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La brigade blindée 1:
Etablit la disponibilité de base de son propre EM.
Assure la disponibilité de base des EM et bat/gr subordonnés selon les prescriptions de l’EM eng des FT.
Assure la formation continue des cdt et EM des fo de réserve subordonnées.
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Exigences militaires de base
La brigade blindée 1 doit:
Assurer en tout temps des eng dans le cadre de la sauvegarde des conditions d’existence à l’intérieur du pays.
Maintenir à moyen terme la capacité globale en opérations de sûreté sectorielle.
Assurer la compétence de base pour des opérations de défense contre un adversaire conventionnel, moderne, pendant de longues périodes de paix.
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Les formations blindées suisses ont une longue et riche histoire qui explique l’esprit particulier qui anime les charistes. Soumis à une rude sélection pour avoir le privilège d’entrer dans les premiers chars de combat, les caractéristiques principales des charistes sont d’être des hommes volontaires, motivés, engagés et surtout fiers.
Nous allons relater les moments forts de l’histoire des chars en Suisse.
Le 19e siècle : la cavalerie de combat
Jusqu’en 1848, les cantons suisses sont entièrement souverains. Sur le plan militaire, il y a donc 25 petites armées en Suisse. Lors de la création de l’Etat fédéral, les cantons gardent la main sur l’infanterie (jusqu’en 1874), mais les autorités fédérales prennent immédiatement en charge l’instruction des troupes spéciales. C’est le cas de la cavalerie, les dragons, qui sont en quelque sorte des parents éloignés des charistes actuels.
À la fin du 19e siècle, l’armée suisse comprend environ 3000 dragons formant la cavalerie de combat. Ils sont répartis en quatre brigades. Les dragons sont susceptibles de combattre à cheval et à pied. La qualité essentielle du dragon est de rester en selle le plus longtemps possible sur tous les terrains en ménageant son cheval. Pour améliorer sa puissance de feu lors de combat à pied, une compagnie de mitrailleuses à cheval est attribuée aux brigades de cavalerie en 1898. Les manoeuvres de cette époque donnent aux dragons la réputation de hardis cavaliers. Comme le rapporte un capitaine de cavalerie de l’époque dans le journal L'Illustré de 1972 : «Le plus bel esprit de corps régnait à tous les degrés de la hiérarchie, du plus jeune dragon au colonel le plus chevronné. En manoeuvres, rien ne nous faisait peur et nous attaquions à l’arme blanche, sans hésiter, tout ce qui était à notre portée». En revanche, la cavalerie montre peu d’enthousiasme au combat à pied, forme de combat qui devient pourtant primordiale pendant la Première Guerre mondiale.
Première moitié du 20e siècle : le char fait son entrée dans les planifications
Dès la Première Guerre mondiale, plusieurs armes ou engins prennent une importance grandissante sur les champs de bataille. Le char d’assaut assure la combinaison du feu, du choc et du mouvement, tout en fournissant la protection indispensable à son équipage. La Suisse accuse un certain retard dans l’utilisation des chars. La cavalerie continue d’exister
parallèlement au développement des blindés. Les cavaliers mettent pied à terre avant d’aller au combat. Mais, peu à peu, le cheval perd de l'importance face au char. En 1921, la Suisse acquiert deux chars Renault FT 17, développés par la France à la fin de la Première Guerre mondiale. Ces chars ne sont pas incorporés étant donné le caractère défensif de l'armée suisse. Ils ont pour but d’informer la troupe de l’existence de ce nouveau type d’engins que les soldats doivent désormais s’attendre à croiser sur les champs de bataille.
Après de brefs essais en 1931, la Suisse, encore timide, acquiert six véhicules blindés britannique Vickers Carden-Loyd en 1934. D’après la planification de 1936, les chars devaient être affectés aux groupes d’exploration. L'armée suisse n’a toutefois jamais dépassé le stade de la planification avec ces Vickers.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la pénurie de foin et d’avoine sévit et la mobilisation des dragons et de leurs chevaux pénalise une agriculture chargée de produire le plus possible. A la fin du service actif, le chef de l’état-major général, Jakob Huber propose la suppression de la cavalerie, solution militairement justifiable, mais politiquement et économiquement difficile. 158000 citoyens signent en 1947 une pétition en faveur de son maintien.
