Le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a averti mardi que la mise en cause de son parti par le tribunal chargé de l'enquête sur le meurtre de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri pourrait conduire à une "explosion" dans le pays.
"Nous n'avons rien à dire concernant ce que nous pourrions faire si des membres du Hezbollah étaient accusés", a déclaré cheikh Kassem, dans une interview à la BBC en langue arabe, dont le texte a été diffusé par le service de presse du puissant parti chiite.
"Les options sont nombreuses et cela dépendra des circonstances à ce moment-là", a-t-il ajouté.
Mais "ce que nous savons, c'est qu'une telle mise en cause serait une sonnette d'alarme, qui équivaudrait à déclencher le détonateur, à faire enflammer la mèche et à créer une explosion, ce qui serait dangereux pour le Liban", a prévenu le numéro deux du Hezbollah.
Le 28 octobre, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait appelé les Libanais à boycotter le tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de l'enquête sur l'assassinat, en 2005, de Rafic Hariri, affirmant que toute coopération avec ce tribunal serait "une agression" contre le mouvement chiite.
Il avait précisé que sa déclaration était motivée par un incident survenu la veille dans une clinique gynécologique de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où des enquêteurs du TSL se sont vu empêcher l'accès à des dossiers, après une altercation avec des femmes.
M. Nasrallah a dit considérer toute coopération avec le TSL comme "une attaque contre la résistance" (Hezbollah), car selon lui, "toutes les données collectées par ces enquêteurs parviennent à des services de sécurité étrangers et à Israël".
Un bras de fer oppose le camp de Saad Hariri, Premier ministre et fils de Rafic, qui soutient le tribunal, à celui du Hezbollah, qui accuse le TSL, mis en place par l'ONU, d'être "politisé" et d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages.
Cheikh Kassem a en outre indiqué que le Hezbollah refusait de répondre aux demandes des enquêteurs de l'ONU depuis le mois d'août.
"Depuis le mois du Ramadan, nous refusons de remettre des individus, soit proches du Hezbollah, soit vivant dans nos secteurs, dont les noms figurent sur la liste des personnes que les enquêteurs veulent interroger", a-t-il dit.
"Depuis cette date, il n'y a pas eu de demandes du tribunal et (les enquêteurs) ont commencé à se tourner vers les personnes (concernées), comme cela s'est passé dans la clinique gynécologique", a-t-il précisé.
Lors de leur visite à la clinique, "les enquêteurs ne cherchaient qu'à vérifier certains numéros liés à des proches du Hezbollah mais ne s'intéressaient nullement aux dossiers médicaux", a affirmé mardi à l'AFP Amine Gemayel, chef du parti libanais Kataëb (Phalanges, membre de la coalition de Saad Hariri), en marge d'un symposium international à Tunis.
AFP