c’était le cas, ils pourraient montrer Oussama avant qu’il ait été abattu sur le tas. Par ailleurs, le fait qu’il ait dû être tué [par un membre du commando] en état de légitime défense est un conte pour enfant. Chaque apprenti policier apprend dès la première heure, comment on met hors de combat un responsable sans le tuer (pas de tirs mortels, gaz, Taser, coup de feu dans le corps, etc.). Si il était apparu beaucoup plus précieux – s’il se trouvait vraiment derrière le 11-Septembre-, on aurait déjà pu croire un peu plus à un commando spécial que le Président regarde en direct par-dessus les épaules de collaborateurs.

Cependant, l’argumentation censée expliquer pourquoi son cadavre a été jeté dans la mer est encore plus grotesque. L’un de ses arguments bruts est qu’on voulait l’inhumer d’après le droit islamique. Premièrement, il n’y a d’après le droit islamique aucune inhumation en mer. En outre, cela semble tout simplement comique, si cela doit être plein de respect, de détruire le visage d’un "chef islamique" sans procès dans un pays étranger, tant qu’il est censé être inhumé selon le droit islamique. Une deuxième raison, et pas la moins comique, est qu’on a voulu empêcher des pèlerinages sur sa tombe. Premièrement ce qui aurait été dangereux, c’est que chacun se rende là à ses propres risques et périls. Deuxièmement, on aurait pu l’enterrer dans un endroit inconnu, ce qui s’est vraisemblablement passé il y a dix ans.

Mais tout ceci n’est qu’une mise en bouche. Ce qui est décisif, c’est ce qui suit : Le monde entier éprouve un immense intérêt pour voir des preuves univoques. L’Occident bien sûr, mais surtout le monde islamique. Ses représentants étant majoritaires ou en tout cas en grand nombre à penser que le gouvernement US a lui-même fabriqué le 11-Septembre. Pour expliciter cela, ils renonceraient même certainement à un enterrement conforme au droit islamique, quand bien même une telle manière d’agir laisse un cadavre en parfait état.

Et les preuves univoques sont à présenter seulement devant la Justice. Par exemple, un communiqué de presse sur un test DNA n’est pas une preuve judiciaire (principe 6), mais seulement un communiqué de presse. Devant la justice, une partie pourrait exiger que le cadavre soit exhumé et le test DNA effectué à nouveau sous les yeux de l’avocat ou d’un témoin choisi par lui, ou au mieux devant des caméras. Pour les mêmes raisons d’ailleurs, la nanothermite trouvée dans les ruines des World Trade Center n’est pas une preuve parce qu’elle ne devrait être examinée que dans le cadre d’une procédure judiciaire publique. Les vrais responsables savent naturellement cela et n’admettent justement aucun procès malgré de très nombreuses plaintes.

Maintenant, plaçons-nous une fois dans la situation du gouvernement US et imaginons qu’il dise la vérité (sans blague ?). Le gouvernement sait qu’une preuve univoque ferait taire d’un seul coup tous ceux qui critiquent. Donc sous aucun prétexte, il ne détruirait -surtout pas- l’unique preuve. De même, si on prend les arguments bruts de l’inhumation en mer pour argent comptant : alors, on expliquerait justement qu’on aurait pu le jeter dans la mer, mais cependant que pour des raisons de sécurité, on a conservé le cadavre. Cela pourrait se passer exactement de cette façon : qu’on nous présente plus tard le cadavre congelé et qu’on affirme précisemment cela. Si cela s’était passé immédiatement, et non dans dix ans, on aurait pu prouver à nouveau devant la Justice, depuis combien de temps Oussama était mort. Et c’est exactement pourquoi, selon moi, il est hautement vraisemblable… que cela ne devait pas se passer comme cela.