En 1939, la Suisse se décide pour l’achat de 24 véhicules blindés tchécoslovaques de type Praga dans une variante spéciale (notamment dotée d’une tourelle pour deux hommes au lieu de trois), destinés à former six détachements subordonnés aux groupes d’exploration des divisions. Un cours de reconversion de six semaines est alors organisé à destination des volontaires souhaitant servir dans les chars. Le grand succès que suscite cette arme moderne permet à l’armée de sélectionner uniquement les meilleurs militaires. C’est à ce moment qu’émerge la fierté du chariste qui se manifeste par son engagement particulier.
En 1940, les six détachements sont réorganisés en trois compagnies de chars incorporées aux brigades légères. Ne disposant pas de chars en nombre suffisant pour se battre sur le Plateau en cas de guerre-éclair, le général Guisan, en juin 1940, constitue le réduit national dans le secteur alpin, confiant aux troupes légères la tâche de retarder l’ennemi sur le Plateau. Les chars légers Praga sont l’unique force blindée dont dispose la Suisse pendant la guerre. Leur mission est de patrouiller le long de la frontière nord du pays. Pour éviter toute confusion avec les chars allemands du même type, les Praga suisses sont caractérisés par le sigle CH peint en jaune sur les flancs de la tourelle et sur l’avant de la caisse. A l’issue de la guerre, les brigades légères ne comprennent plus que des dragons motorisés, les futurs grenadiers de chars.
Après la Seconde Guerre mondiale, la question d’une arme antichar se pose pour assurer la défense du pays. Entre 1946 et 1947, pas moins de 158 exemplaires du chasseur de char G 13 tchécoslovaques sont achetés et incorporés dans les brigades légères.
Les années 1950 : la fin des chars ?
En Occident, dans l’immédiat après-guerre, la confiance mystique dans les armes nucléaires stratégiques provoque un démantèlement inconsidéré des divisions blindées. L'importance accordée aux chars décroît jusqu'à l'époque de la guerre de Corée qui marque le début d’une nouvelle «course aux blindés» entre l'Est et l'Ouest. Avec la miniaturisation de la bombe apparaît l'arme nucléaire tactique. Celle-ci n'a qu'une faible puissance ; son action reste localisée, mais la précision de son tir permet d’atteindre des concentrations de troupes ennemies. L’apparition de l’atome sur le champ de batail revalorise toutes les catégories de chars.
Au début des années 1950, le débat porte sur l’acquisition de chars de combat. Avec une enveloppe de 400 millions de francs à disposition, l'armée suisse s’approche des Etats-Unis pour l’acquisition du M 47. Engagés en Corée, les Américains ne peuvent cependant pas satisfaire la commande dans un bref délai. Le problème est identique avec les Centurions britanniques, c’est pourquoi la Suisse acquiert en 1951, dans l'urgence et de manière transitoire, quelques 200 exemplaires du char léger AMX 13 français. Ce blindé est conçu à la fois comme un chasseur de chars et comme un engin de reconnaissance. A nouveau, la formation sur le nouveau char fait appel aux volontaires soumis à une sélection, renforçant encore l’esprit de corps des charistes suisses. Ils se distinguent du reste des troupes par leur uniforme particulier ainsi que par le port du revolver puis du pistolet à la place du mousqueton.
Suite aux déboires d’approvisionnement en matériel blindé, la Suisse se met à réfléchir à la possibilité de développer son propre modèle de char. Dans l’immédiat toutefois, pour satisfaire ses besoins de chars de combat, l'armée suisse se tourne vers la Grande-Bretagne désormais en mesure de lui en fournir. Cent Centurions MK III, construits par l’entreprise Vickers-Armstrong, sont acquis en 1955 et une même quantité du modèle MK VII est achetée en 1957. Trois ans plus tard, alors que le projet de char suisse prend du retard, l’armée acquiert encore cent chars Centurions de type MK V construits en 1953. Ce sont des chars d’occasion en provenance d’Afrique du Sud mais qui n’ont jamais été engagés. En tant que chars de combat, les Centurions helvétiques sont destinés à être engagés sur le Plateau en cas de violation de la neutralité par les armées du bloc soviétique. Les Centurions constituent l’épine dorsale des formations de blindés suisses jusqu’au début des années 1990.
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1960 : l’auto-approvisionnement en matière de chars
Avec l’armée 61, les chars de combat Centurions assument un rôle stratégique important. Le nombre de chars autorise des actions offensives sur le Plateau, menées par les régiments ou les bataillons de Centurions des trois divisions mécanisées, grandes unités interarmes.
