Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 20 septembre 2010

Niger : des avions français à la recherche des otages

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Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a affirmé hier que la France ferait tout pour retrouver ses otages. La polémique enfle sur la sécurité défaillante du site où ils ont été enlevés

Des avions militaires français de reconnaissance survolent « depuis quelque temps » plusieurs pays du Sahel. Cette affirmation d'origine malienne assure également que les cinq Français ainsi qu'un Togolais et un Malgache enlevés jeudi au Niger se trouveraient à présent dans une zone montagneuse du nord-est du Mali.

Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, affirmait hier, quant à lui, que « la France fera tout pour retrouver ses otages » et assurait qu'« à ce stade, il n'y avait pas de revendication particulière » même si Paris soupçonne un groupe de la mouvance d'Al-Qaïda au Maghreb islamique d'être lié à ce nouvel enlèvement, près de deux mois après l'annonce de l'exécution par Aqmi de l'otage français Michel Germaneau. Interrogé sur la possibilité que la France engage une « action militaire » pour tenter de libérer les otages, le porte-parole a répliqué : « Je n'en dirai pas plus, vous comprendrez pourquoi à l'heure où je vous parle ».

Le 22 juillet, des militaires français avaient participé à un raid mauritanien contre une base d'Aqmi au Mali, pour tenter de libérer Michel Germaneau dont la mort avait été annoncée trois jours plus tard par Aqmi. Cette fois-ci, Paris assure qu'il n'y avait « pas de forces françaises sur le terrain ». Mais des observateurs font valoir que la France pourrait avoir appuyé l'armée mauritanienne de différentes manières. Ce que nie Luc Chatel en insistant sur le fait qu'il n'y avait pas de liens entre les efforts de la France pour retrouver ses otages et l'opération militaire mauritanienne au Mali contre Aqmi. L'opération aurait fait au moins deux morts, dont la femme d'un terroriste, et quatre blessés graves. Trois véhicules transportant des terroristes ont été détruits. Une bavure mauritanienne était même évoquée hier aussitôt démentie : c'était « la poursuite logique de l'intervention engagée par nos forces armées après avoir repéré une bande de terroristes à bord d'une colonne de véhicules armés qui se déplaçaient vers notre frontière » avec le Mali, justifiait hier un responsable militaire mauritanien. Des zones d'ombre entourent pourtant ces combats entre Aqmi et l'armée mauritanienne qui, pour la deuxième fois depuis juillet, s'est aventurée dans le désert malien pour y affronter les islamistes armés.

Un lieutenant de l'islamiste algérien Abdelamid Abou Zeid, Yahya Abou Hamame, dirigerait les combats, côté Aqmi, contre l'armée mauritanienne. Abou Zeid serait responsable de l'assassinat en mai 2009 de l'otage britannique Edwin Dyer et de la mort de l'otage français Michel Germaneau en juillet 2010.

Des agents de sécurité sans armes

La question de la sécurité des employés d'Areva et de Vinci sur les deux sites d'extraction d'uranium où ont été enlevées les 7 personnes près d'Arlit était clairement posée hier. Un salarié nigérien d'Areva a expliqué que les deux sites étaient très bien gardés par des « militaires », qui « filtrent les entrées et font des rondes la nuit ». En revanche, selon lui, les résidences des expatriés sont surveillées seulement par des « hommes en civil employés par des sociétés de gardiennage privées », qui « ne possèdent ni armes ni gourdins ». Une affirmation confirmée par Areva : « Ces agents (privés) n'étaient pas armés parce qu'ils n'étaient pas autorisés à l'être » par la loi locale. En revanche la porte-parole d'Areva a confirmé que militaires et gendarmes pratiquaient bien rondes et patrouilles. Selon Vinci, ils étaient « entraînés spécialement pour la lutte antiterroriste ». L'ex-ministre nigérien de l'Intérieur Idi Ango Omar pointait hier des « complicités » sur le site qui serait aujourd'hui sous haute sécurité.

Un jeune ingénieur martiniquais de 28 ans, Thierry Dole travaillant pour le compte de Vinci, figure parmi les otages. Alex, le père de cet ingénieur, s'est déclaré « inquiet après l'enlèvement de son fils unique ». Une inquiétude ressentie avant même d'avoir reçu la confirmation des autorités françaises car selon Alex Dole son fils Thierry, lors de leurs derniers échanges téléphoniques, ne se sentait pas en sécurité. Il avait manifesté le désir de rentrer en France et son départ du Niger était une question de jours. « C'est notre fils unique et on s'est sacrifié pour lui payer des études d'ingénieur et qu'il réussisse », a encore dit ce chauffeur de camion remorque. « Et voilà qu'au moment où on pourrait se réjouir de sa réussite, on nous l'enlève ». un couple originaire du Gard ferait également partie des otages.

Le progrès