Cependant, si on accepte de façon inverse, que le gouvernement US ment (principe 4, morale aléatoire), le procédé sera de toute façon compréhensible. Ainsi, si ce n’était pas Oussama, le cadavre devait disparaître à tout prix. Car alors, on peut calomnier pour l’éternité tous les sceptiques comme "théoriciens de la conspiration". Mais du point de vue scientifique, mon argumentation n’est pas une preuve. Alors, établissons un parallèle avec un cas de procès. Imaginez que quelqu’un soit accusé de meurtre. Certaines indications parlent pour, certaines contre. Si nous approfondissons, l’accusé se défendra de la manière suivante : Prenons une victime prétendue morte d’une mort naturelle, par exemple suite à une crise cardiaque. A la question du cadavre qui le prouverait, il répondra: je l’ai plongé dans la mer selon le droit islamique! Croyez-vous sérieusement qu’un juge ou qu’un jury (excepté OJ Simpson) pourrait avaler ça ? Il manque à beaucoup de verdicts la preuve ultime, mais s’il n’y a aucun doute fondé, la plupart des coupables sont pourtant condamnés.

Dans l’exemple présenté, l’accusé pouvait encore avancer qu’il aurait fait disparaître le cadavre pour qu’il ne soit pas du tout étonnant que la victime fût morte et qu’il ne soit pas du tout soupçonné. Mais précisément, cet argument ne s’applique pas au cas d’Oussama. Ils veulent justement que tout le monde apprenne qu’il est mort.

En conclusion, il reste seulement deux possibilités (principe 8). Tout l’appareil du gouvernement, des services secrets et des militaires américains est si ballot qu’il a détruit les preuves univoques bien qu’il les ait détenues. Dans ce cas, nous devrions solliciter l’internement de ces personnes dans une institution psychiatrique (avec ça je vais me faire encore des amis !) ou demander leur mise sous tutelle ou tout au moins virer ces saboteurs de leur administration. Cependant, la vraisemblance de leur stupidité tend vers zéro, c’est pourquoi nous pouvons aussi accepter cette impossibilité. La seconde alternative et qui reste au final la seule à expliquer pourquoi le cadavre a été immergé est : [suspense] Ce n’était pas Oussama. Voilà. [ndt. En français dans le texte].

Bon, finalement c’était beaucoup de texte qui pouvait se résumer en quatre mots : aucun cadavre, aucun Oussama. Mais si j’ai travaillé le cas autant en détail, c’est parce que vous comme lecteur, journaliste ou blogueur, dans les cas pour lesquels vous avez moins de renseignements que la police, vous pouvez ainsi vous faire votre idée. Grâce à cette méthode, par exemple, vous pouvez aussi démasquer le cas de Kirsten Heisig comme un tissu de mensonges. Ce serait facile pour la police de présenter les preuves d’un suicide. Mais elle ne le fait pas. Gerhard Wisnewski a déjà assez réfuté la théorie du suicide et par là a appliqué (automatiquement) les principes ci-dessus. Chaque bon journaliste d’investigation passe – à côté de ses propres recherches – plus ou moins par cette méthode, même si jusqu’à présent à ma connaissance elle n’a jamais été aussi systématisée.

Oliver Janich



Note :

(1) Rappelons que le 25 septembre 2009 Mathieu Kassovitz porte plainte contre L’EXPRESS (Renaud Revel qui a comparé Mathieu Kassovitz à Robert Faurisson), le JDD (Lilian Massoulier qui a osé dire que "Mathieu Kassovitz redonnait des couleurs à Goebbels"), puis quelques jours plus tard contre France 5 (Nathalie Lévy, qui a traité Mathieu Kassovitz de "Faurisson du 11/9") et France INFO (Patrice Bertin qui a parlé d’un "point de détail comme dirait l’autre", et de "révisionniste fier de l’être"). Il précise qu’il s’estime insulté et non diffamé, n’ayant rien à prouver face aux comparaisons qui ont été faites à son encontre. Une polémique bien résumée sur Agoravox et Oumma. Presque deux ans plus tard, l’affaire est toujours en attente de jugement !