Parallèlement, l’acquisition de M-113 américains est destinée dès 1965 aux grenadiers, lance-mines de chars, sapeurs, transmetteurs et états-majors des troupes mécanisées. En 1961 apparaît le premier char fabriqué entièrement en Suisse par les ateliers fédéraux de Thoune (à l’exception du moteurallemand et d’une installation française au niveau de la tourelle). L’armée acquiert 150 pièces de cette première série du char 61, puis, 390 autres chars 68 dans différentes versions (notamment avec l’introduction des chenilles avec coussinets) entre 1968 et 1978, dont 170 ont été dotés d’une tourelle agrandie. Les ateliers de Thoune produisirent les Chars suisses 61 et 68 pour remplacer les Centurions. En 1967, l’armée suisse compte 24 bataillons de chars (contre 220 bataillons d’infanterie). Les divisions mécanisées reçoivent encore l’obusier blindé M-109.
Les années 1970 et 1980 : mobilité et sécurité
A l’aube des années 1970, la question de la suppression des dragons revient sans cesse sur le tapis. Les escadrons diminuent de telle façon (30 en 1938, 24 en 1951, 18 en 1961, 12 en 1972) que la décision est finalement prise par les Chambres fédérales de supprimer définitivement la cavalerie. La Suisse était le dernier pays d’Europe à entretenir des formations de combat à cheval.Les 3500 dragons de l’armée suisse sont alors mis au service des blindés. La conversion des 12 escadrons en compagnies de grenadiers de chars s’effectue en 1973, mais l’esprit de corps caractéristique de la cavalerie accompagne les dragons mutés dans les tanks.
Après la mise en service des chars 61 et 68, le développement de systèmes d’armement de plus en plus complexes s’avère dépasser les possibilités de l’industrie militaire helvétique. Cette réalité s’était d’ailleurs déjà imposée dans les années 1950 pour l'aviation. Les tanks 61 et 68, réalisés par les ateliers de construction de Thoune, sont dotés de tourelles trop petites. Le modèle 68 présente quant à lui de nombreux défauts qu'il semble difficile de corriger. Dans les années 1970, on cherche à doter le char de combat d’une plus grande mobilité. Les constructeurs veillent à protéger ses organes essentiels par un compartimentage intérieur, l’abaissement de sa silhouette et le blindage multiple efficace contre les armes nucléaires tactiques. Le développement d’un nouveau char de combat de fabrication suisse, lancé en 1975, est abandonné en 1979.
L'armée suisse retire progressivement ses Centurions du service. Le choix du successeur porte sur le char lourd (57 tonnes) allemand Léopard 2 doté d’une technologie hyper-moderne. L’achat du Léopard allemand permet d’économiser environ 25% des frais. L’industrie suisse doit se contenter de la production de certaines pièces et du montage final. Entre 1987 et 1993, 380 Léopard 2 sont construits sous licence, dont 224 sont aujourd'hui encore incorporés.
Les années 1990 et 2000 : l’ère de l’électronique
Au début des années 1990, la Suisse compte quelque 900 chars de combat, 1500 chars de grenadiers et 500 obusiers blindés. Armée 95 aligne cinq brigades blindées. Armée XXI deux (les bridages 1 et 11, environ 10000 hommes chacune). En 2007, l’armée dispose de quelques 230 Léopards 2, 180 chars de grenadiers CV 9030 (suédois), 220 obusiers (les M-113 ont été retirés). L’infanterie, jusqu'alors non motorisée, dispose depuis 1993 de 250 chars de grenadiers à roues (Piranha), qui assurent une protection, permettent des déplacements rapides et, dans une certaine mesure, le combat depuis le véhicule.
D’une manière générale, les matériels sont utilisés le plus longtemps possible. La nécessité toutefois de s’équiper d’un armement moderne et les restructurations récentes ont amené à la casse une partie des chars, la vente à d’autres pays n’étant souvent pas possible pour des motifs politiques.
Toutefois, le développement des armées de ces dernières années révèle que le char n’est pas mis à la retraite. Bien au contraire, de nouvelles générations de chars, capables de porter un armement lourd, voient le jour. Doté d’une vitesse et d’une autonomie améliorée, pourvu d’un dispositif automatique de chargement et truffé d’électronique permettant de répondre à de nouvelles situations de combat (notamment le tir sans visibilité grâce à la thermographie), le char suscite, malgré l’augmentation constante de son coût et sa vulnérabilité dans les zones urbaines, de nouveaux intérêts dans les stratégies d’armement.

