Pour Hasni Abidi, expert du monde arabe à Genève, Ben Laden a été tué et non arrêté par crainte des révélations qu'il aurait pu faire sur ses relations avec les services secrets américains.
© S Feval | Hasni Abidi, directeur du Centre de recherche sur le monde Méditerranéen à Genève
"La version donnée par le président Barack Obama ne correspond sûrement pas à l'exacte réalité." Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, est ferme. Les circonstances de la mort du chef d'Al-Qaïda comportent des zones d'ombre.
Dix ans après les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis viennent d'annoncer une opération commando au Pakistan. Oussama Ben Laden a été tué à Abbottabad, une ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Islamabad, dans une résidence où il se cachait et déjà évoquée en août. "D'après les USA, les services secrets américains surveillaient cette habitation depuis quelque temps. Mais l'homme le plus recherché du monde n'aurait jamais passé plusieurs nuits au même endroit" s'étonne Hasni Abidi. "De plus, Ben Laden avait demandé à ses proches de le tuer en cas d'attaque et il n'était pas seul au moment de sa mort. Qui l'a vraiment tué?"
Impossible de le vérifier dans la mesure où son corps a été immergé en mer dans un lieu non précisé. Mort hier soir et déjà disparu? Officiellement, aucun pays n'aurait accepté de recevoir la dépouille."C'est surtout un aveu de la part des Etats-Unis, cette précipitaion témoigne d'une ambigüité certaine. Ils ne voulaient pas que le corps soit retrouvé." Au risque de transformer la disparition du terroriste en mythe.
Secrets bien gardés
Avec l'exécution de Ben Laden, c'est aussi un ensemble de révélations qui resteront à jamais sous silence. "Barack Obama a déclaré dans son discours que justice a été faite. Mais le tuer c'est la loi du Talion! Non, on connait les rapports entre Ben Laden et les services secrets américains, le chef d'Al Qaida savait trop de choses, et on a préféré le tuer pour le faire taire plutôt que de l'arrêter et le juger" estime Hasni Abidi.
Anne-Elisabeth Celton