Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 29 octobre 2010

Starisé, Julian Assange devient le talon d’Achille de WikiLeaks

.
Il le reconnaît lui-même dans un portrait que lui a consacré le Herald Tribune : Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, vit caché, change constamment de carte bleue, en même temps que de téléphone portable. Il réserve des hôtels sous des noms d’emprunt, et annule des voyages au dernier moment. Tout cela pour échapper à la vigilance des services secrets du monde entier : il se dit recherché par la CIA, qui souhaite récupérer des documents top secret. Une vie à la James Bond, en somme.

Il faut dire que celui qui a créé WikiLeaks, il y a quatre ans, est devenu l’ennemi public numéro un du Pentagone : le site vient de dévoiler une nouvelle batterie de documents classés confidentiels sur la guerre en Irak, alignant des informations brutes, sans se soucier des dégâts collatéraux. Ou encore montrant le côté cru de la guerre, sans les habituels discours de convenance. Et pourtant, ce "briseur de tabou" a décidé d’apparaître de plus en plus au grand jour : il était à Londres le 25 octobre, comme le 9 juillet, pour y tenir des conférences de presse. Assange, âme de WikiLeaks en même temps que son maillon faible ?

Personnalisation risquée

Car, en choisissant de s’exposer toujours plus, Assange lie le sort de WikiLeaks au sien, ce qui fragilise d’autant plus le site controversé... La dernière mode ? Scruter sa vie sentimentale. Pas de chance : deux de ses conquêtes viennent (leur a-t-on suggéré ?) de porter plainte pour viol. Également dans le projecteur : ses ex-collègues de travail. S’il ne s’est brouillé qu’avec une petite minorité d’entre eux, le sujet revient sans cesse sur le tapis. Ainsi cette interview de CNN, où Assange, excédé par des questions qu’il estimait déplacées, a précipitamment quitté le plateau.

Cette personnalisation est d’autant plus risquée que, depuis quatre ans, WikiLeaks fonctionne grâce à l’engagement de centaines de bénévoles.

Guillaume Grallet